Bon histoire de changer un peu, je vais parler UE, et plus exactement de ceci.
Alors Bloodline de Claudia Gray n'est pas le premier bouquin du nouvel UE qui se passe après ROTJ, mais par contre c'est le premier qui se passe peu de temps avant l'Episode VII, exactement 6 ans avant le Réveil de La Force et on ne le présente comme un bouquin essentiel vis à vis de la galaxie, etc...
De mon côté, je dois dire ça fait un paquet de temps que je n'avais pas lu d'UE - le Legends j'avais lâché le post-OT après le médiocre Dark Nest, et je n'avais rien lu de nouveau depuis Darth Plagueis en 2012. Néanmoins l'Episode VII a relancé peu à peu mon intérêt pour ce nouvel UE - surtout pour les comics actuellement et je n'avais pas encore passé le cap des nouveaux bouquins (si l'on excepte la novélisation de l'Episode VII que je préfère personnellement oublier). Néanmoins Bloodline m'a rapidement intrigué par son contexte proche de l’Episode VII (l’ère ROTJ => TFA restant encore peu détaillée) et surtout les premières infos concrètes des dernières semaines.
Et je dois que là j’ai retrouvé l’UE comme je l’aimais à l’époque : dans son rôle pleinement assumé de complément aux films, développant des éléments déjà évoqués tout en introduisant de nouveaux, d’autant que tout reste encore à faire pour cette période. Et je retrouve d’ailleurs les mêmes sensations qu’il y a 16 alors que l’UE Prélogique était encore neuf et qu’on dégustait chaque petite info supplémentaire liées aux films. Et en ça ce bouquin m’a immédiatement fait pensé à un livre très précis de l’UE Legends : l’excellent Vent de Trahison de James Luceno qui servait de préquelle directe à l’Episode I, nous contant tous les évènements politiques et les manipulations menant à la situation du film. Bloodline diffère sur le fait qu’il n’est pas une préquelle directe – se déroulant 6 ans avant l’Episode VII… mais tout se mets en place pour y mener, et surtout avec brio et comme son ancêtre spirituel, on est littéralement au cœur de l’aspect politique de Star Wars et toutes les manigances que cela impose.
Ce qui intéressant au niveau de ce livre… c’est à quel point il réussi à ne PAS être comme ce qu’on a déjà lu avant. Malgré les dizaines de romans post-ROTJ que j’ai lu dans ma jeunesse, j’ai eu ce sentiment de me retrouver dans quelque chose de vraiment neuf dans la vision de la galaxie, contrastant avec ce qu’on avait déjà eu, ce qui n’est pas pour déplaire. J’aime que la galaxie ait connue une réelle période de paix après Jakku notamment et j’aime l’espèce de bi-partisme, qu’on pourrait trouver simplisme mais qui est pourtant au final tellement réaliste, de la politique galactique et des blocage au sénat avec tout ça. La façon dont Claudia Gray construit son intrigue en distillant les informations et les mystères au fur et à mesure impose le respect, tout est construit avec brio et fonctionne, même le plus improbable. J’avais je dois le dire quelques doutes quant au fameux twist de cette histoire.
Un enregistrement de Bail Organa révélant l’identité de Dark Vador à sa fille
Tant la simple existence de cet objet me paraissait incongrue. Et pourtant tout est construit de façon à rendre tout ça crédible, menant à une réelle baffe dans la tronche au moment où la vérité éclate au grand jour. Là encore ça contraste merveilleusement avec l’ancien UE, et si l’espace d’un instant on se demande s’il n’est pas exagéré
de voir Leia ainsi relayé au ban du sénat, ignorée, voire détestée par ses proches simplement parce qu’on apprend que Dark Vador était son père
là encore on réalise bien vite à quel point ces extrêmes sont tellement et si tristement réalistes.
