Au lendemain de l'attaque de Pearl Harbour, 1 340 membres de cette communauté ont été arrêtés dans l'archipel français, à l'exemple des États-Unis. Exilés en Australie et dépossédés de leurs biens, ils n'ont jamais pu revenir à Nouméa, où certains avaient laissé une famille.page 16L'attaque japonaise sur la base de Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, est un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale. Cet assaut, le plus meurtrier perpétré sur le sol américain par une puissance étrangère, sidère Washington, qui s'était jusqu'alors gardé de prendre une part active au conflit, et provoque son entrée en guerre.Mais avant d'envoyer ses « boys » en Europe et de l'autre côté de l'océan Pacifique, les États-Unis veulent faire disparaître tout risque de menace intérieure... Dans les semaines suivantes, plus de 120 000 civils, Japonais et Américains d'origine japonaise, présumés coupables d'espionnage, sont arrêtés arbitrairement et internés dans des camps.Cet épisode de l'histoire est connu. Ce qu'on sait moins, c'est que la France a fait la même chose... en Nouvelle-Calédonie, qui a coupé les ponts quelques mois plus tôt avec le régime collaborationniste et rallié la France libre. Premier gouverneur de l'Empire colonial français à répondre à l'appel du général de Gaulle, Henri Sautot ordonne, dans les jours suivant l'attaque de Pearl Harbour, l'arrestation de tous les ressortissants japonais présents en Nouvelle-Calédonie, 1 340 personnes, essentiellement des hommes, puis les fait enfermer dans des camps à Nouméa.Déportés à bord de quatre navires« Il faut se rappeler qu'à cette époque se préparait la bataille de la mer de Corail (au cours de laquelle les Japonais vont envahir les îles Salomon, une partie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et bombarder le nord de l'Australie, NDLR). Et, dans cette ruée vers le Sud lancée par les Japonais, la Nouvelle-Calédonie était la prochaine étape » , explique Philippe Palombo, directeur de l'hôpital Albert-Bousquet de Nouméa. Il a écrit une thèse sur l'internement des Japonais de Nouvelle-Calédonie après avoir trouvé, dans une remise de son établissement, des caisses contenant les dossiers médicaux de nombreux patients au patronyme nippon. « Henri Sautot était aussi sous la pression des Américains. Après le choc de Pearl Harbour, ils ne pouvaient tout simplement pas accepter qu'un pays allié n'arrête pas tous les Japonais sur son sol. Il a néanmoins laissé une centaine d'entre eux en liberté, des maraîchers, qui abondaient les marchés de Nouméa en fruits et légumes, et qui étaient essentiels pour que la ville reste autosuffisante. Ceux-ci ont simplement été placés en résidence surveillée » , détaille Philippe Palombo.Les autres, en revanche, n'échappent pas aux arrestations, puis à la déportation vers des camps en Australie. Les rares qui avaient la nationalité française en sont déchus et toutes leurs possessions, certaines insignifiantes (un vélo, des draps, du petit mobilier), d'autres considérables, sont confisquées.« Les premiers Japonais sont arrivés en Nouvelle-Calédonie en 1892. Ils viennent de régions très pauvres pour travailler dans les mines de nickel, explique Marie-José Michel, ancienne consule honoraire du Japon à Nouméa. Mais, à partir de 1904, la société Le Nickel ne leur offre plus le billet retour pour le Japon. C'est ainsi qu'ils s'installent durablement dans la colonie et commencent à se reconvertir dans le petit artisanat, la pêche et l'exploitation agricole. » Par ailleurs, des industriels nippons commencent dans les années 1930 à investir massivement dans l'exploitation minière, obtenant des concessions ou des parts dans certaines sociétés minières. Les « séquestres japonais » , qui seront vendus aux enchères à la fin de la guerre, représentent donc des millions d'euros. « Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) va prendre une partie de ces titres miniers au nom des dommages de guerre et le reste sera racheté par des mineurs calédoniens, qui vont ainsi acquérir des milliers d'hectares. Alors que dans le même temps, à quelques exceptions près, les femmes et les enfants, français, de ces Japonais, soit ont été expulsés de chez eux, soit ont dû racheter leurs propres biens » , souligne Philippe Palombo.Début 1942 donc, ces prisonniers prennent la mer à bord de quatre navires qui accostent à Brisbane, la grande ville australienne la plus proche de Nouvelle-Calédonie, avant d'être répartis dans plusieurs centres de détention. « Il y avait deux types de camps : celui de Loveday, en Australie-Méridionale. Il recevait tous les célibataires, en fait pour la plupart des pères d'enfants de Nouvelle-Calédonie, raconte Marie-José Michel. Et puis il avait le camp de Tatura, dans l'État du Victoria, qui était celui des familles composées, hommes femmes et enfants japonais. Ces gens faisaient partie d'une deuxième génération de Japonais en Nouvelle-Calédonie, arrivée après les années 1930. »Sur place, les conditions sont plutôt bonnes. « Il y a de la nourriture à profusion, tout le monde travaille, il y a des spectacles, du cinéma, du théâtre. Les témoignages vont tous dans ce sens, car dans ces camps les Conventions de Genève étaient appliquées » , assure l'ancienne consule. « Pour vous donner l'exemple de mon grand-père, qui était diabétique, il a reçu tous les soins dont il avait besoin. Mais il est mort six mois après être retourné dans un Japon dévasté par la guerre, tout simplement parce qu'il n'avait plus accès aux médicaments et qu'il ne mangeait plus à sa faim. » C'est effectivement à la fin de la guerre que les choses se compliquent : l'Australie ne veut pas garder ces Japonais et la France ne veut pas les voir revenir. « Sur ces 1 000 prisonniers, un peu plus de 200 ont une femme et des enfants en Nouvelle-Calédonie. Certains d'entre eux signent une pétition demandant qu'on les autorise à revenir à Nouméa. Mais la France refuse catégoriquement » , indique Marie-José Michel.