Ca dit des conneries donc.
La forme de l'eau:Pas mauvais, même si ça ne méritait probablement pas l'Oscar (faut voir ce qu'il y avait en face, cela dit). Dans le fond, il n'y a quand même rien de bien neuf depuis la belle et la bête. Bien sûr là on parle d'une créature aquatique qui ne deviendra jamais un prince charmant, mais ça reste du classique même pour Del Toro (cf Abe Sapiens et sa copine dans Hellboy 2).En parlant de lui, ce film m'a donné l'effet d'être le plus impersonnel de sa filmographie. Impersonnel c'est sûrement un peu fort, mais c'est le film où il s'inspire le plus d'autres cinéastes. C'est du Tim Burton pur jus pour l'ambiance années 50/belles bagnoles/ lumières colorées et tout ce qui touche à la vie privé du méchant, tandis qu'il y a du Jeunet et du Gillian pour l’héroïne et son immeuble délabré, avec une petite touche de Dancer in the Dark pour le côté handicap/boulot ingrat et solidarité féminine. Mais, encore une fois, mieux vaut parler d'hommage que de plagiat. Pis bon, quel réalisateur n'a jamais reprit telle ou telle scène chez un de ses confrères? En conclusion: bon film, bien interprété, mais pas le meilleur du réalisateur.
Chrysos a raison
Spoiler (click to show/hide)Dès le départ, on sait que l'héroïne muette et l'Amphibien vont se lier. Et on se doute bien que les cicatrices au cou (que l'on ne voit qu'à une ou deux reprises : il me semble qu'on ne les voit pas dans la scène d'amour). La muette, celle qui a littéralement, du mal à communiquer avec autrui, trouve son âme soeur dans une figure d'altérité radicale, quin'arrive pas à se faire comprendre. ça, je suis preneur. Par contre, la pirouette des branchies à la fin, ça aurait mérité une explication au-delà du symbole. Est-ce qu'Elisa est elle-même une amphibienne? (Auquel cas on se rapprocherait plus d'un "livre de la jungle urbaine" :- )Sont-ils une espèce? Une sorte de chaînon de manquant? Est-ce un alien? (Pourquoi pas?)Le gardien magique/divin du fleuve dans lequel on l'a trouvé en Amérique du Sud? Une créature élémentaire? Je trouve que le film passe beaucoup de temps sur la collègue et le voisin, alors qu'on pourrait supprimer l'un des deux au profit d'un petit quart d'heure explicatif sur la nature exacte de la créature. D'aucun argueront (non sans raison :- ) que ce n'est pas le propos, voire que, de toute façon, Del Toro n'aime pas prêter d'origines à ses monstres. Mais il est là, mon problème: sans explication sur la nature de l'Autre, on pourrait remplacer l'Amphibien par un zombie, un vampire, un alien ou un robot et faire le même film. Or, l'esthétique du film (même si elle est archi-référencée, je n'en disconviens pas) repose beaucoup sur la place de l'eau. Donc le choix d'un cousin d'Abe Sapiens n'est pas neutre.
D'ailleurs, Chrysos, c'est le même acteur, Doug Jones, qui incarne l'Amphibien dans The Shape of Water, Abe dans Hellboy et (dans un autre registre) Saru dans Star Trek Discovery, :-) Le mec doit aimer les longues séances de maquillage :-)
Je crois que je vais me refaire quelques anciens Del Toro pour voir si ses autres monstres ont une origine ou non. Dans Hellboy, oui:mais ce sont des adaptations. Et dans Golden Army, l'origine des soldats est éclusée en quelques minutes sous forme d'une jolie séquence animation. Tu sens que c'est pas ça que le réal avait envie de filmer.
Dans mes souvenirs, le Labyrinthe de Pan interrogeait de bout en bout le rapport au réel de sa jeune héroïne. Faut voir. Me restent, dans le désordre: l'Échine du DiableCronosMimicPacific RimDon't be afraid of the Dark(Crimson Peak me fait pas envie, désolé)
Y a pas de mal à déterrer les vieux messages, surtout si c'est pour parler de Del Toro . Et puis, rien que pour cette phrase : , Ça valait le coup de fouiller dans les tréfonds du topic.
