Bon, la découverte de Macross est (à peu près) achevée. Après un an ou deux à avoir pu regarder de manière certes disparate les animés, je ne suis pas mécontent. J'ai beaucoup apprécié, moins aimé, détesté, m'être ennuyé, etc. C'est aussi une grosse étape vu qu'il s'agit d'un des grands univers d'animés à robot géant.
Mais trêve de blabla et repassons tout en revue.
Super Dimensional Fortress Macross (1982).
La rencontre aurait très pu s'arrêter au bout de quelques épisodes honnêtement. Première image : c'est moche. Bordel, on est en 1982 et il y a déjà Cobra, Harlock SSX, je ne sais pas où en était Gundam mais je pense qu'il y a eu de l'amélioration, etc. Ce qui m'a permis de tenir ? Les personnages. J'arrive à supporter Hikaru Ichigo et Lynn Minmay. Les deux personnages arrivent à leur parcours à un concours de circonstances. En fait, c'est drôle mais toute l'intrigue se déroule avec du hasard, notamment le premier épisode avec un gros vaisseau qui tire sur les vaisseaux alien et où on pourrait rajouter une scène avec un pilote en mode "oups, pas fait exprès".
Autre réflexe : "ben, elles sont où les chansons ?". Il faut attendre dix épisodes pour que cet aspect se mette en place, et encore, timidement. Fort heureusement, j'ai l'occasion d'apprécier quelques personnages. Outre les deux déjà évoqués, il faut signaler Misa Hayasé qui doit être à mon avis le meilleur personnage de la série, Britaï, un ennemi droit dans ses bottes et Roy Focker, qui va beaucoup contribuer à l'équilibre de l'intrigue. Parce que bon sang, quel scénar! C'est bien en place, y a rien qui dépasse sauf peut-être à la fin, les personnages finissent par avoir quelque chose à dire. L'enjeu entre les humains et les zentradi et les interprétations qu'ils donnent de leur origine est ultra-intéressante.
Par contre, juste un truc : qu'est ce qui lui a pris d'inventer Kaifun ? Sérieux, je ne comprend pas ce personnage. Il est con comme une huître, a un caractère de merde, n'est presque jamais en place. J'ai envie de l'étrangler, l'égorger, lui écraser les tibias avant de le jeter dans une fosse aux piranhas à qui on aurait injecté du Venin (le truc que prend Bane) et de hacher les restes en petits morceaux pour servir à Hannibal et... Ouf, ouf. Excusez moi.
HUM.
Ah, et l'épisode 23 est d'une laideur confondante. Bon sang, animation, dessin, etc. Une catastrophe. Et pour une intrigue rushée à mort même si ça s'améliorera.
Pour la suite, excellent malgré quelques déceptions (notamment l'épisode du cauchemar, un vulgaire recap). Les derniers épisodes étaient à la fois nécessaires et un peu trop longs. Je reconnais effectivement que terminer sur une victoire aurait été trop facile. Mais je pense qu'un ou deux épisodes auraient pu sauter. Cela permet au moins à Kaifun d'être un (tout petit) peu plus sympathique. Et bien sûr, Hayasé, Ichigo, Max et Minamy seront les vainqueurs. Et encore, je n'étais pas prêt à ce qui allait suivre deux ans plus tard...
SDF Macross : Do You Remember Love? (1984).
OH.
PU-TAIN.
La méga-grosse claque dans ma tronche. Deux heures absolument magistrales qui devront hélas disqualifier toutes les autres exploitations de l'univers Macross et ce jusqu'à aujourd'hui. Voilà ce que j'attends d'un film d'animation japonaise basée sur une licence TV ou autre : une compacité extrême, un réalisateur qui se lance dans le projet pour faire date dans l'histoire, une direction artistique totalement hors de portée pour la concurrence, un concept de base défiguré au lance flammes. Shôji Kawamori passe sans transition d'une série réduite et pas terrible sur la forme à un film presque sans aucun défaut et amené à faire date.
