Ça faisait quelque temps que j'avais envie d'écrire une sorte de bible/hypermythe pour Saint Seiya, retraçant les origines de l'humanité façon Saint Seiya.
Je me baserai principalement sur la mythologie de l'anime (série de 86 + oav Hadès + Tenkai + Omega).
Ça sera sous forme d'un compte-rendu narré par le dieu Prométhée (différent ou pas de l'Episode G, je ne sais pas encore).
ATTESTATION
Paroles d'Hermeneus, fils de la cité d'Iridu, serviteur du grand dieu le seigneur Prométhée.
Le septième jour du second mois de la septième année qui suivit la Guerre Divine, je fus convoqué par mon maître le seigneur Prométhée, grand dieu, créateur bienveillant de l'Humanité, omnipotent et magnanime.
Je fais partie des survivants d'Iridu, de ceux qui avaient fui dans les steppes arides alors que le Cosmos de Ténèbres approchait du sanctuaire. Je m'étais éloigné dans le désert à la recherche de brindilles sèches pour le feu. En relevant la tête, je sentis un cosmos venant du sud. Son porteur dégageait un éclat rougeâtre et se déplaçait sans bruit. Lorsqu'il atteignit le sol, l'éclat du nouvel arrivant disparut. Je me jetai au sol et me prosternai, sachant qu'il s'agissait d'une divinité.
Lorsque je relevai le regard, l'émissaire divin se tenait devant moi. Il avait un visage humain et ses vêtements étincelaient comme du cuivre bruni. Il prononça mon nom et s'adressa à moi en ces mots : « Le seigneur Prométhée te convoque. Ne crains rien, c'est un honneur. Je suis venu te chercher pour te conduire à sa retraite sur l'île de Tylos. »
Alors qu'il parlait, son aura s'enflamma et je fus soulevé du sol et transporté entre la Terre et les cieux. Nous volions aussi vite qu'un aigle.
Je pouvais voir le sol, l'eau, les plaines et les montagnes.
Il me posa à terre sur l'île, à l'entrée de la demeure du grand dieu. À l'instant où il parti, je fus enveloppé par un éclat éblouissant comme je n'en avais jamais vu. Je m'effondrai au sol comme si la vie m'avait quitté.
À l'appel de mon nom, je retrouvai mes sens. J'avais l'impression de me réveiller du plus profond des sommeils. Je me trouvais dans une sorte d'enceinte. Il faisait sombre, mais je pouvais également distinguer un cosmos. Mon nom fut appelé à nouveau, par la plus grave des voix. Bien que je puisse l'entendre, je ne parvenais ni à déterminer d'où elle venait, ni à voir celui à qui elle appartenait.
_ Je suis ici, dis-je.
La voix me répondit :
_ Hermeneus, fils d'Odysseus, je t'ai choisi pour scribe, pour que tu reportes mes mots sur les tablettes.
D'un seul coup, un éclat apparut dans une partie de l'enceinte et je distinguai un coin organisé comme l'atelier d'un scribe : table, tabouret, et pierres taillées de qualité sur la table. Mais je ne voyais ni tablettes d'argile ni quoi que ce soit qui contienne de l'argile humide. Sur la table était posé un stylet, que cet éclat faisait luire comme un stylet de roseau n'a jamais lui.
La voix reprit, disant :
_ Hermeneus, fils de la cité d'Iridu, mon fidèle serviteur. Je suis Prométhée, ton seigneur. Je t'ai convoqué pour écrire mes paroles. Le sort que l'Humanité a connu lors de la Guerre Divine me bouleverse profondément. Écrire ce qui s'est vraiment passé pour que les dieux comme les hommes sachent que mes mains ne sont pas entachées, tel est mon vœu. La Terre, les dieux et les Terriens n'avaient pas connu de telle catastrophe depuis le Grand Déluge. Le Grand Déluge était écrit, la Guerre Divine ne l'était pas. Rien de tel ne devait se produire il y a sept ans. Nous aurions pu l'éviter. Moi-même, Prométhée, ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour l'empêcher. Hélas, j'ai échoué. Était-ce le sort ou le destin ? L'avenir le dira, puisqu'à la fin des jours viendra le jour de la Dernière Guerre. Ce jour-là, la terre tremblera et les rivières dévieront leur cours. Il fera nuit à midi et le ciel nocturne sera en feu, ce sera le jour du retour du dieu primordial Abzû. Qui survivra et qui périra, qui sera récompensé et qui sera puni, hommes et dieux le découvriront ensemble ce jour-là. Les évènements du futur sont déterminés par ceux du passé, le destin suit un cycle qui se répète. C'est le sort, les choix que nous avons faits dans notre cœur pour le meilleur ou pour le pire qui seront jugés.
La voix se tut. Puis le grand dieu se remit à parler, disant :
_ C'est parce que le futur se cache dans le passé que je vais te raconter ce qui s'est vraiment passé au Commencement, dans les Temps Premiers et dans les Temps Anciens. Pendant quarante jours et quarante nuits, je parlerai et tu écriras. Ta mission durera quarante jours et quarante nuits, parce que quarante est mon nombre sacré parmi les dieux. Pendant quarante jours et quarante nuits, tu ne devras ni boire ni manger. Tu ne dois absorber que cette portion de pain et d'eau, qui te donnera assez de forces pour la durée de ta mission.
