Auteur Sujet: Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"  (Lu 4881 fois)

Hors ligne M 31

Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« le: 18 janvier 2015 à 15:11:59 »
http://citizen-fan.nouvelles-ecritures.francetv.fr/

Je place ça ici, tant il me semble que le public visé est celui de cette section du forum.

Des journalistes qui parlent de fanfiction, de cosplay, de fanart pour en faire luire la meilleure facette... Certains d'entre nous attendaient ça depuis un moment: les auteurs (dont je n'ai trouvé nulle part les noms...) relèvent le gant avec brio.

Dans la partie "phénomène" sont traitées les questions pécuniaires, juridiques et critiques. C'est la partie imposée de l'exercice. Utile, nécessaire pour qui n'est pas familier de la question, mais somme toute déjà traitée ailleurs, quoique dans des contextes moins bienveillants (Télérama, sur ton présentoir, c'est bien toi que je vise).

Personnellement, j'ai préféré la partie "personnages", où les pratiquants expliquent comment ils y sont venus, dans des entretiens d'environ huit minutes, avec des liens vers d'autres vidéos explicatives, et des exemples de leurs travaux. Il faut souligner, et louer à voix haute l'effort de variété  dans la sélection des témoignages: il y a de la fanfiction (des auteurs ET des correcteurs), du dessin, du cosplay, du clip musical, des épisodes imaginaires et de la critique amateur.

Au niveau des fandoms également, avec au débotté, des séries télé, des mangas, des romans, des films, des dessins animés, et des jeux vidéos. La relative prééminence de "Castle" parmi eux s'explique assez bien: c'est une série déjà longue, avec beaucoup de matière à exploiter, mais toujours en cours (par opposition aux autres, tels que X-Files, Bleach, Star Wars, Harry Potter... ou My little Pony.

Qu'est-ce que ça m'a apporté, à moi qui en ai déjà lu un bon paquet, à propos d'oeuvres diverses? En dehors de la reconnaissance, toujours bonne à prendre quoi qu'on en dise, j'avoue que ce sont les témoignages sur le slash qui ont le plus retenu mon attention. En particulier lorsqu'un homme aux vingt printemps bien tassés parle face caméra, et avec des étoiles dans les yeux, d'une romance lesbienne entre deux poneys à la robe  technicolor, issues d'un dessin animé pour enfants de dix ans.

Plus près de nous et plus nombreux, sont les témoignages de membres du beau sexe à la plume leste qui aiment faire se lutiner des personnages masculins que rien, dans leur univers d'origine, ne prédispose à grimper l'échelle de Kinsey.

Et Dieu sait pourtant que je ne suis guère client de ce genre de choses en général.

Je ne rentrerai pas ici dans les considérations sur le droit d'auteur, droit d’exploitation et droit patrimonial. Le documentaire les expose de manière assez complète, je trouve. Suffisamment, en tout cas, pour que chacun se fasse un avis qui, de toute manière, relève davantage de la philosophie personnelle que de l'analyse juridique. ça, et je doute que ceux qui en ont déjà un en changent à la fin du visionnage.

De la même manière, on n'aura jamais fini de gloser sur l'impact de la fanfiction en termes de sociologie culturelle.

Par contre, j'encouragerais plutôt ceux qui s'adonnent à la fanfiction et qui ont des proches qui s'inquiètent de leur vie sociale, à le faire circuler autour d'eux. Si quelque chose, quelque part, est susceptible de faire évoluer quelqu'un vers une position plus bienveillante envers la fanfiction, c'est sans doute là qu'il le trouvera.

S'il est vrai qu'on trouve dans tous les fandoms à boire et à manger, et donc de quoi vomir aussi, ça fait du bien de voir que toutes les personnes interrogées ont utilisé leurs univers de prédilections de façon constructive (tailler sa plume plus fin, maîtriser un logiciel de vidéo ou de mise en page, utiliser de nouveaux outils de dessins, découper, coudre... ), et pas seulement comme le viatique de leur catharsis personnelle. Encore qu'il y ait de beaux exemples présents au nombre des témoins interrogés.  D'ailleurs, la question du jugement qualitatif est tout de même posée, notamment dans le témoignage du correcteur de fanfiction qui explique clairement que ne trouveront de place sur son site que ceux qui auront fait l'effort minimal d'une relecture orthographique, et passeront sous les fourches caudines du comité de lecture.

(Tiens, c'est pas la même chose qui pousse pas mal de monde de fanfiction.net à Archive of our own?)

Au point où on en est, est-ce que j'ai un bémol à apporter à l'objet en lui-même? Un seul, qui n'a rien à voir avec le contenu, mais non négligeable pour autant:

Si la prépondérance d'Internet dans l'univers de la fanfiction justifie le format webdoc, la longueur de chargement du lecteur vidéo a de quoi décourager les moins déterminés. Mon conseil: ouvrez deux onglets dans votre navigateur, et observez les galeries dans la partie "Explorer" pendant les chargements.

(A ce titre, faut reconnaître que l'épisode imaginaire de My little pony est bluffant en terme de réalisation, mais il est long comme trois interviews principales, avec le temps de chargement afférent. Je m'y suis repris à trois fois.)

Avis aux amateurs
« Modifié: 18 janvier 2015 à 15:28:37 par M 31 »

Hors ligne Alaiya

Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #1 le: 19 janvier 2015 à 12:18:10 »
Ca fait un petit moment que ce reportage tourne dans mes contacts, mais j'avoue ne pas encore avoir pris le temps de le regarder, il faudra que je remédie à cette lacune rapidement. Dans tous les cas, j'en ai eu des échos plutôt positifs.

Du coup, je ne vais répondre qu'à ceci:

Citer
D'ailleurs, la question du jugement qualitatif est tout de même posée, notamment dans le témoignage du correcteur de fanfiction qui explique clairement que ne trouveront de place sur son site que ceux qui auront fait l'effort minimal d'une relecture orthographique, et passeront sous les fourches caudines du comité de lecture.

(Tiens, c'est pas la même chose qui pousse pas mal de monde de fanfiction.net à Archive of our own?)

Le jugement qualitatif porte en soi une notion forte de subjectivité mais il n'empêche qu'il peut être nourri par des critères objectifs : orthographe, grammaire, syntaxe, vocabulaire. Indépendamment du fond, la forme est un bon critère de sélection. C'est d'ailleurs, pour ce qui me concerne, le premier que j'utilise.

Après, oui, dans le fandom, on trouve de tout et le fait est qu'avec les années, ça ne s'est pas arrangé pour ce qui concerne les critères objectifs que j'énonce ci-dessus. Et si à ça tu rajoutes un fond assez discutable (même si tout est question de goûts), avec le retour d'un phénomène qui avait disparu depuis longtemps dans le fandom StS et que je ne pensais pas revoir un jour (naïve que je suis), à savoir les fics où les persos se violent et se torturent entre eux dans la joie et la bonne humeur, sans oublier des histoires dont l'intérêt est proche du zéro absolu, il arrive effectivement un moment de "sauve qui peut!"  [:lol]

AO3 est un site assez confidentiel où les auteurs francophones (quels que soient les fandoms) qui y publient, sont généralement de "vieux" auteurs (au sens qui font de la fic depuis de très nombreuses années) et de fait, dotés d'une plume plutôt aguerrie, et qui se connaissent tous plus ou moins, directement ou indirectement. Le fait que la fréquentation du site soit très faible comparée à un mastodonte tel que fanfiction.net, que le nombre de lectures et de commentaires soit fatalement en rapport et qu'il n'existe pas de mode d'emploi en français pour le site, contrairement à fanfiction.net, dissuade également les gens les moins "motivés". Du coup, ça peut sembler élitiste - et ça l'est très certainement - mais au moins, on a accès à plus de fics de bonne qualité, qu'on a envie de lire et de commenter, et surtout qui ne sont pas noyées au milieu de n'importe quoi. Et puis comme ça, tout le monde est content, puisque tout le monde finit par trouver l'endroit et l'état d'esprit qui lui convient le mieux.

Comme "on" me l'a dit, "il y a de place pour tout le monde": c'est vrai mais pour ma part, j'entends être libre de ne pas être obligée de côtoyer des gens que je n'ai pas envie de côtoyer.


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Hors ligne M 31

Re : Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #2 le: 19 janvier 2015 à 17:01:18 »
Le jugement qualitatif porte en soi une notion forte de subjectivité mais il n'empêche qu'il peut être nourri par des critères objectifs : orthographe, grammaire, syntaxe, vocabulaire. Indépendamment du fond, la forme est un bon critère de sélection. C'est d'ailleurs, pour ce qui me concerne, le premier que j'utilise.

Après, oui, dans le fandom, on trouve de tout et le fait est qu'avec les années, ça ne s'est pas arrangé pour ce qui concerne les critères objectifs que j'énonce ci-dessus. Et si à ça tu rajoutes un fond assez discutable (même si tout est question de goûts), avec le retour d'un phénomène qui avait disparu depuis longtemps dans le fandom StS et que je ne pensais pas revoir un jour (naïve que je suis), à savoir les fics où les persos se violent et se torturent entre eux dans la joie et la bonne humeur, sans oublier des histoires dont l'intérêt est proche du zéro absolu, il arrive effectivement un moment de "sauve qui peut!"  [:lol]

AO3 est un site assez confidentiel où les auteurs francophones (quels que soient les fandoms) qui y publient, sont généralement de "vieux" auteurs (au sens qui font de la fic depuis de très nombreuses années) et de fait, dotés d'une plume plutôt aguerrie, et qui se connaissent tous plus ou moins, directement ou indirectement. Le fait que la fréquentation du site soit très faible comparée à un mastodonte tel que fanfiction.net, que le nombre de lectures et de commentaires soit fatalement en rapport et qu'il n'existe pas de mode d'emploi en français pour le site, contrairement à fanfiction.net, dissuade également les gens les moins "motivés". Du coup, ça peut sembler élitiste - et ça l'est très certainement - mais au moins, on a accès à plus de fics de bonne qualité, qu'on a envie de lire et de commenter, et surtout qui ne sont pas noyées au milieu de n'importe quoi. Et puis comme ça, tout le monde est content, puisque tout le monde finit par trouver l'endroit et l'état d'esprit qui lui convient le mieux.


Je ne vais pas revenir sur la question de l'orthographe et de la syntaxe, filtre "objectif" et très efficace. On est à peu près d'accord. Après, en laissant ( à dessein) de côté tout ce qui relève peu prou d'une forme de pornographie, j'ai souvent du mal, comme lecteur, avec tout ce qui s'éloigne trop de l'univers de base et des caractères qui y sont décrits. Je lis des fanfictions, essentiellement pour prolonger un univers que j'apprécie. Les récits qui font tourner ledit univers ou l'un de ses personnages à 180° par rapport à ce qu'il est relèvent à mon sens d'un exercice de style que je goûte rarement (je vais m'en expliquer plus loin).

