Les Grecs de l'Antiquité ne connaissaient pas le bleuA.N.Antiquité - Grèce. Les idées ont-elles précédé le langage ou est-ce l'inverse, se demandait René Magritte. Gabriel García Márquez, dans Cent Ans de solitude, prend parti : "Le monde était si récent que la plupart des objets n'avaient pas encore de nom et pour les désigner il fallait les montrer du doigt." Vraiment, savons-nous ce que sont les choses parce que nous avons un nom pour en parler?? Les Grecs anciens peuvent peut-être nous éclairer.À lire aussi: Linguistique. Quand la Chine en voyait de toutes les couleursAussi incroyable que cela puisse paraître, la couleur bleue, celle qui qualifie notre planète, celle qui nous enchante dans toutes ses nuances face à un horizon où ciel et mer se confondent, cette couleur n'a pas toujours existé - en tout cas dans le regard, et dans les mots. C'est d'autant plus étonnant qu'il s'agit d'une couleur primaire, celle qui est perçue, pour être précis, dans une longueur d'onde comprise entre 460 et 482 nanomètres. Mais le plus surprenant est de constater que le peuple qui a inventé la démocratie et la philosophie n'a pas été capable de percevoir une couleur qui nous semble à nous si nécessaire. Tout petits, dans leurs premiers dessins, n'est-ce pas du crayon bleu que s'emparent d'abord les enfants?? C'est qu'il faut bien représenter ce ciel qu'ils ont au-dessus de la tête.Et les Grecs n'étaient pas la seule civilisation de l'Antiquité à l'ignorer. Le premier à avoir remarqué cette étrange cécité était un passionné de l'oeuvre d'Homère, William Ewart Gladstone (1809-1898), qui se trouve aussi avoir été à quatre reprises Premier ministre du Royaume-Uni. Dans L'Iliade et dans L'Odyssée, notamment, avait-il remarqué, le rouge, le blanc, le noir étaient mentionnés, mais jamais le bleu. Les descriptions de tout ce qui pouvait avoir un lien avec le bleu se révèlent d'ailleurs d'une imprécision étonnante : une "aurore aux doigts de rose", le ciel couleur "bronze", la mer "semblable au vin".Bleu ou vert ?C'est un fait : comme Magritte le pressentait, faute de disposer du concept, les Grecs, comme d'autres civilisations antiques (des Chinois aux Hébreux), ne voyaient tout simplement pas le bleu. Il est ainsi fort probable que, pour eux, le ciel ait vraiment eu la couleur du bronze et la mer celle du vin. C'est ce que tend à prouver une expérience réalisée au sein d'une tribu de Namibie dont la langue, riche en nuances de vert, fait l'impasse sur le mot "bleu".Devant onze carrés verts et un carré bleu, les représentants de cette tribu ne distinguent pas ce dernier des autres. Mais quand au carré bleu on substitue un autre carré, cette fois d'un vert légèrement différent des autres (pour lequel nous n'avons pas de mot dans notre langue, et que nous serions bien en peine de voir), ils perçoivent immédiatement la différence.Au commencement est donc bien le verbe. Ce fut d'abord "noir", puis il y eut "blanc", à moins que ce n'ait été d'abord "sombre" puis "clair" - deux concepts fondamentaux en ceci qu'ils disent le jour et la nuit. Ensuite sans doute est venu le rouge, pour le sang, et plus tard le jaune. Mais le bleu, aussi fondamental nous semble-t-il aujourd'hui, est d'apparition assez récente dans l'histoire. Si bien qu'il s'agit d'un anachronisme quand à l'écran des films représentant le Moyen Âge nous montrent des personnages portant des vêtements bleus.À lire aussi: Investiture. Le violet porté par Kamala Harris, Michelle Obama et Hillary Clinton, tout sauf anecdotiqueMais il faut nuancer, évidemment. Car parmi toutes ces glorieuses civilisations disparues, il en est une, technologiquement avancée, qui fait exception : c'est l'Égypte antique. Les Égyptiens possédaient en effet un pigment bleu, encore visible dans les vestiges de leur civilisation, et un mot pour désigner la couleur. Les Babyloniens eux aussi devaient probablement en avoir un, à en croire cette merveille de l'architecture qu'est la porte d'Ishtar, conservée au musée de Pergame à Berlin. L'apparition du concept dépend donc moins de l'époque que de l'avancée technologique d'une culture.Certains linguistes font remarquer que le mot kahol, "bleu" en hébreu, procède en réalité d'une évolution de "noir" : le terme a en effet la même racine que "khôl", la poudre minérale noire qui servait de cosmétique pour les yeux. Les Grecs eux-mêmes, et Homère lui aussi, avaient le mot kuanos, qui désignait alors le noir, ou le sombre - mais pas le bleu?! On ne laisse pas de s'étonner que, dans cette civilisation éminemment méditerranéenne, la couleur la plus présente dans l'environnement n'ait pas existé dans le langage. C'est à ne pas en croire ses yeux.
