Arrêtez avec ces jeux de mots stupides, où je vous vole dans les plumes
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Aux Etats-Unis, les « chiens doudous » font enrager les compagnies aériennesDe plus en plus de passagers demandent à voyager en compagnie de leur « soutien émotionnel ». Et les incidents se multiplient. Corine LesnesPlus moyen de prendre l'avion aux Etats-Unis sans tomber sur un chien. Dans les coursives, aux portes d'embarquement, sous le siège voisin : ils sont partout. Les compagnies aériennes elles-mêmes n'en peuvent plus. Début mars, elles ont publié de nouveaux règlements pour rendre plus strictes les conditions d'admission des animaux dans les avions. Il faut dire que les incidents se multiplient.Delta Air Lines est poursuivi par un passager qui a été mordu par un voisin à quatre pattes. La victime, assise près d'un hublot, n'a pas pu s'échapper. Résultat : 28 points de suture, Depuis, Delta a pris des mesures drastiques : interdiction en cabine des animaux sur les vols de plus de huit heures, des chiots de moins de 4 mois et des pitbulls. En un an, la compagnie a vu le nombre d'incidents impliquant des animaux augmenter de 84 %.Pourquoi tant de chiens passagers subitement ? La faute aux millennials. Selon une enquête, publiée en mai par la société de courtage en Bourse TD Ameritrade, près des trois quarts des jeunes âgés de 21 à 37 ans en possèdent un, contre 50 % dans l'ensemble de la population. En général, il s'agit de l'un de ces petits modèles conçus dans les chenils du Midwest. Minibergers australiens, cavapoo (croisement de cavalier king-charles et de caniche nain), carlins (minimolosse au nez aplati)..., ils coûtent souvent plusieurs milliers de dollars. Par rapport aux générations précédentes, les millennials retardent le moment d'investir dans une maison ou d'avoir des enfants. Ils « privilégient les animaux plutôt que les humains », remarque The Washington Post .1 285 dollars par anFaut-il y voir le signe d'une insécurité émotionnelle, voire d'une profonde solitude dans un univers hyperconnecté, selon la description du psychologue Jonathan Haidt ? Le fait est que les universités ont constaté une explosion du nombre d'étudiants qui demandent à pouvoir héberger leur chien dans leur dortoir. Et, selon le même sondage, 67 % des propriétaires de toutous considèrent leur animal comme leur « fur baby » (« bébé à poils »).Depuis 2009, et la parution du best-seller Dans la peau d'un chien, de la psychologue Alexandra Horowitz, le nombre de livres de neuroscience canine a explosé, constate The New York Times . Après l'enfant roi, le chien gâté : 68 % de cette population prendraient volontiers un congé parental pour s'occuper de leur chiot nouvellement adopté si leur employeur leur en donnait la possibilité. Ils lui consacrent 1 285 dollars par an en moyenne - en croquettes bio, dentifrice au goût de poulet et chew toy, jouet en plastique à mâchouiller.Pour les millennials, le chien est devenu un « soutien émotionnel » indispensable. C'est d'ailleurs la catégorie dans laquelle les jeunes entendent l'inscrire quand ils voyagent. Selon le règlement des compagnies aériennes, les animaux de compagnie doivent payer leur place d'avion, même quand ils sont cantonnés dans un sac de voyage au pied de leur maître (250 dollars l'aller-retour pour les vols intérieurs).Depuis 2016, la réglementation oblige à avoir, dans chaque terminal, un coin toilettes pour les animaux. Le chien est prié de se soulager sur un rectangle censé recréer son buisson et son morceau de trottoir habituels.Mais les « chiens de soutien émotionnel », eux, voyagent gratuitement. Cette classification n'a longtemps regroupé que les chiens de service accompagnant des personnes handicapées . Depuis quelques années, leur nombre a explosé : 150 % d'augmentation chez Delta en un an. United Airlines transporte quelque 200 000 chiens de soutien psychologique par an. Comment alors mériter le qualificatif d' « emotional support dog » ? Il suffit que le « papa » ou la « maman » de l'animal obtiennent un certificat médical. Un psychiatre ou un centre de soins doit attester de leur fragilité psychologique ou bien faire état d'une phobie, d'une dépression ou d'anxiété.Jusqu'à présent, les compagnies aériennes se contentaient d'une déclaration annuelle. Depuis quelques semaines, elles ont établi des critères plus sévères. Il faut maintenant produire un document avant chaque voyage, accompagné d'une attestation du vétérinaire sur la santé et les vaccinations de l'animal. Les voyagistes espèrent mettre un frein à la prolifération des plateformes qui proposent des certificats en ligne, offerts - pour 150 dollars - à l'issue d'une vague conversation téléphonique avec un « praticien » qui n'a jamais rencontré le demandeur.Les aéroports, eux aussi, ont dû s'adapter. Depuis 2016, la réglementation fédérale oblige ceux qui transportent plus de 10 000 passagers par an à avoir, dans chaque terminal, un coin toilettes pour les animaux. Le chien est prié de se soulager sur un rectangle censé recréer son buisson et son morceau de trottoir habituels. Succès non garanti. « Wallie ne s'y retrouve pas du tout, confie la propriétaire d'une petite labradoodle hypoallergénique. Elle sait très bien que c'est de la fausse herbe. Il y a trop d'odeurs. Elle est stressée ». Même les chiens de soutien émotionnel ne maîtrisent pas toujours leur anxiété