La cause de cette extinction avant l'heure ? La pêche intensive, dont ont été aussi en partie victimes une quinzaine de poissons d'eau douce endémiques du lac Lanao, aux Philippines. Toutes ces espèces viennent grossir la liste des «espèces éteintes» de cet inventaire mondial très complet sur l'état de conservation des animaux et végétaux. Et si, à cette date, l'UICN compte un peu moins d'un millier d'espèces disparues depuis la création de cette base données en 1964, pour un total de 128 918 espèces répertoriées en 2020, un peu plus de 35 000 sont en voie de l'être. Un chiffre en constante augmentation qui témoigne de la grave crise de la biodiversité que traverse notre planète.Quand le bison reprend du poil de la bête en EuropeTout n'est pas noir, cependant, sur le front de la conservation des espèces animales. Et c'est notamment vrai pour le bison d'Europe, le plus gros mammifère du continent passé tout près de l'extinction au début du XXe siècle. Selon l'UICN, le bovidé sauvage, chassé durant des millénaires et victime de la régression de son habitat forestier au profit de terres cultivables, reprend même du poil de la bête. En Europe orientale, après plusieurs réintroductions dans les années 50 et de gros efforts pour sauver l'herbivore, sa population a triplé, passant de 1 800 individus à l'état sauvage au début des années 2000 à plus de 6 000 en 2019, soit 47 hardes réparties entre la Pologne, la Biélorussie et la Russie.Ce qui fait que l'espèce n'est aujourd'hui que «quasi menacée» de disparaître - comme vingt-cinq autres. Néanmoins, et c'est un problème de taille, les troupeaux de bisons d'Europe sont isolés les uns des autres afin d'assurer la diversité génétique nécessaire à la viabilité de l'espèce. Et c'est sans compter les conflits avec les agriculteurs du coin. «Historiquement, les bisons européens ont pour la plupart été réintroduits dans des habitats forestiers, où ils ne trouvent pas assez de nourriture l'hiver, explique l'écologue polonais Rafal Kowalczyk, qui suit les populations de bisons pour l'UICN. Ils investissent donc les zones agricoles et se retrouvent en conflit avec les locaux. C'est pour cela qu'il sera important de créer des zones protégées qui comprennent des prairies pour qu'ils puissent brouter.»Les dauphins d'eau douce, tous menacésA l'inverse des bisons, les dauphins d'eau douce voient leur situation se dégrader à travers le monde. Les six espèces d'odontocètes que comptent encore les grands fleuves du globe, à l'instar du dauphin de Chine, mais aussi le Tucuxi, ou dauphin de l'Orénoque, sont désormais tous en «danger» d'extinction. Il est cependant difficile d'évaluer le nombre de ces mammifères aquatiques qui nagent dans les eaux du bassin de l'Amazone (plusieurs centaines à en croire les sondages catalogués par l'UICN) et c'est pour ça qu'il est nécessaire de les compter, précise le Fonds mondial pour la nature (WWF). Ce tout petit delphinidé, qui occupe aussi bien l'océan que les estuaires, est par ailleurs menacé par la pollution de l'eau et la construction de barrages.A lire aussi En Colombie, un labo contre les amphibiens mal acquisLes amphibiens, en danger critiqueC'est encore pire pour les amphibiens, dont 40% des espèces recensées sur la «liste rouge» sont menacées de disparition. En cause - la liste est longue : la destruction de leur habitat, les pesticides, le changement climatique, mais surtout une maladie infectieuse, la chytridiomycose, provoquée par un champignon aquatique. Trois espèces de grenouilles d'Amérique centrale, au Mexique, peuvent être dès à présent considérées comme éteintes, à cause de la propagation de Batrachochytrium dendrobatidis et 22 autres comme «possiblement éteintes». «Notre principal espoir est que les espèces locales s'adaptent en devenant plus résistantes ou tolérantes à l'infection», expliquait à ce propos à Libération le biologiste canadien Dan A. Greenberg. Cela va en revanche un peu moins mal pour une espèce de grenouille vivant dans les forêts d'altitude de l'Etat d'Oaxaca, au Mexique, grâce à l'action des communautés villageoises locales pour la préserver.