La voix marqua une pause, et d'un seul coup, un éclat apparut dans une autre partie de l'enceinte. Je vis une table, sur laquelle étaient posées une assiette et une tasse. Je m'en approchai. L'assiette contenait du pain et la tasse de l'eau.
La voix du grand seigneur Prométhée s'éleva de nouveau :
_ Hermeneus, mange ce pain et bois cette eau. Tu n'auras besoin de rien d'autre pendant quarante jours et quarante nuits.
Je m'exécutai. Ensuite, la voix me demanda de m'asseoir à la table scribale, dont l'éclat s'intensifia. Je ne pouvais voir ni porte ni ouverture là où je me trouvais, et pourtant l'éclat était aussi fort que le Soleil de midi.
Et la voix dit :
_ Scribe Hermeneus, que vois-tu ?
Je regardai le rayon qui éclairait la table, les pierres et le stylet.
_ Je vois des tablettes de pierre d'un bleu aussi pur que celui du ciel. Je vois aussi un stylet comme je n'en ai jamais vu. Sa tige ne ressemble à aucun roseau et son extrémité a la forme d'une serre d'aigle, répondis-je.
Et la voix dit :
_ Ce sont les tablettes sur lesquelles tu écriras mes mots. Elles furent taillées sur mes ordres dans le lapis-lazuli le plus pur, leurs deux faces sont polies. Le stylet que tu vois est l’œuvre d'un dieu, son corps est fait d'électrum et son extrémité, de cristal divin. Il s'adaptera à ta main et te permettra de graver la pierre comme s'il s'agissait d'argile fraîche. Sur deux colonnes, tu écriras au recto. Sur deux colonnes, tu écriras au verso. Ne t'écarte pas de mes mots et de ma parole !
Il y eut une pause, et je touchai l'une des pierres. Sa surface était douce comme une peau. Je saisis le stylet sacré. Il était aussi léger qu'une plume.
Alors le grand dieu Prométhée se mit à parler et je commençai à écrire ses mots, exactement comme il les avait prononcés. Parfois sa voix était forte, parfois on aurait dit un murmure. Parfois elle était teintée de joie ou de fierté, parfois de douleur ou d'amertume. Ayant terminé de graver l'une des tablettes sur ses deux faces, je poursuivis sur la suivante.
Lorsque les derniers mots furent prononcés, le grand dieu marqua une pause et j'entendis un long soupir. Il dit :
_ Hermeneus mon serviteur, pendant quarante jours et quarante nuits tu écrivis mes mots avec fidélité. Ta mission est terminée. Prend une autre tablette, sur laquelle tu rédigeras ta propre attestation et appliqueras ton sceau. Prends cette tablette et place-la avec les autres dans le coffre divin. Un jour, viendront ici des élus, qui découvriront le coffre et les tablettes et apprendront tout ce que je t'ai dicté. Que la véritable histoire du Commencement, des Temps Premiers, des Temps Anciens et de la Guerre Divine soit désormais connue sous le nom de « Paroles du Seigneur Prométhée ». Cet ouvrage témoignera du passé tout en prédisant l'avenir, car dans le passé repose l'avenir et les premiers seront les derniers.
Il y eut une pause, puis je pris les tablettes et les plaçai une par une dans le coffre, dans le bon ordre. Le coffre était fait de bois d'acacia orné d'or.
La voix de mon seigneur s'éleva :
_ Maintenant, ferme le couvercle du coffre et verrouille-le.
Je m'exécutai.
Il y eut une autre pause.
_ Hermeneus, tu as conversé avec un grand dieu, et bien que tu ne m'aies pas vu, tu as été en ma présence. Tu es donc béni, et tu seras mon porte-parole auprès du peuple. Tu dois l'encourager à être juste, car c'est le chemin qui mène à une vie bonne et longue. Et tu dois le rassurer, car dans soixante-dix ans les cités seront reconstruites et les cultures surgiront de terre à nouveau. Il y aura des périodes de paix, mais aussi de guerre. De nouvelles nations deviendront puissantes, des royaumes apparaîtront et disparaîtront. Les anciens dieux s'écarteront et de nouveaux dieux régiront le sort. Mais à la fin des temps le Destin prévaudra, et ce futur est prédit dans mes mots sur le passé. Tout cela, Hermeneus, tu dois le dire au peuple.
Il y eut une pause et un silence. Puis moi, Hermeneus, m'inclinai jusqu'au sol et dis :
_ Mais comment saurai-je quoi dire ?
Et la voix du seigneur Prométhée répondit :
_ Les signes seront dans les cieux, et les mots à prononcer te viendront en rêve ou en vision. Et après toi viendront d'autres prophètes élus. Et à la fin il y aura une nouvelle Terre et de nouveaux cieux, et de prophètes nous n'aurons plus besoin.
Puis ce fut le silence. Les auras s'étaient éteintes, et l'esprit m'avait quitté. Lorsque je repris mes sens, je me trouvais dans les champs à l'extérieur d'Iridu.
Sceau d'Hermeneus, maître scribe.