Dans ce que j'ai évoqué au-dessus, j'ai pris spécifiquement l'exemple des romances homosexuelles, non parce qu'elles me dérangent en soi, mais parce que beaucoup d'entre elles tombent, je trouve, comme des cheveux sur la soupe, et que je me demande très souvent "mais qu'est-ce que ça vient faire là?", et que les témoignages de celles qui en écrivent expliquent assez bien comment elles y sont arrivées. Je ne suis pas davantage convaincu à la sortie, mais au moins, je comprends mieux l'intérêt de ceux et celles qui en écrivent et qui en lisent.

Mais la représentation de l'homosexualité n'est finalement que l'une des facettes d'une interrogation plus large: pourquoi certains ressentent le besoin de faire déraper l'univers de base parfois très loin de ce qu'il est, et qui a bien dû les attirer d'une manière ou d'une autre?  (L'auteure d' "Une deuxième chance" a sûrement un avis sur la question... ), en positionnant  leur récit dans la catégorie très large de l'univers alternatif.

Pour schématiser, il y a, en gros, trois types de fictions AU:
- L'uchronie: que se serait-il passé, par exemple si l'héroïne avait choisi l'autre sommet de son triangle amoureux, ou si le héros avait pris l'autre option lors de son choix décisif. Variante: mettre en couple deux personnages qui se détestent, ou qui ne se connaissent pas.
Exemple: Et si Harry Potter avait appartenu à la maison Slytherin de Hogwarts?
- Le glissement temporel et/ou génétique: on prend les mêmes personnages en les plaçant dans un référentiel à des années-lumière de l'univers de base. Par exemple: faire de la chorale du lycée McKinley dans Glee un groupe de survivants à une attaque zombie, où placer les personnages dans un contexte historique passé, comme la seconde guerre mondiale, ou la conquête de l'Ouest.
- J'arrive pas à nommer la troisième: en gros, l'auteur reprend les noms des personnages, en changeant à des degrés divers le décor et le passif des personnages, voire les thématiques de l'univers de base. Variante: je projette les personnages cinq ou dix ans dans le futur, et le fossé temporel justifie de s'affranchir en grande partie des personnalités tracés dans le récit originel.


Ici, une mise au point s'impose: les trois catégories que j'expose relèvent chacune d'un procédé narratif connu, usité et reconnu. Il ne s'agit pas d'en condamner l'usage en soi. Certains types de récit sacrifient régulièrement à l'exercice du "what if", où un héros dans les vappes rêve ce qui se serait passé s'il n'avait jamais croisé ses camarades. Castle s'y est plié au début de l'actuelle saison. ça prend souvent la forme un clin d'oeil très appuyé (lire: lourdingue) à  "it's a wonderful life", qui est aux Américains ce que "le père Noël est une ordure" est à la télévision française: une tradition de Noël. Et, pour peu que l'un des personnages ait l'imagination fertile, il imaginera sans peine, le temps d'un épisode, un récit de genre (souvent un polar) où chaque personnage prend le rôle qui correspond à ses attributions d'origine. "Bones" a offert au moins deux variations sur ce thème.

Mais, personnellement, quand une fiction commence par un aparté explicatif sur l'univers choisi, je pars généralement dans la direction opposée. Soit le fil narratif est assez solide pour supporter une translation de cet ordre, et ça ne me gêne pas, soit le Narrateur a besoin de s'extraire de son histoire  pour en justifier les prémices, et c'est une facilité de récit. Ce ne sont pas les vampires, la Seconde guerre mondiale, ou le décor hospitalier qui me posent un problème, c'est que la narration soit trop faiblarde pour le prendre en charge. Alaiya, on l'a déjà évoqué ensemble par ailleurs: le style fait passer beaucoup de choses.

Ceci posé, je voulais m'attarder sur la troisième catégorie: je trouve parfois, dans les fandoms que je fréquente, des récits fort bien tournés, où les couples canoniques de l'univers de base sont respectés, mais où les personnages et les situations sont très éloignés de l'univers de base. Dans ces cas-là, je me dis "mais pourquoi l'auteur a-t-il (elle) ressenti le besoin d'utiliser le référentiel de cet univers? Son récit tiendrait très bien la route de lui-même si on changeait les noms des lieux et des personnages".

Une sorte de syndrome "Fifty shades of Grey", le sadomasochisme en moins.

ça ne surprendra pas grand monde si je dis que rentrent dans ce cadre beaucoup d'histoires sentimentales, de récits de rédemptions et de reconstruction de soi après une épreuve. En un mot, du mélodrame au sens noble du terme.

C'est parfois de la catharsis pur sucre. Une des auteures interrogées dans le documentaire explique très clairement que, quand elle n'utilise pas le prisme d'un univers créé par ailleurs, elle a le sentiment d'écrire une confession à la troisième personne. On pourrait sans doute lui répondre que le prisme d'un quelconque univers fictionnel n'y change pas grand chose. En tant que lecteur, je n'ai pas forcément envie de lire un exercice psychanalytique, même si je serai le dernier à reprocher aux uns ou aux autres de soigner leurs bleus à l'âme une plume à la main.

ça peut aussi être simplement une forme de réserve, ou de facilité. Soit l'auteur n'as pas (encore?) assez confiance pour assumer à lui seul ses envies de narration, soit utiliser deux prénoms au référentiel très clair dans le contexte particulier d'un fandom permet d'indiquer clairement qui sont les héros, et faire l'économie d'un passage plus ou moins long sur le caractère nécessaire de leur passion: il est d'ores et déjà établi.

Et puis, ce genre d'exercice sert souvent, en deuxième lieu, à contenter la midinette intime de chaque lecteur. Peu nombreux sont les exercices du genre où les âmes soeurs ne se retrouvent pas à la fin, histoire de démontrer qu'ils sont faits l'un pour l'autre, quelque soit le lieu, le temps, ou la fréquence vibratoire de l'univers dans lequel elles évoluent. Le Destin est un outil narratif très puissant.

Une dernière parenthèse pour finir: je me suis concentré sur le dernier type de fiction que je proposais, mais je suis parfaitement conscient que ces catégories  peuvent se chevaucher, et que l'aspect cathartique ne se trouvent pas seulement dans le dernier tiroir, mais c'est sans doute celui où il est le plus apparent.
« Modifié: 19 janvier 2015 à 17:27:25 par M 31 »

Hors ligne Alaiya

Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #3 le: 19 janvier 2015 à 19:21:04 »
 
Citer
pourquoi certains ressentent le besoin de faire déraper l'univers de base parfois très loin de ce qu'il est, et qui a bien dû les attirer d'une manière ou d'une autre?  (L'auteure d' "Une deuxième chance" a sûrement un avis sur la question... ), en positionnant  leur récit dans la catégorie très large de l'univers alternatif.

Bonne question, merci de l'avoir posée XD Je précise avant toute chose, que pour ma part, j'ai opté pour un univers altéré plutôt qu'alternatif, en changeant tel et tel détail et en modifiant la timeline. Mais ça reste quand du Saint Seiya (même dans l'esprit, na :o). Alors pourquoi? Je ne vais répondre qu'à l'aune de mon expérience personnelle, je pense qu'il y a autant de raisons que d'auteurs ;) Pour ce qui me concerne, c'est une question d'appropriation: avec les années, je me suis tellement appropriée les personnages et l'univers, ils m'étaient tous tellement familiers que ma très bonne connaissance globale de l'ensemble m'a incitée à en modifier les détails puisque je savais comment les conséquences de ces modifications allaient s'articuler de façon quasi automatique (et logique de mon point de vue). Et cette appropriation passe également par les années accumulées qui ont modifié mon point de vue sur l'oeuvre support. Ce qui m'y attirait *avant* ne m'attirait plus *après*, et à l'inverse, des thèmes qui me passaient largement au dessus par le passé m'ont semblé d'un coup plus intéressants.
Là ou par exemple j'ai pu être fascinée par l'astronomie, les combats ou les armures (enfin... non, pas les armures XD) à un instant t, et bien je ne l'étais plus à l'instant t + X années. C'est dû à l'âge, je pense, et aux centres d'intérêt qui fluctuent. Donc, cette fluctuation implique également vouloir mettre en avant tel ou tel point au détriment de tel ou tel autre. La modification des bases du canon me permettaient, en l'occurrence, de répondre à cette volonté. Je n'aurais pas écrit UDC de la même façon il y a 20 ans, tout comme sans doute je ne l'écrirais peut être pas de la même façon aujourd'hui.

Citer
Mais, personnellement, quand une fiction commence par un aparté explicatif sur l'univers choisi, je pars généralement dans la direction opposée.

Oué, enfin, quand il y est, l'aparté explicatif, hein. Parce que bien souvent, l'auteur ne prend pas cette peine. Et on se retrouve dans des univers alternatifs pour le moins... curieux.

Citer
Ce ne sont pas les vampires, la Seconde guerre mondiale, ou le décor hospitalier qui me posent un problème, c'est que la narration soit trop faiblarde pour le prendre en charge. Alaiya, on l'a déjà évoqué ensemble par ailleurs: le style fait passer beaucoup de choses.

Je partage ton avis sur le style: avec un très bon style, une très bonne écriture, je peux (à peu près) tout accepter. Mais ceci dit, j'ai beaucoup de mal avec les UA tels que tu les cites et généralement je n'en lis pas. Même si c'est bien écrit. Parce que j'ai *quand même* envie de retrouver Saint Seiya. Lorsqu'il n'en reste plus que les personnages, je ne vois pas l'intérêt de l'exercice et je te rejoins de facto là dessus:

Citer
"mais pourquoi l'auteur a-t-il (elle) ressenti le besoin d'utiliser le référentiel de cet univers? Son récit tiendrait très bien la route de lui-même si on changeait les noms des lieux et des personnages".

En effet, souvent, il n'y a tellement plus rien de StS, que franchement... non, je ne peux pas. Toutefois, tu tiens une partie de la réponse, là:

Citer
ça peut aussi être simplement une forme de réserve, ou de facilité. Soit l'auteur n'as pas (encore?) assez confiance pour assumer à lui seul ses envies de narration, soit utiliser deux prénoms au référentiel très clair dans le contexte particulier d'un fandom permet d'indiquer clairement qui sont les héros, et faire l'économie d'un passage plus ou moins long sur le caractère nécessaire de leur passion: il est d'ores et déjà établi.

Bien au delà de la romance elle-même, le fait d'écrire dans une univers existant est une solution de facilité, car les bases sont déjà posées, pas besoin de les expliciter, de les détailler et tout simplement de les travailler.

Pour avoir tâté de l'original au cours des deux derniers Nano, je pense pouvoir dire que créer un contexte, un monde, des personnages de toutes pièces, c'est un tout autre boulot, une toute autre approche, et c'est autrement plus complexe et consommateur d'énergie. Donc, oui, là, j'ai vraiment réalisé que la fanfiction, c'est juste super archi confortable, en fait.


