Par un effet domino, les rats menacent les écosystèmes coralliensCourrier internationalArrivés en même temps que les humains sur les îles tropicales, les rats participent à la déstabilisation des récifs coralliens et affectent le comportement de leurs espèces endémiques. En se basant sur un article de la revue "Nature", le site spécialisé "Mongabay" retrace cette longue chaîne de conséquences.Au moment de leur arrivée sur les îles tropicales, les humains ont, par la même occasion, permis à des passagers clandestins de s'y établir. C'est le cas de Rattus rattus, le rat noir. Les deux espèces se sont révélées, à leur manière, être des menaces pour les récifs coralliens fragiles et riches d'une biodiversité bien souvent endémique."Les rats et autres rongeurs se glissent souvent dans les bateaux. Pendant des centaines d'années, ils ont colonisé les îles du monde entier", explique le site Mongabay, spécialisé dans l'environnement. La présence de ces rongeurs invasifs sur certaines îles a, par effet domino, affecté jusqu'aux comportements des poissons des récifs alentour."Lorsque des espèces envahissantes comme le rat noir s'installent sur des îles [...], elles se régalent des oeufs et des poussins d'oiseaux de mer, et déciment les populations insulaires", raconte le média en ligne. Et qui dit réduction du nombre d'oiseaux dit réduction du nombre de fientes. Or "les oiseaux marins déposent sur les îles du guano [leurs excréments] riche en nutriments, dont une partie s'écoule vers les récifs et favorise la croissance des algues". Plantes qui composent le régime alimentaire des poissons.Autrement dit, sans fientes en quantité suffisante, les poissons des récifs pourraient ne plus se nourrir convenablement. Mais leur comportement en serait aussi affecté, montre Mongabay, qui s'appuie sur une étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution."Cela ouvre la porte à beaucoup d'autres conséquences"Le média prend l'exemple des poissons demoiselles, plus précisément des Plectroglyphidodon lacrymatus, ou demoiselle à points bleus. Ces petits poissons aux yeux jaunes seraient affectés "non seulement par la quantité d'algues présentes, mais aussi par leur teneur en nutriments". Ces habitants des récifs sont territoriaux concernant leur nourriture, et attaquent tout intrus qui s'approcherait trop près de leur garde-manger. Mongabay écrit :"Rachel Gunn et ses collègues ont observé ce type de comportement hyperagressif chez [ces poissons] vivant sur les récifs de l'archipel des Chagos, dans l'océan Indien - mais uniquement au large d'îles non colonisées par les rats."Mais, au large des îles envahies par les rats, la baisse de la quantité de nutriments force les demoiselles à points bleus à garder de plus larges zones, dépensant plus d'énergie, et montrant donc moins d'implication dans la défense de leurs territoires nourriciers. "Ça n'a pas beaucoup d'intérêt pour ces poissons de dépenser de l'énergie pour défendre quelque chose de pauvre", résume Rachel Gunn à Mongabay."Une fois que vous modifiez la manière dont un animal interagit avec son environnement, cela ouvre la porte à beaucoup d'autres conséquences", s'inquiète auprès du média Dena Spatz, scientifique au sein de l'ONG Pacific Rim Conservation, basée à Honolulu. Elle explique que ce changement de comportement est l'occasion pour d'autres poissons d'entrer dans cet écosystème et d'y provoquer des modifications considérables.Et ces transformations de l'écosystème peuvent avoir des répercussions sur les humains, souligne Dena Spatz, en altérant par exemple "la santé des pêcheries récifales, qui sont des sources importantes de protéines pour l'homme". La solution ? Fournir plus d'efforts et mettre plus de moyens dans l'éradication de Rattus rattus sur ces îles.
Mmm... Intéressant, cet effet domino. C'est dommage qu'on n'en prenne conscience que maintenant. Spoiler (click to show/hide)https://www.courrierinternational.com/article/environnement-par-un-effet-domino-les-rats-menacent-les-ecosystemes-coralliens