Faut pas chercher trop loin pour les origines du bestiau. Ce film, quand on y réfléchit, c'est avant tout un pied de nez à Hellboy. Del Toro a du beaucoup apprécié Abe Sapiens et quand il n'a pas pu faire le troisième volet, il a repiqué l'idée de l'amphibien pour en faire un film centré sur le personnage. Quant tu survoles la "galerie" du réalisateur, tu t'aperçois qu'il réutilise souvent des personnages de ses films passés dans des contextes différents. Le "père" d'Hellboy est en quelque sorte dans sa série de livre (et série tout court d'ailleurs) The Strain. Et dans cette même série, tu as un clone de Blade, d'un des personnages importants de Cronos, du militaire du Labyrinthe de Pan, etc. Tout ça pour dire que si les origines du monstre de la Forme de l'eau sont floues, c'est que probablement Del Toro n'avait pas envie d'écrire une origine Story à cet ersatz d'Abe. Les origines (très vagues) de ce dernier devaient parfaitement lui convenir et il a du se dire que ça ne servait à rien de les réécrire ou de les modifier.
Oui, il a aussi joué dans le film sur Gainsbourg et dans un excellent épisode de Buffy . Ce mec est génial La plupart du temps, les origines des monstres des films sont survolées plus qu'autre chose. Par contre, dans The Strain (version papier) tu as les origines détaillées de tout le bestiaire.Crimson Peak n'est pas si mal, même s'il est très prévisible pour un Del Toro. Bon courage pour Mimic, par contre. C'est plus une série B sur laquelle Del Toro n'a eu aucun contrôle. C'est dommage, il avait un sacré potentiel ce film.
J'ai vu, en effet, au détour d'une conversation, que certains se trituraient les neurones sur le thème : "The Shape of Water" est-il l'origin story d'Abe Sapien?" La question me semble nulle et non-avenue.
Il me parait plus simple d'imaginer qu'il réutilise effectivement des archétypes qu'il maîtrise, surtout que son imaginaire est quand même saturé par les récits de genre fantasy. Qu'il ait eu envie de reprendre cette figure de la créature aquatique parce qu'Abe Sapien, lui manquait, au fond peu me chaux, tant le choix est judicieux: je commençais à saturer des vampires, des zombies, et des extraterrestres raccords dans un défilé de mode.
Dieu sait que sur ce coup-là, ça lui a valu un sacré paquet d'accusations de plagiat. À propos desquelles je suis bien incapable de réfléchir, surtout sur un film aussi clairement référencé (je pense que c'est cela qui a valu aux films sa palanquée de nominations et de récompenses, un peu comme The Artist quelques années avant).
Honte sur ma tête, j'ai vu, mais pas lu The Strain.
Reste qu'on parle de deux mediums très différents, et que Del Toro écrit rarement seul. La présentation de l'univers dans les premiers chapitres, ou sous formes d'analepse, ça constitue une pause dans le récit qui passe beaucoup moins bien au cinéma. Or, Del Toro est homme d'images.
Même en littérature, éviter les pavés d'exposition lourdingues est une bonne chose, et ce n'est pas donné à tout le monde.(Ou c'est moi qui ne me suis jamais remis des quarante premières pages du Père Goriot?)
Mon hypothèse, c'est que Del Toro n'aime pas consacrer du temps à la présentation de son univers, aux origines de ses monstres (protagonistes ou antagonistes, peu importe), même quand il y est obligé. Apparemment, c'est un avis que tu partages, armé d'une connaissance de la filmographie que je n'ai pas, mais bon, tant qu'à faire, je vais essayer de combler les angles morts à ma culture.
J'ai des doutes mais il semble avoir reconnu : Spoiler (click to show/hide)Le pirate des caraïbes (photo de Johnny Depp, en haut à gauche, sur la boîte Jumanji ?SOS.fantôme pour le monstre vert ?La planète des singes ?