Je repasse plus tard pour la suite, là, j'ai des tâches domestiques qui m'appellent XD


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Hors ligne hugo

Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #4 le: 19 janvier 2015 à 19:46:54 »
Purée, je devrais passer plus souvent par ici, on lit des trucs intéressants :D
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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #5 le: 19 janvier 2015 à 20:18:47 »
Très intéressant, tout ça. Je n'ai, personnellement, pas beaucoup de réponses à donner autres que "j'imagine un truc, l'idée me plaît, je l'écris". Ça peut-être de prendre un univers de référence (mais suffisamment vaste) pour faire une histoire complètement originale, ou de prendre un point de détail obscur et l'approfondir, ou tout simplement d'élargir le point de vue (Yaya aime bien quand ça élargit, voire quand ça dilate les personnages :o) : ayé, l'aventure est finie, la menace éliminée... Que font les héros dix ans après ? Est-ce qu'ils se voient encore ? Le couple "officiel" est-il encore ensemble ?

Ceci dit, je ne lis quasiment jamais les textes des autres, donc si ça se trouve je fais du réchauffé ou je suis à côté de la plaque. [:lol] Mais pour être honnête, je n'ai pas vraiment cure de ce qui se passe après que je publie une histoire. Je voulais la faire, je me suis amusé dans mon bac à sable narratif, et ça me va bien comme ça.
L'important n'est pas de savoir vers où on s'enfuit, mais de savoir ce qu'on fuit.

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Re : Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #6 le: 19 janvier 2015 à 20:41:33 »
Pour avoir tâté de l'original au cours des deux derniers Nano, je pense pouvoir dire que créer un contexte, un monde, des personnages de toutes pièces, c'est un tout autre boulot, une toute autre approche, et c'est autrement plus complexe et consommateur d'énergie. Donc, oui, là, j'ai vraiment réalisé que la fanfiction, c'est juste super archi confortable, en fait.
+1.
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Hors ligne Alaiya

Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #7 le: 19 janvier 2015 à 20:57:43 »
C'est re-moi.

Citer
ça ne surprendra pas grand monde si je dis que rentrent dans ce cadre beaucoup d'histoires sentimentales, de récits de rédemptions et de reconstruction de soi après une épreuve. En un mot, du mélodrame au sens noble du terme.

En même temps, les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu. Plus sérieusement, dans le cadre d'une romance, il faut bien qu'il y ait des difficultés, sinon, il n'y a rien à raconter.

Citer
Et puis, ce genre d'exercice sert souvent, en deuxième lieu, à contenter la midinette intime de chaque lecteur. Peu nombreux sont les exercices du genre où les âmes soeurs ne se retrouvent pas à la fin, histoire de démontrer qu'ils sont faits l'un pour l'autre, quelque soit le lieu, le temps, ou la fréquence vibratoire de l'univers dans lequel elles évoluent. Le Destin est un outil narratif très puissant.

Là, j'avoue et je plaide coupable: le kink "bind souls", j'en mets à toutes les sauces et j'aime ça en plus. Et le Destin, c'est un truc super pratique (et une solution de facilité, c'est vrai).

Après, au sujet de la catharsis: pour ma part, je ne me sens pas concernée, dans le sens où ma vie est cool, tranquille et confortable, et je ne souhaiterais pour rien au monde vivre ne serait-ce que  le dixième de ce que vivent les personnages dans mes histoires. Y a pas marqué "maso", là :o Alors pourquoi écrire (et aimer écrire) du drame, de la tragédie, de la souffrance morale? Je n'en sais strictement rien. Peut-être parce que je ne m'en tire généralement pas trop mal quand j'écris ce genre de trucs, et aussi parce que, quelque part, le fait de souffrir avec les personnages les rapproche plus des lecteurs, que l'inverse.

Citer
(Yaya aime bien quand ça élargit, voire quand ça dilate les personnages :o)

 [:poutpout] [:lol]

Citer
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Mais en même temps, c'est tellement passionnant! Découvrir sa propre histoire et son propre univers, ça a un petit côté jouissif (couché, Rincevent  :o )
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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #8 le: 20 janvier 2015 à 02:16:19 »
Citation de: Alaiya
(...) j'ai opté pour un univers altéré plutôt qu'alternatif, en changeant tel et tel détail et en modifiant la timeline. Mais ça reste quand du Saint Seiya (même dans l'esprit, na :o).

Ah, ça a changé? Je devrais pouvoir exhumer de mes archives quelques déclarations enflammées contre le Saint Seiya Spirit, pourtant. Prends-le comme tu veux, mais je tends à considérer ton boulot avec UDC comme une sorte de "cas-limite", dans la mesure où tu t'es malgré tout  énormément appuyé sur le récit de base en l'adaptant à ta sauce. J'ai eu suffisamment de mal à y entrer la première fois pour m'être accroché aux éléments de mythologie StS que tu avais gardé.

On en reparlera éventuellement. à la base, ma parenthèse était un clin d'oeil, pas autre chose.

Citation de: Alaiya, encore
Bien au delà de la romance elle-même, le fait d'écrire dans une univers existant est une solution de facilité, car les bases sont déjà posées, pas besoin de les expliciter, de les détailler et tout simplement de les travailler.

Ah, mais pour le coup, ça je sais. Et tant qu'à y être...

Citation de: Yaya et Ouv
Pour avoir tâté de l'original au cours des deux derniers Nano, je pense pouvoir dire que créer un contexte, un monde, des personnages de toutes pièces, c'est un tout autre boulot, une toute autre approche, et c'est autrement plus complexe et consommateur d'énergie.

Plus de deux ans que je construis un univers de toute pièce avec BigFire, et on est loin d´avoir fini!
C´est un tout autre bestiau...

Après, c'est surtout vrai dans les univers fantastiques et de SF, je pense. Dans le cas d'une fiction historique, ou contemporaine, le référentiel est plus aisé à manipuler.

Citation de: Toujours Yaya
En effet, souvent, il n'y a tellement plus rien de StS, que franchement... non, je ne peux pas.

Ici, je me permets un intermède "crame ta streetcred en l'arrosant de gazoil": je confesse que parmi les fandoms que j'apprécie, il y en a aujourd'hui peu qui sont des univers fantastique ou de SF. En fait, ce que je dis s'inscrit dans un cadre extrêmement général, et pas dans un fandom particulier. Dans un référentiel "réaliste", il est plus aisé de faire accepter qu'un personnage choisisse une carrière, quitte le décor de l'univers de base. Ou éventuellement imaginer que deux âmes soeurs se rencontrent à l'âge du lycée plutôt qu'au bureau, une variante très usitée. J'en suis réduit à la conjecture, mais j'ai toujours imaginé que c'était un moyen pour les auteurs les plus jeunes de se réapproprier des personnages plus âgés à la base.

Le même genre de réécriture dans un fandom fantastique... Disons qu'en général, la magie ou la technologie est tout de même le viatique d'une philosophie donnée... Si cette philosophie disparait...

Et j'insiste: il n'y a pas forcément QUE des histoires d'amour. Il y a souvent des situations initiales pas très drôles: viol, addiction, conjoint brutal, automutilation, maladie invalidante, pression familiale, homosexualité refoulée... et l'arrivée de l'âme soeur est le plus souvent le catalyseur pour en sortir. J'ai bien dit "mélodrame". Et c'est vrai qu'il est aisé, et tentant de se dire que si l'auteur a choisi CETTE vicissitude de la vie, c'est qu'elle la touche de près. Alors que ça peut être l'exact inverse.

Citation de: Yaya à jamais
Après, au sujet de la catharsis: pour ma part, je ne me sens pas concernée, dans le sens où ma vie est cool, tranquille et confortable, et je ne souhaiterais pour rien au monde vivre ne serait-ce que  le dixième de ce que vivent les personnages dans mes histoires. Y a pas marqué "maso", là :o Alors pourquoi écrire (et aimer écrire) du drame, de la tragédie, de la souffrance morale? Je n'en sais strictement rien. Peut-être parce que je ne m'en tire généralement pas trop mal quand j'écris ce genre de trucs, et aussi parce que, quelque part, le fait de souffrir avec les personnages les rapproche plus des lecteurs, que l'inverse.

Là, je confesse que dans le doute, je suis parti chercher la définition de catharsis dans le dico des genres et notions littéraires. Je ne vais pas recopier ici la définition en entier, mais pour ce que j'en comprends, il y a deux facettes au phénomène. Il y a le côté exorcisme, ou l'auteur créée pour faire la paix avec une partie de son vécu, et il y a le côté purgation: Il s'agit (en gros) de décrire des sentiments dans un cadre de fiction pour ne pas y laisser libre cours en public. La deuxième facette explique bien comment on peut écrire des horreurs sans les avoir vécues, ou voulu les vivre.

A mon avis, la culture et l'expérience rentrent également en ligne de compte. Toute proportion gardée, tu peux lire Bonjour Tristesse à 16 ou 17 balais, et décider unilatéralement que Cécile, c'est toi. Tu peux adorer le bouquin, tomber en pamoison devant Sagan, dévorer  toute sa bibliographie avant de décider de devenir sa digne héritière.

Puis, tu vas prendre un peu de bouteille, faire des études, trouver un job, te faire briser le coeur... Vivre, en un mot. Lire, aussi, pour rendre le premier supportable. Tu vas comprendre qu'il n'y a pas qu'une seule façon d'écrire un grand roman, et sans complètement renier ta Cécile intime, la conserver dans un placard fermé dans un coin de ta cervelle. En clair, plus tu vis et plus tu lis, plus tu as les moyens de prendre tes distances avec un héros de fiction, sans renier la valeur de ce qu'il t'apporte.

Et puis tu l'as dit toi-même: les gens heureux n'ont pas d'histoire... ou plus exactement, ils ont toujours la même.

Au-delà de ces considérations, il n'est pas toujours sain, ni surtout pertinent de chercher les traces de la personnalité d'un auteur dans son travail. Ce n'est pas l'objet de la lecture, et ça enferme une personne bien réelle  dans le carcan de ce qu'elle a de plus libre. Fi donc, le bovarysme compte parmi les droits imprescriptibles du lecteur, pourquoi pas de l'auteur, mais ce n'est pas une grille d'analyse.

Citation de: Rincevent
Ceci dit, je ne lis quasiment jamais les textes des autres, donc si ça se trouve je fais du réchauffé ou je suis à côté de la plaque. [:lol] Mais pour être honnête, je n'ai pas vraiment cure de ce qui se passe après que je publie une histoire. Je voulais la faire, je me suis amusé dans mon bac à sable narratif, et ça me va bien comme ça.

