« Ils m'ont annoncé : "On va passer la journée ensemble, on vous met les menottes ?" J'ai répondu que je n'étais pas dangereux, et que je n'allais pas partir en courant », se souvient Patrice T. dans son salon, cinq mois plus tard, alors que la neige boueuse de son jardin a remplacé l'herbe estivale et qu'il a écrit au Monde pour raconter son histoire. Celle d'un chercheur de trésors, à l'origine de l'une des plus grandes affaires de saisie archéologique en milieu terrestre des douanes françaises : 27 000 objets, estimés à plus de 700 000 euros.[...] La DNRED fouille la maison pendant trois heures, aspire les données de son ordinateur, et trouve deux clés de coffres, qui ouvrent deux grandes armoires métalliques cachées dans le garage de sa mère. « J'ai eu mal aux tripes quand ils les ont ouverts. Les archéologues, eux, ont halluciné : ils m'ont expliqué qu'il y avait dans mes coffres des choses qu'on n'a pas dans les musées régionaux. Je le savais, je les connais bien », s'enorgueillit Patrice T. A l'intérieur des armoires : 13 000 objets en tout genre, surtout de l'époque gauloise et mérovingienne, ses périodes historiques préférées, ainsi que des pièces de monnaie issues de trésors. Il y a par exemple un dodécaèdre romain, sorte de petite boule creuse en bronze constituée de douze faces pentagonales, dont l'utilité reste une énigme pour les chercheurs. « Il n'y en a qu'une centaine en Europe, et un seul a été trouvé en Lorraine au XIXe siècle », explique l'homme de 51 ans.Il y a aussi une fibule mérovingienne en or, du nom de cet ancêtre de l'épingle à nourrice qui servait à attacher les vêtements. Celle-là, Patrice T. l'a trouvée au fin fond d'une forêt meusienne. Pas au hasard : avant d'écumer les sous-sols de tout l'est de la France avec son détecteur à métaux, il s'épuise les yeux sur les vieilles archives départementales archéologiques de la région. Il y cherche des traces de vie de l'époque romaine, un village, une voie, et y passe ensuite ses week-ends, carte à la main et casque sur les oreilles. Dès que ça sonne, il creuse.Patrice T. déteste le nord de la Meuse, où les vestiges métalliques des deux guerres mondiales font que son détecteur bipe tout le temps « c'est pénible . La broche en or donc, il l'a trouvée à la fin d'une journée de prospection, en creusant à peine. Dessus, sont dessinés des dragons. Le détectoriste, comme il se qualifie, aime surtout imaginer la vie passée de ces objets trouvés : « La fibule là, c'est sûrement du perdu. Un cavalier en toge qui devait passer par là à cheval, et ça a dû tomber par terre. » [...]Dans la foulée, il est interrogé dans les locaux de la douane. Devant un tel volume se pose la question d'un trafic de biens archéologiques, confortée par la fraude que le collectionneur a mise en oeuvre. « Ce qui m'a mis dedans, c'est cette histoire de terrain en Belgique », reconnaît-il. Quelques années auparavant, Patrice T. a eu un rendez-vous clandestin avec un autre prospecteur, qui aurait trouvé un trésor de 14 000 pièces en bronze du IIIe siècle dans un champ. « J'arrive chez lui, j'ai vu les trois seaux remplis, ça m'a tourné la tête. »Le détectoriste lorrain emprunte 20 000 euros à sa tante et rapporte dans ses coffres-forts cette trentaine de kilos de pièces. Jusqu'au jour où il veut le blanchir, et monte un stratagème de l'autre côté de la frontière, en Belgique, où la législation sur la détection de trésors est moins stricte. Il achète un terrain de 3 000 mètres carrés dans un village flamand, attend un an, creuse un trou de trente centimètres de profondeur, y renverse les seaux, et contacte, en 2019, les services d'archéologie belges pour déclarer sa trouvaille et pouvoir la garder légalement.
@Cedde , les pyramides d'Egypte sont un fake occidental pour rabaisser la Chine.