Mais tout cela serait rien sans une bonne construction des personnages, et il faut le reconnaître : sur ce plan le livre excelle. La caractérisation de Leïa est absolument parfaite de bout en bout, on se sent vraiment au cœur de ce que vit Leia, et on ressent son outrage, tout comme sa douleur. En plus on nous ajoute quelques aussi informations de background plutôt bien pensées
Je trouve ça intéressant que l’auteur (ou le story group) ait décidé de faire un élément connu de tous dès le départ que Leia ait été un enfant adopté, une « orpheline de guerre » receuillie par les Organa. Ca brosse une thématique intéressante déjà, et en plus ça rend le dialogue Luke/Leia de ROTJ logique du coup.
Autre point de détail aussi – je regretterai toujours que Leïa ne soit pas une Jedi, mais la façon dont elle élude la question quand on lui demande pourquoi elle n’est pas devenue Jedi et répond de manière volontairement pratique qu’elle se devait de faire son devoir… donne l’impression qu’il y a autre chose la derrière. A voir si cela mènera à quelque chose
D’ailleurs j’aime aussi que contrairement à l’Episode VII on retrouve Han et Leïa dans des situations qui n’ont rien à voir avec qui ils étaient dans l’Episode IV et donc ce sentiment de « sur place ». Je trouve que le rôle donné à Han dans sa vie absolument bien trouvé.
Il dirigea des courses de vitesse à travers la galaxie
Mais la réussite est évidemment le Sénateur Casterfo, l’autre personnage majeur du bouquin, membre du bord politique adverse, et le développement de sa relation avec Leia qui là encore prend aux tripes dans les meilleurs comme dans les pires moments
Le personnage en soi est très intéressant. J’aime beaucoup le concept de cette fascination malsaine envers l’Empire dont il admire le concept tout en abhorrant sa direction, là encore très réaliste dans son traitement et très symbolique vis-à-vis du rapport que peuvent avoir les jeunes générations face à l’Histoire. Sa trahison envers Leia énerve autant qu’elle touche, tant son point de vue est compréhensible, et il reste dans le bouquin cet espoir sous-jacent de voir une réconciliation, et sa fin destinée tragique fait mal au cœur.
Accessoirement Hidalgo nous a dit qu’un perso similaire existait dans l’Episode VII à l’origine – a se demander si ce film n’aurait pas du avoir un rôle plus grand pour la politique à la base !
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Enfin difficile de ne pas mentionner Greet et Joph, que j’espère avoir le plaisir de revoir dans d’autres bouquins de ce nouvel UE, mais aussi la petite Korrie… après ce bouquin la destruction de Hosnian Prime dans L’Episode VII va faire encore plus mal !
Dans tous les cas on sent du début à la fin qu’on est dans une pierre majeure de ce nouveau canon, on est pas encore à la situation de l’Episode VII, mais quand on entends la première fois les mots
on en aurait presque des frissons. La dernière ligne du bouquin est un peu facile
Parce que bon Leia qui annonce la Résistance ? de qui ? de quoi ? contre qui ? Le nom parait un peu prématuré
mais fait son effet. Bien entendu il reste encore beaucoup de zones d’ombres laissé volontairement de côté comme Snoke, mais même le peu de contenu en rapport change radicalement la perception que pouvait donner l’Episode VII. Savoir que
la trahison de Ben n’est intervenu au mieux que 5 ans avant le film, change considérablement les choses vis-à-vis de tout
et je ne doute pas que ce sont des aspects qui seront développés dans des œuvres futures, mais je me demande aussi si cela n’est pas un point voulu par Rian Johnson : de ne pas partir sur les bases évidentes de TFA et vu son rôle sur pour établir le contexte politique de ce bouquin, je me demande si cet aspect ne sera mis en avant dans l’Episode VIII.
Dans tous les cas, je découvre le travail de Claudia Gray sur cette œuvre et elle est pour moi à placer d’emblée parmi les meilleurs auteurs qui ont œuvré sur Star Wars. Donc j’espère la revoir très vite… et d’ailleurs au-delà d’une suite possible à Bloodline (y a encore quelques années à combler), je la verrai personnellement bien sur un bouquin post Episode VII qui gérerait les ramifications politiques de la destruction de Hosnian Prime…
Bref, mangez-en c’est du bon !
-Sergorn