Là, Rincevant, tu plaides ma cause. Contrairement à Alaiya, je ne suis pas persuadé qu'il "y ait autant d'explications que d'auteurs". Disons qu'en la matière, je crois que le hasard rencontre un besoin propre à chacun, certes, dont on peut distinguer de grandes caractéristiques communes. Dans le cas de la fanfiction, la question de l'originalité me parait secondaire. Tu ne lis pas ou peu de fanfiction, mais tu fréquentes des amateurs qui pratiquent, dans un cercle (ce forum) où le seuil d'exigence littéraire est plutôt élevé*. Sans oublier que, pour ce que j'en comprends, tu es toi-même un professionnel du livre.

*Même en remontant à l'ère de Pegasus, je n'ai pas le souvenir d'un membre dont l'orthographe ait été longtemps problématique, quelque soit son âge. Soit ils ont élevé le niveau pour s'intégrer, soit ils sont partis d'eux-mêmes. Il y a bien eu des expulsions, mais jamais sur des questions de forme ou de pertinence.

Citer
(Yaya aime bien quand ça élargit, voire quand ça dilate les personnages :o)

Ce que c'est que d'essayer d'élever le débat sur le fond des choses...

Citation de: Hugo
Purée, je devrais passer plus souvent par ici, on lit des trucs intéressants :D

Vu le niveau de certains textes, faut bien que les retours critiques s'efforcent de les tirer vers le haut. Je vais prendre ta remarque comme un compliment, cela dit.
« Modifié: 20 janvier 2015 à 06:33:46 par M 31 »

Hors ligne Alaiya

Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #9 le: 20 janvier 2015 à 08:04:19 »
Citation de: la galaxie
Ah, ça a changé? Je devrais pouvoir exhumer de mes archives quelques déclarations enflammées contre le Saint Seiya Spirit, pourtant.

C'est fort probable, oui! mais comme dirait l'autre "ça, c'était avant", au début de la rédaction d'UDC, à ce moment où j'étais très détachée de l'univers du canon, avant d'y revenir progressivement au fil de l'écriture, de la construction de l'histoire. UDC s'est étalée sur 6 ans et j'en reviens de fait à ce que je dis plus haut: les points de vue changent. Au cours de l'année N, je disais "Athéna? Jamais!"; au cours de l'année N+6, j'ai dit "Athéna? Ouais, cool!" Et toute cette histoire s'est terminée dans le Saint Seiya Spirit. Comme quoi, fontaine, tout ça...

Citer
Dans le cas d'une fiction historique, ou contemporaine, le référentiel est plus aisé à manipuler.

Pas faux. Quand je vois certaines auteures de fanfiction passées depuis du côté original de la force, je réalise maintenant que tu le dis que l'essentiel de leur production (100 % romance) est placée dans un contexte soit contemporain, soit historique. C'est donc que ça doit être plus "simple" quelque part, même si les contextes historiques nécessitent beaucoup de boulot préparatoire.

Pour ma part, j'ai quand même trouvé ça compliqué, sûrement parce que je n'ai pas fait les choses simplement: contemporain (mais contexte particulier), mâtiné de fantastique. Et c'est bien cette dernière partie qui me pose actuellement le plus de souci. Il me faudrait plus de temps disponible pour me replonger dedans une bonne fois pour toutes, et faire le boulot de world building correctement.

Citer
je confesse que parmi les fandoms que j'apprécie, il y en a aujourd'hui peu qui sont des univers fantastique ou de SF. En fait, ce que je dis s'inscrit dans un cadre extrêmement général, et pas dans un fandom particulier. Dans un référentiel "réaliste", il est plus aisé de faire accepter qu'un personnage choisisse une carrière, quitte le décor de l'univers de base. Ou éventuellement imaginer que deux âmes soeurs se rencontrent à l'âge du lycée plutôt qu'au bureau, une variante très usitée. J'en suis réduit à la conjecture, mais j'ai toujours imaginé que c'était un moyen pour les auteurs les plus jeunes de se réapproprier des personnages plus âgés à la base.

Le même genre de réécriture dans un fandom fantastique... Disons qu'en général, la magie ou la technologie est tout de même le viatique d'une philosophie donnée... Si cette philosophie disparait...

A vrai dire, du coup, si tes interrogations sont légitimes quant au choix de certains auteurs de "déplacer" les personnages d'une oeuvre donnée dans un autre contexte, elles trouvent cependant leurs réponses aisément dans le contexte contemporain/réaliste des fandoms auxquels tu t'intéresses. Honnêtement, faire de l'UA à partir d'univers proches de notre quotidien est "facile" je trouve, tant dans la justification initiale (changement de carrière comme tu dis, par exemple) que dans la construction derrière. Et je pense aussi que c'est aussi plus facile pour le lecteur de l'accepter parce que ses bases familières ne sont pas "tant" bousculées que ça. Ca l'est beaucoup moins à partir d'univers fantastiques, on est bien d'accord là-dessus.

La réappropriation des personnages par les auteurs plus jeunes passe effectivement assez souvent par de la school fic par exemple, mais à vrai dire, ce n'est pas exclusivement l'apanage des auteurs jeunes: j'en connais de mon âge qui ont fait de la school/university fic. Parce qu'à l'inverse, il y a des auteurs "vieux" qui aiment écrire sur des personnages jeunes. A mon sens, il n'existe pas de règles toutes faites à ce sujet et les fandoms en règle générale réservent bien des surprises.

Citer
il y a le côté purgation: Il s'agit (en gros) de décrire des sentiments dans un cadre de fiction pour ne pas y laisser libre cours en public. La deuxième facette explique bien comment on peut écrire des horreurs sans les avoir vécues, ou voulu les vivre.


Oui, en effet, le côté purgation peut s'appliquer. Mais comme tu le dis:

Citer
Au-delà de ces considérations, il n'est pas toujours sain, ni surtout pertinent de chercher les traces de la personnalité d'un auteur dans son travail.

Un auteur devrait pouvoir être capable d'écrire absolument tout, du truc le plus guimauve aux pires horreurs, et c'est l'un des plaisirs de l'écriture: le moyen de créer ou de détruire ce que l'on veut sans avoir à s'en justifier. Pour ma part, je ne juge jamais la personnalité d'un auteur, quel qu'il soit, au travers de ce qu'il écrit, parce que je sais que tout ce que je pourrais en déduire à de très fortes chances d'être totalement faux. Donc un auteur peut écrire des trucs glauques, malsains, tristes, tout ce qu'on veut, et à côté être tout à fait équilibré et avoir une petite vie bien rangée. Chercher des relations de cause à effet là-dedans est effectivement malsain. Je trouve.

Citer
A mon avis, la culture et l'expérience rentrent également en ligne de compte.

Oui, et on en revient à ce que je disais hier soir: on vit, on apprend, on grandit, on lit, on expérimente et fatalement, l'écriture et la façon de voir les choses changent. Et par conséquent:

Citer
En clair, plus tu vis et plus tu lis, plus tu as les moyens de prendre tes distances avec un héros de fiction, sans renier la valeur de ce qu'il t'apporte.

Et donc, dans le cadre d'un travail fandomique, tu deviens plus libre d'en faire ce que tu veux, dudit héros, car tu n'es plus contraint par les règles de l'oeuvre de quelqu'un d'autre, vu que tu disposes dorénavant de tes propres règles/référentiels/limites. A mon sens, tu peux aussi trouver là l'une des raisons qui mènent à l'AU.

Citer
où le seuil d'exigence littéraire est plutôt élevé

*tousse*

Sans rire, va faire un tour sur le fandom Saint Seiya sur fanfiction.net, côté francophone. Juste par curiosité. Tu m'en diras des nouvelles.

L'ère Pegasus, c'était il y a plus de dix ans. Et en dix ans, les choses changent.

Citer
Dans le cas de la fanfiction, la question de l'originalité me parait secondaire.

Je ne suis pas d'accord avec ça. On peut s'appuyer sur une oeuvre-support et faire preuve d'originalité dans le traitement qu'on va lui apporter, que ce soit sur un thème, un personnage, un contexte, bref, n'importe quel élément du canon. C'est ce qui va faire que telle fanfic va sortir du lot, ou faire partie des "aussitôt lues, aussitôt oubliées". Je pense sincèrement qu'il y a un vrai travail de création, même dans une fanfiction.

Citer
Vu le niveau de certains textes, faut bien que les retours critiques s'efforcent de les tirer vers le haut. Je vais prendre ta remarque comme un compliment, cela dit.

Et je pense que Hugo était tout à fait sincère. Cela fait bien longtemps qu'on n'avait pas eu des échanges de ce niveau ;)

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #10 le: 20 janvier 2015 à 23:56:27 »
Ouaip, y avait strictement aucun second degré, j'ai VRAIMENT trouvé ça intéressant [:lol]
- "Pourquoi rejetez-vous les ténèbres ?"
- "Nous ne les refusons pas. Nous vivons plongés dans les ténèbres. Et c'est pourquoi... Nous faisons briller nos lumières !"

Hors ligne M 31

Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #11 le: 23 janvier 2015 à 14:15:06 »
Citer
A vrai dire, du coup, si tes interrogations sont légitimes quant au choix de certains auteurs de "déplacer" les personnages d'une oeuvre donnée dans un autre contexte, elles trouvent cependant leurs réponses aisément dans le contexte contemporain/réaliste des fandoms auxquels tu t'intéresses. Honnêtement, faire de l'UA à partir d'univers proches de notre quotidien est "facile" je trouve, tant dans la justification initiale (changement de carrière comme tu dis, par exemple) que dans la construction derrière. Et je pense aussi que c'est aussi plus facile pour le lecteur de l'accepter parce que ses bases familières ne sont pas "tant" bousculées que ça. Ca l'est beaucoup moins à partir d'univers fantastiques, on est bien d'accord là-dessus.

La réappropriation des personnages par les auteurs plus jeunes passe effectivement assez souvent par de la school fic par exemple, mais à vrai dire, ce n'est pas exclusivement l'apanage des auteurs jeunes: j'en connais de mon âge qui ont fait de la school/university fic. Parce qu'à l'inverse, il y a des auteurs "vieux" qui aiment écrire sur des personnages jeunes. A mon sens, il n'existe pas de règles toutes faites à ce sujet et les fandoms en règle générale réservent bien des surprises.

Et encore, j'ai omis à dessein au moins une déclinaison possible: placer deux personnages issus d'un référentiel réaliste dans le contexte fantastique d'un autre univers. Harry Potter s'y prête fort bien avec le blason de la maison comme indication de caractère. Et ce sans compter les crossovers... Je me rappelle d'un texte qui voyait Myka Bering de Warehouse 13 se rendre en mission dans le lycée de Glee.

Ce sont les certitudes qui nous préparent les plus grosses surprises. En l'absence d'autres indications, conjecturer la personnalité d'un auteur reste un exercice périlleux. Dans le cas de la school fic... Vu la prépondérance de la figure de l'Âme Soeur dans BEAUCOUP d'univers fictionnels, ce n'est pas une si grosse surprise de voir que l'adolescence est la période où cette figure de style devient presque une figure imposée. A 16 ans, le héros/l'héroïne peut croire que ça durera toujours et s'y jeter à corps perdu. Dix ans ou plus après, le destrier du prince Charmant tire une cariole* plus ou moins remplie, qui rend l'exécution de la figure moins crédible. Or, la suspension de crédulité a ses limites.