La première séquence annonce la couleur : univers plus sombre, brut, travaillé. On voit Britaï et Exedore analyser les objets terriens. Ils ont leur propre langage et leur design n'a plus rien à voir avec celui de la série. On regrettera un peu l'effacement de Quanzim mais c'est un point de détail. Et ça se déroule : grand vaisseau super détaillé, sa ville intérieure est dessinée et animée sous toutes coutures. Le cadre et les valeurs de plan en font un espace à la fois infini et restreint. Quelle extase lorsque le vaisseau se transforme et que l'alerte retentit. De même que la scène où Hikaru emmène Minmay dans l'espace. De même, Kaifun est pour notre plus grande joie reléguée au second plan au profit de Focker.
Ce sera encore plus génial lors des scènes sur Terre. Merde quoi, je n'ai toujours pas regardé les films Harlock SSX ni Cobra, mais ces scènes... CE DÉCOR !!!!!!! Et c'est sorti un an avant
L’œuf de L'Ange et en même temps que
Nausicaa. Les paysages dévastés, l'intérieur de la salle du trône de Boddle Zer, la reine des Meltradi... Ah mais... mais... Et surtout, c'est Misa Hayasé plus belle que jamais, débarrassé de sa première coiffure affreuse.
Le point culminant est lorsque Misa et Hikaru trouvent la cité datant de Protoculture. Un immense ruine très imposante dans un monde chaotique avec ce travail visuel dingue sur le ciel. Arrive le moment où les deux naufragés sont sur le point de ne pas repartir. Comme attendus par la Cité, elle et lui s'installent dans une maison abandonnée, comme pour être les nouveaux habitants de cette Atlantide alien.
Revenons sur les Zentradi aussi. La rencontre entre Max et Milia est d'autant plus superbe : coup de foudre alors que la géante pourrait le regarder comme un insecte. Enluminée, elle s'ouvre tout d'un coup à un pilote émérite. De même, la lutte entre les Zentradi et les Meltradi est unique, annonçant certaines séries futures comme Vandread par exemple.
Et que dire de la bataille finale au son d'une chanson de Minmay, une des seules qui m'ait accrochée en entier ? Rien. Je vous laisse admirer :
L'affaire Harmony Gold est d'autant plus inadmissible qu'une sortie au Grand Rex aurait été des plus appréciables. Mais le temps viendra. Après, certes, Akira est passé depuis et a foutu une bombe atomique dans le milieu des mangas et dessins animés. Le reste de la production de Shoji Kawamori sera constitué de haut et de bas. Mais malgré leurs qualités et à cause de leurs défauts, ils n'arriveront jamais à se hisser au bloc originel. Trop compact, trop abouti. Pour ma part, ce film a pulvérisé mon compteur animation et je le verrai un jour sur grand écran.
Ah mais putain...
Macross Flashback 2012 (1987).
Une demi-heure pour prolonger les deux heures étourdissantes qui précèdent semble ne pas être une mauvaise idée. Dommage que le court-métrage comporte assez peu de design inédit et que Hikaru en pâtisse un peu. Sympa, sans plus donc.
Macross Plus (1994).
Des OAVs maintenant. Bon, là, c'est clair, on peut dire que Akira et L'Oeuf de l'Ange sont passés depuis. Je soupçonne même Kawamori d'avoir rencontré les créateurs de la série Evangelion et discuté avec Oshii alors en plein travail préparatoire sur Ghost in the Shell. Quant à l'aspect mature soit-disant mis en avant, cela m'a un peu agacé.
Bon, l'intro de l'OAV est certes superbe : deux mecs volent, un chant, point barre. Et quel chant.
Problème : pourquoi ce titre ? Quel rapport avec le Macross ? Celui ci n'apparaissant qu'à la fin et juste en guise de décorum. Pourquoi Plus ?
Le reste sera une suite d'idées plombantes comme il en il devait en avoir pas mal à l'époque. A part encore une fois une direction artistique aux oignions (une constante dans toutes les œuvres estampillées Macross), Sharon Apple et la première apparition de l'image du savant fou. Parce que bon, adulte = personnage broyant du noir *symbolique religieuse (la chanson plus haut, la manière de piloter le Ghost) /plan large à foison (sublimes plans de Sharon Apple), ça commence à bien faire. Le film est complètement inutile à part la fin.