Oui, mais aussi Jeanne de Flandres, Mathilde de Toscane, Richilde de Hainaut, Hévisse d’Évreux, Richarde Visconti, etc.
Mais ! https://www.demotivateur.fr/insolite/cette-mosaique-datant-de-l-empire-romain-etait-utilisee-en-table-basse-dans-un-appartement-de-new-york-27023
À Landerneau, un des derniers ponts habités d'Europe fragilisé par les assauts de la maréeLe Figaro avec AFPLe pont de Rohan, bâti en 1510, situé entre l'eau douce de la rivière Elorn et l'eau de mer venue de l'océan, subit marées et crues fluviales.À Landerneau, dans le Finistère, le pont de Rohan, bâti en 1510 et long de 70 mètres, est l'un des tout derniers ponts habités d'Europe. Mais le poids des siècles et les assauts de la marée fragilisent l'édifice. Au Moyen-Âge, les ponts habités étaient « monnaie courante », explique Magali Prigent, chargée du patrimoine à la ville. « L'habitat était très concentré, on utilisait tous les m2, pour les habitants mais aussi pour les commerçants car les ponts sont par définition des lieux de passage. »» LIRE AUSSI - Saint-Malo offre une nouvelle jeunesse aux brise-lames qui veillent sur sa digueÀ partir du XVIIIe, en raison des risques d'incendie, de l'insalubrité ou de l'embellissement des villes, les ponts ont peu à peu disparu du paysage urbain. Sauf à de rares exceptions, comme le Ponte Vecchio à Florence, ou le Krämerbrücke à Erfurt, en Allemagne. À Landerneau, commune de 17.000 habitants, il a résisté à quatre incendies et aux vicissitudes de l'Histoire. Pharmacien, libraire, cafetier, crêpier ont au fil du temps remplacé meunier, bourrelier, marchand de drap et orfèvre. La prison n'existe plus. Quant au moulin, il a été remplacé par un immeuble de rapport à la fin du XIXe.« Désormais, il y a une quinzaine d'habitants. On y vit un peu comme dans une bulle, quasiment en autonomie, avec des commerces autour: il y a une vraie vie du pont, un commerçant propriétaire était surnommé le maire du pont ! », sourit le (vrai) maire Patrick Leclerc (divers droite), qui y a vécu près de dix ans. Suzanne Colangelo, 77 ans, habite depuis une vingtaine d'années au troisième étage dans un appartement coquet. De sa cuisine, elle peut contempler « les superbes couchers de soleil », vers Brest, côté mer. Car le pont de Rohan présente aussi la singularité de se situer entre l'eau douce de la rivière Elorn et l'eau de mer venue de l'océan. « Il y a une forme de lutte entre la mer et la rivière. Et on peut entendre les jeunes en canoë-kayak passer sous le pont et mon magasin, c'est assez drôle », s'amuse Bernard Bouguen, 74 ans, libraire. Autre anecdote croustillante: « Parfois des gens descendent de la rue en face et arrivent dans la boutique pour me demander où est situé le pont ! Je leur dis “mais vous y êtes!” », l'eau n'étant pas toujours visible de la rue parcourant le pont.Entre marées et crues fluvialesMais vivre dans un lieu atypique charrie également son lot de contrariétés. Aussi, dans la librairie, les étagères remplies de Pléiade, de Charlie Hebdo et de livres anciens sont rehaussées par des briques pour parer à toute inondation. « Au-delà de ses cinq siècles, le pont subit les marées et les crues fluviales. Une fois tous les deux ans environ, il y a dix centimètres d'eau », rappelle Patrick Leclerc, neveu d'Édouard Leclerc. Signe aussi de la fragilité de ce pont unique, des blocs de béton disgracieux sont visibles au pied d'une des six arches. Le 20 août dernier, un incident a fait du bruit dans Landerneau: un éboulement sur une paroi a créé une brèche sur une arche. Des blocs de béton ont été posés pour consolider la structure, en attente d'une analyse complète et de travaux plus importants. Un restaurant a dû fermer sa terrasse.Autre écueil pour mener à bien les travaux, la multitude de propriétaires, dont le conseil départemental, propriétaire de la chaussée, en charge de la solidité des arches, car l'actuelle rue piétonne était une route départementale. Il a fallu attendre 1958 pour la construction d'un second pont dans la cité. Et, à côté d'une des deux entrées du pont, ce sont près de 10.000 véhicules par jour qui circulent, une situation qui irrite habitants et commerçants. La mairie, qui espère un classement prochain du pont aux Monuments historiques, souhaite redonner du lustre au symbole de la ville, réhabiliter les façades, installer un nouvel éclairage, retravailler le mobilier urbain, réduire la circulation aux alentours et trouver un lieu pour expliquer son histoire unique.
Tu m'étonnes, je suis surpris qu'il n'y ait pas eu plus de dégâts que ça après tout ce temps...Spoiler (click to show/hide)https://www.lefigaro.fr/culture/a-landerneau-un-des-derniers-ponts-habites-d-europe-fragilise-par-les-assauts-de-la-maree-20211128