* Si quelqu'un peut imaginer le versant féminin de cette métaphore, je lui serai reconnaissant.

Citer
Un auteur devrait pouvoir être capable d'écrire absolument tout, du truc le plus guimauve aux pires horreurs, et c'est l'un des plaisirs de l'écriture: le moyen de créer ou de détruire ce que l'on veut sans avoir à s'en justifier.

Tu vas m'accuser de pinailler, mais tes deux phrases se placent dans des champs très différents. Un auteur de romance a le droit de s'essayerse mettre au thriller. De là à dire qu'il en est capable, il y a une marge. Tout le monde n'est pas Kevin Williamson. L'exemple le plus connu est sans doute JK Rowling, qui a reconnu en toutes lettres que c'était pénible de voir ses ouvrages suivants (essentiellement des histoires policières) jugées à l'aune de la réussite de Harry Potter.

Effectivement, c'est sans doute injuste. Mais dans des cas pareils, il est quand même difficile de faire abstraction de l'identité de l'auteur.

Citer
Je ne suis pas d'accord avec ça. On peut s'appuyer sur une oeuvre-support et faire preuve d'originalité dans le traitement qu'on va lui apporter, que ce soit sur un thème, un personnage, un contexte, bref, n'importe quel élément du canon. C'est ce qui va faire que telle fanfic va sortir du lot, ou faire partie des "aussitôt lues, aussitôt oubliées". Je pense sincèrement qu'il y a un vrai travail de création, même dans une fanfiction.

Si la question, c'est le traitement de l'histoire et les thèmes choisis, je suis d'accord. Encore que, si la thématique ou son traitement est à des kilomètres de l'univers de base, j'ai tendance à décrocher. Mais surtout, quand ladite "originalité" repose sur un nouveau personnage surpuissant, ou un McGuffin en forme de couteau suisse... Et j'ai déjà glosé en long, en large et en travers sur les changement d'univers.

Tu en parles fort bien toi-même, d'ailleurs. A un moment, le fil qui raccroche certaines fanfictions à leur univers d'origine devient tellement ténu qu'il disparait. A un moment, il n'est pas illégitime dire à un auteur "Tu calques l'univers de la série sur le tien. ça craint". C'est un ressort qu'on trouve dans beaucoup de mauvaises fanfictions, et dans quelques unes des bonnes. Prendre du recul sur l'univers de base est une bonne chose, surtout si ça permet de mieux en voir les mécanismes, pour les utiliser au mieux dans son propre texte, ou éventuellement les subvertir. Mais pour qui veut a effectivement des velléités narratrices, je suis davantage partisan de la fanfiction comme un exercice de style. Il ne s'agit pas de nier la créativité  d'un auteur de fanfic, mais plutôt de la canaliser.

Pour prendre des exemples connus et reconnus... L'imagination dont son auteur a fait preuve dans l'usage de nombreuuses mythologies ou sa vision d'un Sanctuaire d'Athéna au ralenti 50 ans avec la Guerre Sainte comptent parmi les meilleures qualités de "L'Emergence des Géants". Encore une fois, il faut parfois faire taire la part la plus puriste de son appareil critique (le passage face à ordre ressemble à une scène coupée du premier Tron, et le Temps du Rêve m'a furieusement rappelé un passage de The Authority.) Mais justement: réussir ce genre de greffe sans dénaturer effectivement l'univers de base relève du tour de force qu'on trouve dans les meilleurs fanfictions.  Je conclurai en citant également la facette "général d'armée" de Sion du Bélier, et l'idée que chacune des génération complète de chevaliers d'or comporte son tueur né, pas toujours du même signe, qui montre à quel point il maîtrisait le cadre général, pour pouvoir se concentrer sur  ce genre de détail.

(Black Dragon, si tu passes par là: le paragraphe du dessus est un hommage.)

Je vais peut-être te surprendre, mais réussir à ajouter un gimmick à un personnage existant sans qu'il semble forcé compte parmi les meilleurs indicateurs de réussite d'un auteur de fanfiction. Black Dragon y parvient très bien. A ce titre, le messager à l'armure de chouette dans je ne sais plus quelle série Saint Seiya (c'est dire si j'ai suivi...) m'a semblé désagréablement artificiel).

Citer
Et je pense que Hugo était tout à fait sincère. Cela fait bien longtemps qu'on n'avait pas eu des échanges de ce niveau ;)
Ouaip, y avait strictement aucun second degré, j'ai VRAIMENT trouvé ça intéressant [:lol]

ça doit être le smiley qui m'a induit en erreur...

C'est le webdoc qui a tout fait. Regardez-le, c'est du très haut niveau.

Ah, et j'ai été voir les pages françaises sur Saint Seiya de Fanfiction.net... point taken.
« Modifié: 23 janvier 2015 à 15:04:17 par M 31 »

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #12 le: 13 février 2015 à 14:50:13 »
Je me permets une petite intervention pour noter le fait que ce qui fait la différence entre un fanwork, et donc un fanworker, que l'on aime lire, et son auteur que l'on aime suivre, c'est justement la capacité à faire, à partir d'un univers existant, un univers à soi, se l'approprier, rendre les personnages vivants, vrais.

Et c'est ce que j'aime chez certains auteurs du domaine Saint Seiya. Lorsque je les lis, je vois (car j'ai une lecture visuelle) des vrais êtres vivants, pas des personnages d'animés ou de manga...

Autrement, j'ai eu une vision toute réçente de ce qui peut se faire de pire dans le domaine (viols, violences gratuites, mal écrites et compagnie), je vous tire mon chapeau de continuer à tenter les nouveaux auteurs, car franchement, en ce qui me concerne, ça fait quoi, six mois que je suis dans la fan fiction, à lire et à écrire, et heu...

Ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d'avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l'auras fait.
Robin Hobb

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #13 le: 13 février 2015 à 17:43:14 »
 
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A 16 ans, le héros/l'héroïne peut croire que ça durera toujours et s'y jeter à corps perdu. Dix ans ou plus après, le destrier du prince Charmant tire une cariole* plus ou moins remplie, qui rend l'exécution de la figure moins crédible.

Encore une fois, ça dépend comment c'est fait. Vraiment. Le thème de l'âme soeur se retrouve dans des romans adultes, à toutes les sauces. Et ma foi, quand c'est bien écrit, que le contexte derrière est solide et étayé, ça passe tout seul.

Citer
Un auteur de romance a le droit de s'essayerse mettre au thriller. De là à dire qu'il en est capable, il y a une marge. Tout le monde n'est pas Kevin Williamson. L'exemple le plus connu est sans doute JK Rowling, qui a reconnu en toutes lettres que c'était pénible de voir ses ouvrages suivants (essentiellement des histoires policières) jugées à l'aune de la réussite de Harry Potter.

Effectivement, c'est sans doute injuste. Mais dans des cas pareils, il est quand même difficile de faire abstraction de l'identité de l'auteur.

Ca aurait pu fonctionner si Rowling ne s'était pas fait griller son pseudonyme. Je crois que c'est Robin Hobb qui écrit sous un autre nom des romans d'un tout autre genre que la fantasy. Et quelque chose me dit qu'il y a un paquet d'auteurs qui font exactement la même chose, sauf qu'on ne le sait pas (encore). Mais par contre, il est peut être vrai qu'un auteur est plus à l'aise dans tel genre que dans tel autre, en effet. Mais pour le savoir, il faut essayer ;)

Citer
Prendre du recul sur l'univers de base est une bonne chose, surtout si ça permet de mieux en voir les mécanismes, pour les utiliser au mieux dans son propre texte, ou éventuellement les subvertir. Mais pour qui veut a effectivement des velléités narratrices, je suis davantage partisan de la fanfiction comme un exercice de style. Il ne s'agit pas de nier la créativité  d'un auteur de fanfic, mais plutôt de la canaliser.

Oui, je vois ce que tu veux dire. Toute la difficulté est toutefois de définir à partir de quel moment on considère qu'un auteur s'éloigne trop des clous entre lesquels il est censé rester. Et à mon sens, la limite en question est très fluctuante en fonction de qui la détermine. Par exemple, je pense que ta limite à toi est bien plus proche de la ligne des clous que la mienne. Il ne peut pas exister une seule et unique vérité de ce qui fait, ou ne fait pas, une bonne fanfiction, car cela dépend totalement des centres d'intérêt de chacun sur une même oeuvre-support.

Je suis d'accord avec toi au sujet de l'EdG, sans réserve aucune. J'ai adoré cette fic pour ce qu'elle était, à savoir une fic StS orientée aventure, la meilleure à mon sens dans cette catégorie (qui soit terminée, cela va sans dire). Mais quelqu'un pour qui l'aspect aventure/action n'est pas un critère de choix en terme de lecture, ne l'aimera pas forcément. Combien de fois j'ai lu dans les profils des auteurs de fics "si c'est pour lire des fics action, autant lire le canon"? Or, on peut écrire des fics qui soient axées sur tel ou tel aspect, tout en respectant le canon. Ou à peu près. Il y a une chose qu'il ne faut pas perdre de vue dans la fanfiction: c'est qu'à la base, les gens écrivent de la fanfic pour satisfaire une frustration. Cette dernière peut prendre des visages très différents: tel auteur veut exploiter tel personnages qui a été, à ses yeux, insuffisamment traité dans le canon, tel autre veut combler un point dans le passé, tel autre veut imaginer ce qui se passe après. Partant de ce simple postulat, ceux que ça n'intéresse pas considéreront ces écrits comme inutiles, crétins et hors canon. Mais dans l'histoire personne n'a raison et personne n'a tort.

Tiens, je cite Nectarine, qui est intervenue sur ce sujet aujourd'hui:

Citer
c'est justement la capacité à faire, à partir d'un univers existant, un univers à soi, se l'approprier, rendre les personnages vivants, vrais.

Voilà, elle, c'est ce qu'elle apprécie de trouver. Or, tu as des gens qui, au contraire, ne supportent pas qu'on humanise les personnages (dois-je évoquer le Sacrilège d'Okada qui a osé gratifier Shaka d'un service à thé et en plus - hérésie! - l'a fait s'en servir?), et qui vont se réclamer du canon pour dire que toute autre interprétation est hors des clous. Entre les deux, il y a sûrement un juste milieu, qui n'appartient qu'à ceux qui le définissent et ne saurait être imposé à autrui.

(bon, ça, c'est pour l'aspect objectif des choses. Pour l'aspect subjectif et purement personnel: les UA, j'ai horreur de ça. Je n'en vois pas l'intérêt parce que je reste attachée à certains (pas tous) fondamentaux. De même que je n'aime pas du tout l'OOC non justifié et non assumé. Et tout ce qui est écrit avec deux pieds gauches)

Citer
Ah, et j'ai été voir les pages françaises sur Saint Seiya de Fanfiction.net... point taken.

