Etant totalement novice en matière de séries US actuelles, je me suis tout récemment penché sur True Detective. Globalement j’ai trouvé la première saison plutôt bonne, avec 2 acteurs principaux très convaincants et talentueux. Par contre, par moments, je me suis posé la question suivante : cette scène de drogue ou de cul est-elle vraiment nécessaire? Cela ne constitue-t-il pas une forme de racolage destiné à concurrencer les autres séries tout aussi transgressives au niveau de l’image et de la morale? Est-ce si compliqué que ça de créer un scénario fort et complexe sans montrer ni nichon ni seringue? Un peu comme les clips de pop / rap / dance qui montrent du uc à tour de bras comme pour diluer la capacité de jugement des gens. Ca me fait le même effet.
Par exemple, dans l’épisode 2
Marty trompe sa femme, rejoint sa maîtresse, ok, mais on n'était pas obligés de la voir à poil en train de lui pomper le dard, j'veux dire, que l'on sache que c'est sa maîtresse devrait être suffisant.
L’épisode 4 quant à lui
se résume à du junkie en vadrouille avec concours de lignes, la grosse artillerie de stups pour faire visual shock. J’ai bien failli arrêter après le 4, tant ça ne semblait aller nulle part et tirer sur les leviers habituels pour donner le change.
L'épisode 6 tombe dans l'autre travers
: le cul pour le cul, bien gratos et bien explicite, sur fond de vaudeville de pacotille. Avec cette superbe réplique de la pouf roulant sa bouclette entre les doigts, et qui mérite un oscar : "i want you to fuck me in the ass". Du grand art
Bref, de bonnes choses, 2 supers acteurs, en gros une énigme bien menée avec quelques tiroirs, mais concernant les scènes ci-dessus : était-ce nécessaire à l'ambiance de la série, ou était-ce des artifices grossiers tentant maladroitement de servir d'alibi à un quelconque enchaînement logique? J'ai du mal à répondre à cette question.
Voir de la défonce ou du cul dans l'absolu ça ne me gêne pas outre mesure, c'est juste que parfois j'estime (appréciation perso) ça justifié, et d'autres fois non. J'ai vu Trainspotting ou Requiem For a Dream par exemple, et j'ai pas moufté. Mais parfois j'ai la sensation que la scène tombe comme un cheveu sur la soupe, et lorsque je m'aperçois que l'histoire n'avance pas, ça me fait penser qu'il fallait de la scène sulfureuse... alors on a mis ça là. Après c'est sûr que s'il on posait la question aux créateurs des séries/films dans lesquels ça arrive, ils trouveraient toujours un tas de bonnes raisons artistiques pour justifier leur choix. Ils n’iraient pas se tirer une balle dans le pied et dire, dans le cas où mon sentiment viserait juste, "oui là c'est vrai qu'on a tapiné".
Je ne compte pas créer une nouvelle secte de puritanisme échevelé je vous rassure. J'estime juste que certaines techniques de "vente" s'immiscent dans le truc, et ça me gonfle. Game Of Thrones a aussi une réputation de racolage intensif – je n’en ai jamais regardé. Je répète simplement ce que j'en entends. Peut-être banalise-t-on beaucoup de choses totalement incongrues dans certains cas, que ça en devient une norme, et du coup on ne se demande même plus ce que ça fout là.
Les limites d'âge conseillées pour les films/séries vont aussi dans ce sens ; True Detective est déconseillé aux moins de 12 ans…
sérieusement, je ne pourrais pas montrer un truc pareil à mon fils de 12 ans, ça lui vrillerait la tête.
Je ne suis pas en train de dire que ceux qui aiment ont tort d'aimer, car il y a un paquet d'autres raisons qui font de ces séries/films des oeuvres travaillées. Globalement True Detective S1 ça l'a quand même bien fait, et ce rôle de Rust était bien jouissif, bien décalé, limite mystique, avec un faux côté jenfoutiste. Mais voilà, ils n'ont pas pu s'affranchir d’une sorte de cahier des charges des séries « pour les grands ». Et c'est ce qui me fait flipper avec l'adaptation prévue de "Fondation" par HBO... Le Mulet sera un toxico et Arkady chevauchera du chibre... j'espère que j'exagère
Après on me rétorquera à raison qu’à l’époque du sexe facilement accessible, on pourra difficilement accuser une série avec un peu de cul d’être racoleuse, d'en proposer pour attirer la clientèle, puisque le vrai X est disponible en un ou deux clic sur internet. Mais du coup ce qui me dérange dans ce raisonnement c'est que par définition on ne pourrait plus jamais rien trouver de racoleur, hormis le film de boules en lui-même, qui deviendrait racoleur ; ou le snuff movie en lui-même qui deviendrait "vraiment violent". On atteint le bout du bout de la logique.
Ca doit être, finalement, une question de résistance et de régularité d'exposition. A force d'enquiller les scènes choc, la limite fictionnelle du supportable recule, jusqu'à atteindre le bout, à savoir le réel.