Ne pas le faire engendrera plus de frais : frais de santé publique pour soigner les victimes des canicules, frais d'électricité pour faire fonctionner des climatiseurs, notamment.En intégrant l'albédo des surfaces aux mesures de lutte contre le réchauffement climatique, on réalise donc des économies.
La douche avec la casserole, ça remet les idées en place »Ravitaillée par camion-citerne, Seillans, dans le Var, limite la consommation d’eau à 150 ou 200 litres par personne et par jourSofia FischerSeillans (Var) - envoyée spéciale - Partout, la végétation jaunit. Sous les pieds, la terre crisse. Même les oliviers, pourtant reconnus pour leur robustesse face au manque d’eau, se recroquevillent. La source du Baou-Roux et le forage dans la nappe phréatique, qui alimentent la commune de Seillans (Var), sont à sec. Une partie du village a dû limiter sa consommation à 150 litres par personne par jour, début mai. Depuis fin juillet, les quartiers qui étaient jusqu’alors épargnés doivent, eux aussi, économiser au robinet : 200 litres maximum par personne par jour pour les plus chanceux.Dans les maisons, des bassines en plastique sont disposées dans les éviers pour récupérer l’eau de cuisine et de vaisselle. Elise Dartmour, artiste et enfant du pays, s’est mise à récupérer l’eau des pâtes. « Il faut que les gens comprennent qu’un jour, ils ouvriront le robinet, et il n’y aura plus d’eau. » Les mesures de plus en plus coercitives visent à éviter ou, au moins, à retarder le pire : la coupure totale. A Bargemon et à Ollières, deux autres communes du département, l’eau est même devenue impropre à la consommation car les nappes étaient trop asséchées et les pompes, en raclant le fond, prélevaient aussi des sédiments.Sur la colline, Daniel, 77 ans, vide les 8 000 litres de son camion-citerne dans la réserve d’eau de Seillans. Acheté pour l’occasion par la communauté de communes, le véhicule zigzague six fois par jour sur les hauteurs du village pour ravitailler le bâtiment rectangulaire depuis une borne incendie de la ville voisine, qui dépend d’un autre cours d’eau, la Siagnole . Cet ancien routier se réveille à 4 heures pour remplir son camion à la borne de Fayence, en contrebas.« Pas très loin de la rupture »A l’entrée du château d’eau, comme un signe de dernier espoir, trône un oratoire. Mais à la mairie, le constat est sans appel : vu la vitesse record à laquelle baisse le débit de la Siagnole, elle ne tiendra peut-être pas le coup avec l’arrivée des touristes d’août. L’été, le village attire des visiteurs du monde entier et double sa population.Pour les quartiers soumis aux restrictions les plus strictes, 150 litres par personne, c’est de quoi faire tourner une machine, cuisiner, et prendre une douche. Sur l’en-tête des courriers envoyés aux usagers, la mairie a choisi cette citation : « Quand tu portes ton propre seau d’eau, tu connais la valeur de chaque goutte ». Afin de préserver la continuité du service public, « seul un partage équilibré de l’eau permettra de décaler voire d’éviter les coupures », précise la lettre. Le sens de l’effort et du partage, c’est les mots que martèle René Ugo, maire (sans étiquette) de Seillans.A ses côtés, le directeur de la régie des eaux, Eric Martel, est sur le pont. Il ne partira en vacances « que quand il pleuvra ». Ses équipes techniques surveillent quotidiennement les niveaux et décident de la répartition de la dotation en eau pour les huit communes qui dépendent de la Siagnole. Le week-end du 14 juillet, déjà, Eric Martel l’a vécu dans l’angoisse : « Il y a eu un pic, on n’est pas passé très loin de la rupture. »La mairie s’est retrouvée obligée de surveiller les consommations. Pour les foyers qui dépassaient l’allocation autorisée, une « pastille » qui réduit de six fois le débit d’eau est installée. Dans leur maison au sud de village, les Caporossi en ont fait les frais, en juin. Désormais, impossible de prendre une douche pendant qu’une machine tourne ou d’allumer deux robinets en même temps. La piscine, dont l’eau s’évapore, se vide. Ghislaine maintient juste un petit carré de fleurs avec l’eau du Jacuzzi que le couple n’utilise plus. « Au départ, on n’avait pas compris, assurent-ils. Et puis, 150 litres d’eau, c’est vraiment abstrait : on ne sait pas vraiment ce qu’on consomme. »1 500 euros par semaineAux habitants qui pestent sur une « mauvaise gestion du réseau » , le maire a préparé sa réponse : une entreprise a été mandatée pour colmater les fuites. « Les gens ne veulent pas voir que le changement climatique, ce n’est plus à l’autre bout du monde, chez les autres. C’est là. Nous sommes les premiers à vivre ça en France, et cela va se généraliser » , prédit l’élu. En quelques semaines, il est devenu spécialiste des nappes et des sources du coin, dont il connaît désormais les emplacements et les débits par cœur. Mais les habitudes sont longues à se mettre en place, et le temps presse. « Seillans est un laboratoire de ce qui arrive pour les autres. »Malgré l’impression initiale d’avoir été sanctionnés comme des mauvais élèves, les Caporossi se plient aux restrictions de bonne grâce. Ils limitent les douches, récupèrent l’eau de cuisson, ont abandonné l’arrosage du jardin. « La situation est terrible, concède Ghislaine, on doit tous faire notre part. » Mais comme beaucoup d’habitants, ils ont le sentiment « que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne ». Sur les hauteurs, des maisons secondaires plus grandes que la leur font grimper le compteur jusqu’à 20 000 litres par jour, soit plus de cent fois la limite autorisée. La mairie a compté encore six à sept cents maisons à « pastiller » dans les huit communes. Une amende de 1 500 euros par semaine est prévue pour les abus, « mais certains ont l’impression que l’argent permet de tout acheter » , estime la mairie.« Ce n’est pas possible d’avoir une petite mamie dans le village qui utilise 60 mètres cubes par an et des villas qui pompent deux cents fois ça pour arroser leurs gazons pour deux semaines de vacances par an, concède M. Martel. 1 500 euros, pour certains, ce n’est rien, alors que prendre sa douche avec une casserole, ça, ça remet les idées en place. » Les gîtes et hôtels du coin n’ont pas été soumis aux restrictions, même si certains demandent aux clients de faire attention. Bruno, un voisin des Caporossi, a dû abandonner son potager à contrecœur : « Quand je regarde mes plants mourir en entendant les gens dans les gîtes autour sauter dans les piscines toute la journée, c’est vraiment dur. »
(et ça sera pas avant cet automne quoi si tout va bien.)
Vous avez jamais vu (ou lu) Manon des Sources genre?
Il y a un truc qui me chiffonne : 150 l/j/personne, c'est le ratio moyen normal de consommation d'eau potable en France en fait. 200 l/j/personne dans certaines villes / régions mais pas plus. Donc, fixer ce ratio ne me semble pas être synonyme d'économies... J'ai entendu sur d'autres canaux un ratio de 150 l/j/foyer ce qui en l'occurrence est autrement plus contraignant, par contre. A clarifier, donc.
potentiellement des changements d'usage.
J'aurais tendance à soupçonner que tout ceux qui ont leur grosse maison (construite dans les bois de manière plus ou moins légale, difficile d'accès pour les pompiers et logiquement plus exposée aux feux de forêt) avec piscine énorme youpi tralala on s'en fout on a du blé ne sont pas du genre à surveiller les dépenses et encore moins l'impact écologique.
Non parce que pleins de gorets pauvres ça peut avoir autant voire plus d'impact que quelques gros porcs extravagant.