Edifiant, pas vrai?

Citation de: Nectarine
Autrement, j'ai eu une vision toute réçente de ce qui peut se faire de pire dans le domaine (viols, violences gratuites, mal écrites et compagnie), je vous tire mon chapeau de continuer à tenter les nouveaux auteurs, car franchement, en ce qui me concerne, ça fait quoi, six mois que je suis dans la fan fiction, à lire et à écrire, et heu...

Oh, tu sais, en une douzaine d'années, on est blindé à force. Enfin... presque!
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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #14 le: 13 février 2015 à 17:54:03 »
Ouais, en même temps c'est navrant. Pas tant que la médiocrité du niveau, non, ça après tout...
Mais plutôt ce qui ressort de tout cela. Non mais avec quoi ces gosses ont-elles été éduquées ? Et ont-elle conscience de la violence de ce qu'elles écrivent ? Je sais bien qu'il s'agit de personnages d'animés et de mangas, donc n'existant pas, et j'ai un seuil de tolérance à la violence assez élevé (enfin, en général). Mais là, c'est gratuit, c'est médiocre, cela ne relève pas d'une critique d'une société existant, bref, c'est du néant. Du néant abject qui plus est.

Je vais faire un parallèle avec deux films assez violents, Fargo et la trilogie Hostel, on peut n'en voir que la violence, mais on ne peut nier qu'il y a un aspect critique qui n'est pas gratuit du tout derrière (enfin pour Hostel, je t'avouerai que Fargo, j'ai oublié depuis le temps !)

Enfin... c'est navrant... Et de fait, je fais abstraction. De toute manière, ça va vite de trier, lorsque dans le résumé du truc tu as une faute tous les trois mots (et là je vais de ce pas relire mon intervention, au cas où..), tu évites... A trop simplifier l'écriture et l'expression orale, on simplifie le cerveau ! [:lol]

Bon, je suis fatiguée là et je ne suis pas certaine de m'exprimer correctement...
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Robin Hobb

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #15 le: 15 février 2015 à 01:30:06 »
Citation de: Nectarine
Je me permets une petite intervention pour noter le fait que ce qui fait la différence entre un fanwork, et donc un fanworker, que l'on aime lire, et son auteur que l'on aime suivre, c'est justement la capacité à faire, à partir d'un univers existant, un univers à soi, se l'approprier, rendre les personnages vivants, vrais.
Et c'est ce que j'aime chez certains auteurs du domaine Saint Seiya. Lorsque je les lis, je vois (car j'ai une lecture visuelle) des vrais êtres vivants, pas des personnages d'animés ou de manga...

C'est ce que je cherchais à illustrer plus haut en prenant l'exemple de l’Emergence des Géants. Le point de vue du narrateur de fanfic dévie forcément un peu de l'oeuvre originale, ne serait-ce qu'en changeant la focale de son récit pour la placer sur son personnage ou son couple préféré. De la même manière, et avec le même exemple: s'il faut saluer la minutie des scènes de combat cosmique de Black Dragon, c'est bien lorsqu'il parle du Sanctuaire en temps de paix qu'il me scotche à mon siège. Or, cette facette-là est tellement peu exploitée qu'il faut forcément forger de nouvelles briques narratives de toute pièce pour construire dessus. Il n'y a pas meilleur signe de réussite à mes yeux, que quand un auteur de fanfiction parvient à intégrer dans son récit un élément (personnage, appartements derrière les temples du zodiaque, McGuffin quelconque...) qui lui est propre mais qui s'intègrerait parfaitement dans le canon.

Et, chère Nectarine: permets-toi, permets-toi. C'est cool d'avoir relancé le sujet.

Une question, cependant, Nectarine: quand tu dis que tu "vois des êtres vivants", tu veux dire que  tu aimes les textes consacrés à la vie quotidienne de personnages, ou plutôt que la lecture allume un écran à l'arrière de ta cervelle? C'est juste pour essayer de comprendre. Les deux ne sont pas incompatibles. Pour ma part, emmener un récit épique tel que STS  trop loin dans le trivial et lui donner un référentiel qui ne dépareillerait pas dans un soap opera, je décroche relativement vite. J'ai le souvenir assez net d'avoir démarré UDC après la fin de sa première partie, et quand j'ai enfin rattrapé mon retard, une petite part de mon esprit de lecteur s'est dit "Enfin!"...

(Yaya, mon amie, j'ai suffisamment fait l'exégèse de ta prose pour que tu ne doutes plus des qualités que je lui prête, n'est-ce pas?)

Citer
Encore une fois, ça dépend comment c'est fait. Vraiment. Le thème de l'âme soeur se retrouve dans des romans adultes, à toutes les sauces. Et ma foi, quand c'est bien écrit, que le contexte derrière est solide et étayé, ça passe tout seul.

Le problème des histoires d'âmes sœurs, adolescentes ou autres, c'est qu'elles sont à la fois très faciles à faire, et très facile à rater. Trop souvent, les deux personnages concernés ont des problèmes, mais le narrateur sort la carte "âme soeur", et boucle le récit sur la réconciliation larmoyante sous prétexte que, peu importe le reste, ils ont besoin l'un de l'autre autant que d'oxygène. On est dans la béquille narrative plus que dans l'exploration sentimentale. Je pardonne le mélodrame, pas la facilité d'écriture. .

(C'est probablement pour ça que Sierra et Victor dans Dollhouse reste une de mes romances télévisuelles préférées.)

Citer
Toute la difficulté est toutefois de définir à partir de quel moment on considère qu'un auteur s'éloigne trop des clous entre lesquels il est censé rester. Et à mon sens, la limite en question est très fluctuante en fonction de qui la détermine. Par exemple, je pense que ta limite à toi est bien plus proche de la ligne des clous que la mienne. Il ne peut pas exister une seule et unique vérité de ce qui fait, ou ne fait pas, une bonne fanfiction, car cela dépend totalement des centres d'intérêt de chacun sur une même oeuvre-support.

Je suis d'accord avec toi au sujet de l'EdG, sans réserve aucune. J'ai adoré cette fic pour ce qu'elle était, à savoir une fic StS orientée aventure, la meilleure à mon sens dans cette catégorie (qui soit terminée, cela va sans dire). Mais quelqu'un pour qui l'aspect aventure/action n'est pas un critère de choix en terme de lecture, ne l'aimera pas forcément. Combien de fois j'ai lu dans les profils des auteurs de fics "si c'est pour lire des fics action, autant lire le canon"? Or, on peut écrire des fics qui soient axées sur tel ou tel aspect, tout en respectant le canon. Ou à peu près.

Ma sensibilité me porte effectivement vers des textes qui se nourrissent du canon pour créer leur matière propre. Ça rend sans doute ma limite plus étroite et plus rigide que certains. Mais je pense que mes préférences sont plus larges que ce que tu pourrais croire. Toutefois, l'excommunication n'est pas dans ma nature : si j'ai des goûts particuliers et des opinions tranchées, je crois aussi avoir la divergence plutôt cordiale.

Je le redis : il y a peu de meilleurs signes de réussite d'une fanfiction à mes yeux que de forger un élément narratif (personnage, McGuffin quelconque...) et de réussir à l'intégrer harmonieusement au canon. Je n'ai rien non plus contre le fait d'imaginer des traits de caractère à certains personnages... C'est vrai que les personnages les moins développés se prêtent mieux à l'exercice que le héros ou l'héroïne sur qui la focale est très ajustée.

Pour prendre un (bon) exemple  dans STS, je te recommande chaudement « L'île du Roi Minos », qui doit être disponible chez Peg. 10 chapitres, très peu de combats, encore moins de cosmos, mais c'est une vraie réussite. Sans te spoiler l'histoire, Shun y évoque lors d'un passage introspectif son goût pour le jeu d'échecs, (Daidalos lui aurait enseigné les règles car ça développe la réflexion stratégique), et la partie qu'il joue le distrait de ses idées noires.

Toi-même, Alaiya, tu as "inventé" des familles fondatrices du Sanctuaire. Ben ça passe, parce que ça explique aussi un peu d'où viennent les jeunes gens qu'on entraîne à de venir chevaliers.

Un mot à propos des récits d'actions et d'aventure : Ici se pose la question de la translation d'un univers de son support d'origine vers la narration écrite. Les combats dans des mangas tels que Saint Seiya ou Naruto donnent énormément dans le symbolisme : poses hiératiques, auras totémiques, et impensable d'user d'une technique sans en hurler le nom à l'avance. Or, ce symbolisme, s'il passe plutôt bien dans des médiums d'image comme l'animation ou la bande dessinée, c'est difficile d'en rendre l'intensité dans un récit écrit. De plus, ça devient très vite répétitif.

Là encore, l'inventivité d'un auteur tel que Black Dragon, qui parvient à détourner les capacités des chevaliers pour les utiliser de façon originale n'est pas sa moindre qualité. Mais je suis persuadé que ce n'est pas à la portée de tout le monde.

Entre la prime à l'introspection qui existe sur le support écrit et la prépondérance de l'action et de l'enquête dans les supports vidéos ou bande dessinée, on tient les deux extrémités de la courbe, et c'est à l'auteur de créer une boucle entre les deux. Mais ça demande des efforts et du talent. A mon sens, les tenants du canon « action pure » et les croisés de la plume introspective tels que tu les évoques sont à renvoyer dos à dos. 

Parce que j'ai beau ne pas cracher sur une fanfic bien mélo à cœur, j'ai souvent l'impression que ce sont les mêmes gadgets qu'on utilise. En tête de la liste, je mettrais la vocation artistique plus ou moins contrariée, et la relation pervertie à la famille.

Citer
Il y a une chose qu'il ne faut pas perdre de vue dans la fanfiction: c'est qu'à la base, les gens écrivent de la fanfic pour satisfaire une frustration. Cette dernière peut prendre des visages très différents: tel auteur veut exploiter tel personnages qui a été, à ses yeux, insuffisamment traité dans le canon, tel autre veut combler un point dans le passé, tel autre veut imaginer ce qui se passe après. Partant de ce simple postulat, ceux que ça n'intéresse pas considéreront ces écrits comme inutiles, crétins et hors canon. Mais dans l'histoire personne n'a raison et personne n'a tort.

On écrit d'abord sur les facettes du récit que la narration laisse en friche : accordé. Il existe toute une gamme de possibilités, démultipliée par le nombre de personnages, et tout le monde a ses préférences. Mais ce n'est pas foncièrement le choix d'un personnage qui fait la qualité d'une fanfiction, mais bien le mode de traitement et la plume de l'auteur. On accroche plus ou moins au premier, parce qu'on aime plus ou moins un personnage par exemple, mais ça n'affecte pas le second.