Macross 7 (1995).
Forcément quand on fait quelque chose d'assez sombre dans un univers, on va être tenté de faire l'opposé absolu. Et bon sang que c'est le cas. Série TV de 49 épisodes, un groupe pétardant, chansons omniprésentes, etc.
Avec une des pires têtes à claque de toute l'histoire de la japanimation. Je pèse chacune des lettres au gramme près. Je n'ai même pas de mots pour décrire cet espèce de Syd Barrett en néon et binocles jopliniennes. Tiens, je viens de le faire.
Sur le fond, on creuse un peu la protoculture. Max, Exodore et Milia reviennent très en forme et les Protodevilns s'en tirent pas trop mal. Pour le reste, on étire le truc, on accumule les fautes de gout et je ne parle même pas du fil rouge avec des bouquets de fleur.
Tout ça pour dire que les années 90 pour Macross ce n'est vraiment pas ça.
Macross Zero (2002).
Un retour aux affaires pour Shoji Kawamori qui parvient à rééquilibrer les choses. Conçue comme un préquel (on découvre les débuts de Roy Focker), cette série d'OAVs va permettre de creuser sensiblement les origines de l'univers Macross.
Un nouveau triangle de personnages : Mao, Sara et Leon vont se tailler la part du lion avec une bonne intrigue. Juste une réserve, le style un peu bizarre ou certains personnages sont... comment dire... je ne vois pas trop comment l'expliquer mais en tout cas, des fois, ça tique. Kawamori va alors installer une figure récurrente : un scientifique timbré qui va jouer à Frankenstein et foutre la merde. Le dernier OAV est dantesque et on nous délivre la dernière chanson correcte : Ankra.
Macross Frontier et Macross Delta (2007-2016) :
C'est la dégringolade. Si Kawamori a affirmé que Misa, Hikaru et Minamy ne seraient pas réutilisés, il ne se gène pas pour faire des clones. Soyons clairs : Alto et Hayaté ne parviennent pas à faire oublier Hikaru. Ranka, Sheryl et Freyja y parviennent un peu pour Minmay, idem pour Mirage par rapport à Misa. Catherine est complètement sur la touche. Des capitaines de vaisseaux, disons qu'Ernesto marque le fait que ce soit visiblement un Zentradi comme capitaine. Jeffrey rappelle un peu Global, sans plus... A retenir Ozma pour Frontier et Borger dans Delta.
Côté histoire, on nous ressert Zero avec une couche de SDFM par dessus. Aussi bien le côté maxi-bestof de Frontier que les Walkures sont de bonnes idées desservies par la direction artistiques qui, si elle reste de bonne facture (Windermer parvient à convaincre), est plombée par l'esthétique autour des chanteuses, juste innommable. Les chansons nous n'en parlerons pas, par politesse.
D'autant plus dommage car sur le fond, certaines idées pourraient être réutilisées : le fait que la Protocuture se soit perduré quelque part, les intrigues autour de l'armée toujours aussi aux fraises (une constante, là aussi). A retenir le personnage mystère de Lady M et un twist en fin de série pour Macross Delta, qui a l'avantage comme les autres qui suivront Plus, de justifier son titre. On retiendra aussi Kaname et s'amusera de Bogue, dont la seule différence avec Quanzim est... physique.
Sinon, je n'ai pas regardé Macross II, un film Macross 7, Macross Frontier le premier film et Macross Delta, le film. Ce sera peut-être ou peut-être pas ?
Quel avenir ? Pas mal de questions en suspens : qui est Lady M ? L'Armée de Supervision s'en est-elle mêlée ? Reverra-t-on Megaroad-01 ? Que cachent ces mystérieux sous-espaces ? Existe-t-il d'autres planètes abritant des reste de la Protoculture voir LA Protoculture elle-même ? L'armée va-t-elle enfin cesser de se couvrir de ridicule ? Peut-on espérer écouter autre chose que de la j-pop sans saveur ?
En tout cas, voir un univers évitant habilement le piège de la comédie musicale et proposer toujours au moins un très bon personnage par série m'a fait un grand bien.
Fin de transmission.