Cette graphic novel est à la fois un hommage avec un gros côté pince-sans-rire en adaptant le côté WTFesque de l'époque (des Amazones chevauchant des kangourous mais c'est styyyylé
!!! Des festivités en l'honneur de Diane où des Amazones se déguisent en biches avec les autres qui les capturent et les saucissonnent
ou
Etta Elizabeth Candy résumant l'endroit où vit Wonder Woman de manière très concise : "a Paradise Island of Science Fiction Lesbians with a side of bondage."
et le pire c'est que ça fonctionne !
Wonder Woman est un perso qui a passé beaucoup de temps à se chercher et lorsqu'on demande quel est l'ennemi juré de Superman on répond Lex Luthor, quand on demande l'ennemi juré de Batman on répond le Joker et lorsque l'on demande qui est l'ennemi juré de Wonder Woman là ça devient de suite "euuuuuh......."
Peut-être est-ce dû au fait qu'on l'ait amputée de ses origines et de ses thématiques qui fait qu'aucun perso ne s'est vraiment imposé comme allant de soi comme grand rival de Diana (les initiés diront soit Mars ou Circé mais ce n'est clairement pas aussi iconique que pour les deux autres de la Trinité).
Là où les autres ennemis fonctionnent selon moi est parce qu'ils représentent l'exact opposé de tout ce que représente et défend le héros et ce contraste est explosif et fascinant. Wonder Woman avait besoin de se réapproprier des thèmes et ceux de ses origines ont un rapport avec l'obéissance/ soumission volontaire à une autorité aimante / bienveillante s'opposant à une obéissance forcée et imposée (comme celle vécue par les Amazones) par une autorité n'y cherchant que son propre intérêt personnel (et l'esclavagisme de manière générale). Des thématiques façon expérience de Milgram pourraient être abordées et seraient très intéressantes à explorer.
Rien qu'avec ce simple état de fait plusieurs persos chez ses ennemis deviennent d'un coup plus intéressant et de bon faire-valoir à Wonder Woman :
- En tête on aurait Circé qui pourrait s'imposer comme la grande rivale (principalement dû au fait que j'ai passé du temps à jouer à DC Universe Online son design dedans et Michelle Forbes en Circé lui donne un de ces charismes de fou et rends le personnage extrêmement intéressant, elle est à Circé ce que Mark Hamill est au Joker). Circé chercherait à se faire adorer comme une déesse et à utiliser les gens, principalement les hommes, comme ses esclaves (en mode bestiamorphe) simplement pour son ego. Le genre de chose qui clasherait avec la vision de se soumettre à une autorité aimante qu'a Wonder Woman.
- Mars/Arès et Dr Psycho en gros misogynes voulant asservir les femmes évidemment allant à l'encontre du féminisme de Wonder Woman. Néanmoins je préférerais quand même Circé justement pour éviter le côté facile "hommes mauvais - femmes gentilles" qu'on aurait avec un Arès ou un Dr Psycho en grand rival.
La thématique du communautarisme et de ses dangers est aussi toujours très intéressante pour Wonder Woman (les Amazones vivant juste entre elles et ne prônant pas vraiment le vivre-ensemble) dans son rôle d'Ambassadrice pleine de compassion que l'on retrouve dans cette graphic novel.
Ce livre donne envie de voir ce que donnerait un traitement moderne des anciens ennemis de Wonder Woman façon Queen Clea, Eviless, Hypnota, Baroness Von Gunther, etc. qui ont un boulevard devant eux pour devenir intéressants.
Seul point négatif que j'ai trouvé à ce livre est le fait d'avoir rendu Steve Trevor noir. A un moment je me suis dit que j'étais devant une production Berlanti
On comprend vite que l'intérêt de ce choix est juste vis à vis d'une de ses répliques faisant le parallèle entre les Amazones qui ont été asservies et ses ancêtres qui eux aussi ont été asservi par les hommes blancs. Franchement, si c'était juste pour ça ils auraient pu faire dire ça à un autre personnage noir car je trouve qu'il est plus intéressant justement d'avoir un homme blanc embarqué dans le périple de Diana pour pouvoir se rendre compte du White Male Privilege (que Cat Grant n'arrête pas de mentionner dans Supergirl) tel un Candide là où avoir une minorité n'est pas aussi efficace et pourrait apparaître comme un Calimero.
J'espère que la version Rebirth de Wonder Woman s'inscrira dans cette lignée.
Pour résumer les plus et les moins:
+ Beaux graphismes.
+ Classic Wonder Woman is back et bien traitée avec ses moments comiques avec la dissonance de valeur entre ce qui se fait chez les Amazones et comment c'est perçu dans le "monde des Hommes " Ce passage à l'hôtel
+ Wonder Woman a retrouvé des thèmes à traiter autre que la version cheveux long de Kratos.
+ L'ambiguïté de l'orientation sexuelle de Wonder Woman est abordée explicitiment.
+ Elizabeth Candy fonctionne très bien et offre une autre facette intéressante du féminisme qui contraste avec celle des Amazones.
+ Wonder Woman au pays des hommes est bien gérée, elle est dans un monde qui lui est complètement inconnu tel un énarque au milieu d'otakus dans un Japan Expo.
+ Le format narratif fonctionne, tel un Road Trip de Diana en terre inconnue.
+ Une Wonder Woman ambassadrice pleine de compassion.
+ Des montures kangourous
- Steve Trevor noir
- Certains points de Wonder Woman classique n'ont pas été abordés: sait-elle voler ? Son lasso force t'il de nouveau à obéir ou juste à dire la vérité ? Probablement que ce sera abordé avec son aspect combatif dans un volume 2.