Encore que, parce lorsque tu écris:

Citer
(bon, ça, c'est pour l'aspect objectif des choses. Pour l'aspect subjectif et purement personnel: les UA, j'ai horreur de ça. Je n'en vois pas l'intérêt parce que je reste attachée à certains (pas tous) fondamentaux. De même que je n'aime pas du tout l'OOC non justifié et non assumé. Et tout ce qui est écrit avec deux pieds gauches)


On retombe exactement sur les questions que je posais plus haut: à quel moment le lien entre fanfic UA et son univers originel se rompt-il? Et j'ai l'impression que nos positions respectives ne sont pas si éloignées que ça. Mais savoir jouer AVEC les contraintes de l'univers originel est plutôt un gage de qualité.

Je me permets, moi aussi, de rebondir sur les propos de Nectarine :

Citer
Non mais avec quoi ces gosses ont-elles été éduquées ? Et ont-elle conscience de la violence de ce qu'elles écrivent ? Je sais bien qu'il s'agit de personnages d'animés et de mangas, donc n'existant pas, et j'ai un seuil de tolérance à la violence assez élevé (enfin, en général). Mais là, c'est gratuit, c'est médiocre, cela ne relève pas d'une critique d'une société existant, bref, c'est du néant. Du néant abject qui plus est.

Je suis sur la même longueur d'ondes : un imaginaire, ça se nourrit. A coups de films, de romans, de bande dessinées, de documentaires, de manuels... A un moment, ce qui ressort de la faiblesse d'une construction narrative, c'est l'absence de culture littéraire au sens large (j'ai encore honte de ma première tentative de fanfiction STS). Un ressort narratif, ça se renouvelle,à syntaxe et orthographe égales, on retrouve très souvent les mêmes recettes plaquées sur un personnage en dépit du bon sens (vocation artistique cachée, tensions familiales, homosexualité secrète, etc...). Il y en a des cntaines par fandoms, et à un moment, l'amateur, même éclairé, pète un fusible.
« Modifié: 15 février 2015 à 09:16:02 par M 31 »

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #16 le: 16 février 2015 à 22:49:52 »
Yaya, puisque c'est ainsi que tu sembles être nommée ici et que de ma tablette flambant neuve, je n'ai pas encore réussi a maitriser le copier coller, j'apporte une précision : je parle d'appropriation du domaine, certes, cependant, je garde une exigence, qui est de garder intact l'esprit de départ. Je veux dire par là que si j'accepte une vision qui diffère légèrement du personnage de départ, je n'apprécie pas l'OOC (bien obligée d'accepter une petite différence vu que j'ai une vision et une écriture de Shion et de Manigoldo qui ne correspond pas totalement aux personnages de départ)

M31 :
Lorsque je dis que j'ai une lecture visuelle, c'est que sur les bons écrits, je vois de vrais personnages (j'ai le film qui se déclenche dans mon petit cerveau, et je vois le déroulement de l'intrigue. Et quand c'est vraiment bien, du moins a mon goût, car tout cela est en partie subjectif, je vois des vraies personnes, et non pas des dessins. Cela tient à  la qualité de l'écriture mais aussi à la maitrise du background (je pense que c'est le terme adéquat mais je ne suis pas a l'aise avec l'anglais, bref, la maitrise des personnages) de l'auteur.




Ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d'avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l'auras fait.
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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #17 le: 17 février 2015 à 09:35:08 »
Vu que m'essaie parfois à la fanfiction, je me lance.

A côté des romances, fic classiques et autres, quand j'ai commencé à lire j'ai dès le début porté mon regard sur les croisement. En effet, le cross-over était presque devenu mon style de fic préféré, malgré son importance microscopique.
Mais jusque là, j'ai vu très peu de cross-over et les rares étaient parfois axées humour (surtout avec DBZ vu la totale incompatibilité). Non, je ne parlerais pas de Naruto.
Enfin moi, je n'ai jamais désespéré d'en faire un. C'est même une de mes premières idées.

M-31 a cité l'Ile du Roi Minos. Je confirme, j'avais adoré cette fic, ainsi qu'une autre qui s'appelle Retour aux Sources. Autre fic où "joie, les gold reviennent !!" (je crois qu'aujourd'hui, plus personne ne referait ce genre de fic, hein ?), et dont j'avais beaucoup apprécié les développements.
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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #18 le: 17 février 2015 à 10:12:07 »
Citer
J'ai le souvenir assez net d'avoir démarré UDC après la fin de sa première partie, et quand j'ai enfin rattrapé mon retard, une petite part de mon esprit de lecteur s'est dit "Enfin!"...

(Yaya, mon amie, j'ai suffisamment fait l'exégèse de ta prose pour que tu ne doutes plus des qualités que je lui prête, n'est-ce pas?)

 [:jap] Et ton analyse tombe plutôt juste concernant la première partie, en effet. C'est loin d'être celle dont je suis la plus fière (doux euphémisme) mais je ne la renie pas pour autant, car cela m'a permis d'apprendre, sans oublier qu'elle correspond à une période, un âge, une approche. Ou comment se convaincre qu'on a évolué...

Citer
Pour prendre un (bon) exemple  dans STS, je te recommande chaudement « L'île du Roi Minos », qui doit être disponible chez Peg. 10 chapitres, très peu de combats, encore moins de cosmos, mais c'est une vraie réussite. Sans te spoiler l'histoire, Shun y évoque lors d'un passage introspectif son goût pour le jeu d'échecs, (Daidalos lui aurait enseigné les règles car ça développe la réflexion stratégique), et la partie qu'il joue le distrait de ses idées noires.

C'est de Romain Baudry, ça, non? J'ai le vague souvenir de l'avoir lue au tout début des années 2000 - de même que celle évoquée par Endoktrinator juste au dessous - elle doit faire partie de mes premières découvertes fandomiques. Plutôt pas mal écrite soit dit en passant si je me rappelle bien, mais ça s'éloignait déjà, pour ce qui me concernait à l'époque, de ce que j'avais envie de lire dans le fandom. Plus à cause des personnages que du fond de l'histoire, d'ailleurs. Je viens d'y rejeter un coup d'oeil sur un chapitre pris à la volée: l'effet est assez paradoxal. D'un côté, l'histoire a un côté (très) "daté" dans le sens où on n'écrit plus ce genre de fics depuis longtemps et par voie de conséquence, novateur parce que pour quelqu'un qui arriverait dans le fandom aujourd'hui, ce serait très intéressant à lire. Du moins je pense.

Citer
Or, ce symbolisme, s'il passe plutôt bien dans des médiums d'image comme l'animation ou la bande dessinée, c'est difficile d'en rendre l'intensité dans un récit écrit. De plus, ça devient très vite répétitif.

Je ne l'aurais pas mieux dit! On tient là le défaut essentiel, et récurrent, des fics qui se veulent orientées "action" et dont la très grande majorité des auteurs ont pour souhait de rendre à l'écrit ce qui leur plait à l'écran sans comprendre que, non, ce n'est pas possible. On se retrouve avec des fics rédigées en mode "théâtre" qui se rapprochent plus du script que du format classiquement applicable au "roman" au sens large. Et l'effet rendu est non seulement répétitif mais aussi et surtout parfaitement rédhibitoire à lire: pour ce qui me concerne, j'ouvre, le vois, je referme.

 
Citer
Mais ce n'est pas foncièrement le choix d'un personnage qui fait la qualité d'une fanfiction, mais bien le mode de traitement et la plume de l'auteur.

Je suis on ne peut plus d'accord ça. Et comme je le dis souvent, une très bonne plume peut me faire lire à peu près n'importe quoi, tandis qu'à l'inverse, je ne prêterais pas la moindre attention au meilleur scénario du monde si c'est mal écrit.

Citer
à quel moment le lien entre fanfic UA et son univers originel se rompt-il? Et j'ai l'impression que nos positions respectives ne sont pas si éloignées que ça. Mais savoir jouer AVEC les contraintes de l'univers originel est plutôt un gage de qualité.

Pour moi, il est rompu dès que le changement d'univers implique en sus la modification des caractérisations des personnages ce qui, dans le cas des UA, se produit 9 fois sur 10. Je peux accepter de lire un UA si je vais, a minima, y retrouver les personnages que je connais. Dans le cas contraire, c'est niet. Et je considère par ailleurs que c'est là un moyen un peu trop commode pour l'auteur de faire de l'original sans en assumer les contraintes essentielles. Et en tant que lectrice, j'ai systématiquement l'impression d'être prise pour un pigeon quand on me sert ce genre de choses.

Et dans le fond, si en sus je suis attachée à l'univers (ce qui est le cas pour StS), non, l'UA... non, je ne peux pas.

Endoktrinator > les crossovers: ben étrangement, je suis plus "ouverte" à un crossover qu'à un UA. Mais le fait est que réussir un bon crossover est une mission on ne peut plus délicate: je n'en ai jamais vu de vraiment réussi, et je doute fort d'en voir un jour.


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Re : Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #19 le: 17 février 2015 à 11:44:40 »

On retombe exactement sur les questions que je posais plus haut: à quel moment le lien entre fanfic UA et son univers originel se rompt-il? Et j'ai l'impression que nos positions respectives ne sont pas si éloignées que ça. Mais savoir jouer AVEC les contraintes de l'univers originel est plutôt un gage de qualité.

Je vois bien ce qu'est un univers alternatif, et je pense qu'il faut être plutôt bon dans la connaissance de l'univers originel et dans l'écriture pour produire un bon roman, avec des personnages existants et caractérisés correctement. Je prends pour exemple les tonnes de "chevaliers à la fac", où effectivement, les auteurs s'essayent au travail original sans trop avoir à se fatiguer pour trouver des personnages.



Je suis sur la même longueur d'ondes : un imaginaire, ça se nourrit. A coups de films, de romans, de bande dessinées, de documentaires, de manuels... A un moment, ce qui ressort de la faiblesse d'une construction narrative, c'est l'absence de culture littéraire au sens large (j'ai encore honte de ma première tentative de fanfiction STS). Un ressort narratif, ça se renouvelle,à syntaxe et orthographe égales, on retrouve très souvent les mêmes recettes plaquées sur un personnage en dépit du bon sens (vocation artistique cachée, tensions familiales, homosexualité secrète, etc...). Il y en a des cntaines par fandoms, et à un moment, l'amateur, même éclairé, pète un fusible.

Un imaginaire, ça se nourrit, c'est sûr, mais pas seulement de lectures ou de visionnages de films. La vie réelle est une bonne manière de faire travailler l'imaginaire. Observer autrui peut être passionnant, ou hilarant, parfois. Et la construction narrative est un exercice assez difficile. D'un point de vue personnel, j'aime cela, mais je me rends compte que ça n'est pas apprécié plus que ça (après, ça peut aussi tenir au sujet). Et pour rebondir sur ta honte de ta première tentative de fan fiction, en ce qui me concerne, j'ai supprimé la mienne qui englobait un bon nombre de poncifs imaginables. Bref.
Il est par ailleurs dommage, et dommageable de ne trouver que des photocopies sur ce type de sujet. Les fictions originales ne sont guère nombreuses.