« Certains d'entre eux étaient en Nouvelle-Calédonie depuis plus de trente ans ! Ils y avaient fondé une famille. Le Japon, c'était leur pays d'origine, leur culture bien sûr, mais ce pays ne faisait plus partie de leur projet de vie, rebondit l'historien Ismet Kurtovitch. C'est une grave injustice qui a été faite, notamment vis-à-vis des épouses ou des concubines et de leurs enfants. Mais ces hommes qui souhaitaient rentrer en Nouvelle-Calédonie n'ont pas été défendus. Les épouses étaient dispersées, pas forcément bien vues dans la société parce qu'elles avaient été en couple avec des Japonais, et donc ils n'ont pas pu rentrer » , ajoute l'historien.Excuses officielles des États-UnisJusqu'à relativement récemment, on ne savait rien d'eux ou presque. Dominique Yanai, qui a quitté Nouméa il y a dix ans pour s'installer à Brisbane, où il travaille en tant que chauffeur de bus, est l'arrière-petit-fils de l'un de ces hommes. « Mon nom de famille, Yanai, qui est aussi celui que portent mes enfants, est japonais. Pourtant, sur cette part de mon identité, je ne connaissais presque rien » , explique cet homme âgé d'une trentaine d'années. Ses questions, auprès de ses proches, sont longtemps restées sans réponse. « Dans la famille, c'est un sujet un peu tabou. Plus personne n'a envie d'en parler. Ça a été douloureux et ils n'ont pas envie de réveiller cette époque-là. » Il a donc dû mener ses propres recherches et prendre contact avec des chercheurs et des universitaires qui ont travaillé sur le sujet, en France, au Japon et en Australie.Les archives mentionnant cet aïeul, dénommé Morizo, qui était forgeron, ont fini par révéler leurs secrets et permis de réhabiliter sa mémoire. « On m'avait expliqué que Morizo avait abandonné ses enfants et sa vie en Nouvelle-Calédonie. Mais ça n'est pas du tout ce qui s'est passé. En fait il a été arraché à sa vie. » Tout récemment, avec l'aide d'un journaliste australien, il a retrouvé une photo de son arrière-grand-père, la seule qui existe à sa connaissance. « Il est en train de travailler donc c'est une photo assez vivante. La ressemblance avec mon grand-père est frappante, j'ai hâte de la montrer à ma famille ! »Cette vérité, il aura fallu attendre deux générations pour qu'elle émerge. « Nos parents ont été des gens sacrifiés : ils ont perdu leur père au cours de cet épisode dramatique et en ont beaucoup souffert, relève Marie-José Michel. Nous, la génération d'après, on se devait de partager cette histoire, et de la faire connaître au plus grand nombre. Car nos parents ne pouvaient pas en parler » .Bien que cet épisode tragique de la guerre du Pacifique soit désormais connu, ni la France, ni les autorités calédoniennes n'ont jamais présenté d'excuses officielles ou dédommagé les victimes. « À l'occasion du 120e anniversaire de la présence japonaise en Nouvelle-Calédonie, Pascal Vittori (maire de Boulouparis depuis 2020, NDLR) a publiquement regretté ce qui a été fait. Mais c'est une initiative personnelle. Collectivement, contrairement à ce qui s'est passé aux États-Unis, il n'y a pas eu d'action formelle de regret » , précise Ismet Kurtovitch. En 1988, le Congrès américain avait présenté des excuses officielles aux survivants et versé à chaque ancien détenu la somme de 20 000 dollars au titre de réparations. Des monuments commémoratifs ont été érigés sur les sites des anciens camps d'internement, notamment à Manzanar, en Californie. La France ne s'est pas encore donné cette peine.
Je me suis toujours posée la question suivante : Pourquoi les peintures de De Vinci sont plutôt "ternes" par rapport à celles de ses confères italiens de son époque (dont les couleurs sont en général plus saisissantes). Cette copie a peut être la réponse à la question si cette hypothèse est avérée ^^ (bien que d'un point de vue esthétique, je préfère finalement la Joconde actuellement , je trouve les couleurs un peu criardes sur la copie )
La Joconde est connue pour avoir été conservé dans la salle de bain pendant des décennie. D'où le fait qu'elle a morflé.
On peut même dire qu'il n'y a que le train qui n'est pas passé dessus.
L'historienne analyse de manière critique les différents lieux communs associés à l'histoire de Venise tout en prenant ses distances avec le récit providentialiste qu'en ont forgé les Vénitiens. Elle retrace la trajectoire politique et économique de la Sérénissime sur le temps long, de son émergence d'un milieu lagunaire inhospitalier à l'originalité de son régime républicain à l'époque moderne.
En faisant ma veille je vois un nouveau volume devant sortir chez Belin (dont les collections Histoire de France et Mondes anciens sont magnifiques). Ils ont aussi une collection Référence qui a l'air très bien mais qui ne me parle pas, ses volumes étant jusque-là plutôt axés sur des thèmes transversaux (l'alimentation, la police, les femmes). Surprise, le prochain serait, d'après Électre : Venise : 500-2020 d'Elisabeth Crouzet-Pavan pour septembre (ISBN 9782410016864).Je n'aurais pas envisagé de l'histoire locale dans cette collection, tiens. Je ne sais pas trop si je le prendrai ou pas, du coup.