Où trouve-t-on l'île du roi Minos ? j'ai des tonnes de choses à lire, mais ma foi, cela peut se rajouter au reste.

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #20 le: 17 février 2015 à 11:47:00 »
Sur ce site.

Il faut farfouiller un peu, visiblement, il n'y a pas de liens dédiés.

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #21 le: 17 février 2015 à 11:48:33 »
L'important n'est pas de savoir vers où on s'enfuit, mais de savoir ce qu'on fuit.

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #22 le: 17 février 2015 à 13:21:37 »
Merci à vous deux. je pense que je vais mettre ça sur le dessus de ma pile (après avoir fini "Les aventuriers de la mer" et "L'assassin royal". Il me reste 8 volumes, mettons une semaine  [:lol] )
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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #23 le: 24 février 2015 à 00:54:57 »
Citation de: Alaiya
J'ai le vague souvenir de l'avoir lue au tout début des années 2000 - de même que celle évoquée par Endoktrinator juste au dessous - elle doit faire partie de mes premières découvertes fandomiques. Plutôt pas mal écrite soit dit en passant si je me rappelle bien, mais ça s'éloignait déjà, pour ce qui me concernait à l'époque, de ce que j'avais envie de lire dans le fandom. Plus à cause des personnages que du fond de l'histoire, d'ailleurs. Je viens d'y rejeter un coup d'oeil sur un chapitre pris à la volée: l'effet est assez paradoxal. D'un côté, l'histoire a un côté (très) "daté" dans le sens où on n'écrit plus ce genre de fics depuis longtemps et par voie de conséquence, novateur parce que pour quelqu'un qui arriverait dans le fandom aujourd'hui, ce serait très intéressant à lire. Du moins je pense.

C'est vrai que c'est assez ancien, et peut-être existe-t-il des "modes" successives au sein d'un fandom. le retour des héros dépourvus de leurs cosmos était un thème très commun quand j'ai commencé à m'intéresser à celui de Saint Seiya. Sans doute justement parce que les priver de ce qui fait d'eux des demi-dieux est un bon moyen, et simple à mettre en oeuvre, de mettre en avant leur humanité. De plus, si tu retires les chevaliers d'or, les chevaliers qui restent au Sanctuaire durant Hadès se comptent sur les doigts d'une main, et ils sont fort peu creusés.

Il ne faut pas non plus oublier qu'il n'y avait ni épisode G, ni Tenkai Hen, ni Omega à l'époque. Ce sont des contraintes en plus pour qui veut écrire une fanfiction canonique, et bon nombre d'auteurs que j'apprécie envoient allègrement paître les dernières livraisons officielles. Pas seulement par flemme, ou parce qu'elles rajoutent des contradictions à un univers qui n'en manquait pas à la fin des années 80, mais simplement parce que le lien émotionnel à ses fils narratifs est inexistants pour eux.

Puisque tu évoques le style "daté" de la fic de Romain Baudry, je remarque également que les textes rédigés en successions de point de vues personnels sont aussi de moins en moins nombreuw. ça aussi, c'est une technique facile à mettre en oeuvre  et difficile à réussir.

Citation de: Nectarine
Je vois bien ce qu'est un univers alternatif, et je pense qu'il faut être plutôt bon dans la connaissance de l'univers originel et dans l'écriture pour produire un bon roman, avec des personnages existants et caractérisés correctement. Je prends pour exemple les tonnes de "chevaliers à la fac", où effectivement, les auteurs s'essayent au travail original sans trop avoir à se fatiguer pour trouver des personnages.

Je cite Nectarine, car il me semble que nous sommes tous les trois à peu près d'accord. A quoi bon prendre appui sur un univers existant si c'est pour calquer sans sommation ni explication ses propres lubies dessus? A moins, encore une fois, de se trouver dans un exercice de style du type "What if". Par exemple, que serait-il advenu de Shun et Ikki s'ils n'avaient pas échangé leurs places au moment du choix des camps d'entraînements?

Or, dans de très nombreux univers fictionnels, le caractère nécessaire d'un développement (le Destin, quoi), est tellement souligné que l'exercice devient périlleux. On peut débattre des heures que Shun, est né pour être le chevalier Andromède, et que le caractère d'Ikki qui le pousse à prendre la place de son frère n'est qu'un catalyseur qui le mène vers la bonne armure.

Pour reprendre à ta question, Nectarine, background pourrait sans doute se traduire par "passif" ou "mythologie", dans un cadre narratif. Et la maîtrise du background d'un personnage ou d'un univers est effectivement essentielle pour écrire une bonne fiction, qu'elle soit UA ou non. Et quand je dis "maîtrise", j'entends non seulement connaître les détails de cette mythologie, mais également en comprendre le sens. Or, c'est quelque chose qui échappe à beaucoup d'auteurs de fanfic.

Je vais prendre un autre exemple dans un univers qui n'a absolument rien à voir. Mettons que j'aie envie d'écrire une enquête de Sherlock Holmes, et de faire intervenir Irene Adler. Pourquoi pas, après tout? Elle pourrait revenir à Londres solliciter les services du locataire de Baker street ou que sais-je encore. Je sais ce qui s'est passé  dans "un scandale en Belgravie". Je sais que Holmes est fasciné par la jeune femme. Mais tous les lecteurs assidus du détective anglais me jetteraient des pierres s'il me venait l'idée de les mettre au lit ensemble. Pourquoi? Parce que Holmes est un pur esprit, et que la connexion sincère qu'il ressent avec la jeune femme tient davantage à la perspective qu'ils partagent qu'à une quelconque attirance physique. Il ne peut, voire, il ne DOIT rien se passer entre ces deux-là.

(NDLR: c'est mon interprétation de la nouvelle d'Arthur Conan Doyle, pour illustrer un point bien précis. Pas le début d'un débat sur l'oeuvre originale et ses réinterprétations successives)

Tout ça se résume de façon  assez simple: ce n'est pas parce qu'on PEUT tout imaginer dans une fanfiction qu'on DOIT tout écrire.

Citation de: The Endoktrinator
A côté des romances, fic classiques et autres, quand j'ai commencé à lire j'ai dès le début porté mon regard sur les croisement. En effet, le cross-over était presque devenu mon style de fic préféré, malgré son importance microscopique.
Mais jusque là, j'ai vu très peu de cross-over et les rares étaient parfois axées humour (surtout avec DBZ vu la totale incompatibilité). Non, je ne parlerais pas de Naruto.
Enfin moi, je n'ai jamais désespéré d'en faire un. C'est même une de mes premières idées.

Le crossover est un bon exemple du pourquoi et comment il faut très bien maîtriser les univers de base afin de les faire coïncider un minimum. Endoktrinator (joli pseudo, soit dit en passant), je suis persuadé que, si de nombreux crossovers sont axés sur l'humour, c'est bien à cause du décalage des univers qui les composent, et qu'il est plus facile d'articuler ce décalage dans l'humour que de chercher l'harmonie entre des univers où elle est difficile à trouver.

Citation de: Nectarine
Un imaginaire, ça se nourrit, c'est sûr, mais pas seulement de lectures ou de visionnages de films. La vie réelle est une bonne manière de faire travailler l'imaginaire. Observer autrui peut être passionnant, ou hilarant, parfois. Et la construction narrative est un exercice assez difficile. D'un point de vue personnel, j'aime cela, mais je me rends compte que ça n'est pas apprécié plus que ça (après, ça peut aussi tenir au sujet).
Il est par ailleurs dommage, et dommageable de ne trouver que des photocopies sur ce type de sujet. Les fictions originales ne sont guère nombreuses.

C'est vrai que quand je disais qu'un imaginaire se nourrit, je pensais davantage construction narrative que création de personnages et de situations, encore que les deux soient effectivement indissociables. Par contre, je m'inscris en faux sur le fait ce ne soit guère apprécié.

Je vais tenter un parallèle sans doute acrobatique, mais... Je ne suis guère cinéphile, au sens le plus pointu du terme. C'est-à-dire que je peux voir un film, en apprécier le récit, mais sans être réellement capable de pointer ce qui fait qu'une scène singulière me scotche effectivement à mon fauteuil. Or, cela tient à une alchimie entre les mouvements de la caméra, le jeu des acteurs, la photographie des lieux de tournage dont je ne saisis que les mécanismes les plus grossiers, quand j'en saisis un. Or, cette « myopie stylistique » ne rend pas les effets de mise en scène moins opérants. On pourrait même arguer qu'elle les renforce. Après tout, un tour de magie dont on connait l'astuce ne nous émerveille plus.

De la même manière, quelqu'un qui a une large culture littéraire finit par reconnaître la manière dont le scénariste ou l'auteur tisse les fils de la narration afin d'obtenir un effet donné, et plus le motif est soigné, plus le lecteur est tenté de se glisser dedans, et ce, même s'il le reconnaît de loin.

(Umberto Eco a écrit des pages très détaillées sur la question)

Ce que je cherche à dire, c'est que les effets de styles qui te valent quelques suées ne sont pas forcément perdus sur ceux qui sont incapables de les reconnaître pour ce qu'ils sont, au contraire. Et les amateurs éclairés t'en sont sans aucun doute silencieusement reconnaissants. Les fictions originales... Encore une fois, ça demande du talent, et surtout des efforts, et du temps, que beaucoup ne prennent pas. Ensuite (et je sais qu'Alaiya et moi ne sommes pas d'accord là-dessus), l'originalité est parfois secondaire à mes yeux. Je préfère un récit de genre balisé mais maîtrisé qu'une acrobatie narrative, potentiellement impressionnante  mais totalement ratée.

Ping :

Citation de: Nectarine
Et pour rebondir sur ta honte de ta première tentative de fan fiction, en ce qui me concerne, j'ai supprimé la mienne qui englobait un bon nombre de poncifs imaginables. Bref.

Pong : Je n'avais écrit que deux ou trois chapitres, pas très long (comprendre : moins de dix pages), avec narrations successives à la première personne, essentiellement parce que c'était ce que je lisais le plus à l'époque. Rien à voir avec leurs successeurs alors que c'est exactement la même idée qui préside.

Plus sérieusement, les uns et les autres: avez-vous pris le temps de jeter un oeil au webbdoc?
« Modifié: 24 février 2015 à 01:00:16 par M 31 »

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Re : Webdoc Citizen Fan ou "le fanwork: pourquoi, comment?"
« Réponse #24 le: 03 avril 2015 à 14:15:03 »
Ahum, j'ai ouvert la chose et lorsque j'ai vu qu'il s'agissait d'un documentaire, j'ai fermé. Je préfère l'écrit...
Ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d'avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l'auras fait.
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