Bien dit, @Rincevent! Elle me disait bien "attention" pas "intention", @Bouloche Le Foufounet.
Après, vu son âge et ses problèmes de santé il eut été difficile de la maintenir longtemps à cette place.
J'ai appris son décès sur le compte Twitter de Mark Hamill. Sacrée nénette! C'est vrai qu'être nommé(e) à vie pose des problèmes, et que s'accrocher à son poste si on se sait de santé fragile, n'est certainement pas très sage non plus. Mais il est vrai que sa mort tombe au plus mauvais moment. Les démocrates vont devoir rebondir, et très vite.
Les juges prennent généralement leur retraite à un âge avancé, si possible lorsqu’un président issu de leur parti occupe la Maison Blanche. Ils peuvent ensuite continuer à officier dans les autres cours fédérales.
Je présume donc que Ruth Bader Ginsburg comptait se retirer après les résultats de l'élection,
« On espérait faire un peu de buzz pendant quarante-huit heures, et cela a duré un bon mois, quatre ou cinq interviews par jour, ce qui montre que nous avons mis le doigt sur une chose qui n’est pas un épouvantail ni un faux débat, mais un vrai problème qui concerne plein de gens. » Cette chose, ce problème, c’est la cancel culture, une « intolérance pour les opinions contraires » – dixit la lettre – qui se manifeste le plus souvent par un opprobre assorti d’une forme de punition. « La nouveauté consiste à se servir des réseaux sociaux pour attiser une foule indignée qui cible l’employeur de la personne et la stigmatise afin qu’elle ne puisse pas être employée ailleurs, la privant fondamentalement de sa capacité de travailler », explique-t-il.[...]Cancel culture, woke : l’anglais est inévitable pour décrire cette révolution américaine qui nous éclabousse et nous étonne. Woke signifie littéralement « éveillé » en argot afro-américain — en l’occurrence, éveillé à l’existence d’une oppression systémique qui expliquerait la plupart des disparités entre les groupes humains. Utilisé par les Noirs depuis les années 1960, le mot est devenu à la mode chez les WASP vers la fin de la présidence d’Obama, courant 2014, précise John McWhorter, le linguiste de la bande. Cet universitaire est le premier des quatre, dès 2015, à détecter dans ce mouvement un phénomène qu’il qualifie de religieux, théorie sur laquelle il est en train d’écrire un livre à toute vitesse.« L’antiracisme s’est substitué au christianisme, développe-t-il. Le privilège blanc remplace le péché originel en tant que tache qui ne peut jamais disparaître. Les hérétiques sont excommuniés, il y a un clergé qui dit en boucle le catéchisme, et la même crédulité est requise, il y a des questions que vous n’avez pas le droit de poser. Tout anthropologue qui se promènerait à travers l’Amérique de 2020 découvrirait qu’être woke est la religion des jeunes blancs diplômés. » Auteur d’une vingtaine de livres érudits sur l’histoire et les évolutions contemporaines de l’anglais, les argots ou les langues créoles, sa spécialité, John McWhorter cultive en parallèle un « intérêt passionné » pour la question raciale depuis l’écriture, il y a vingt ans, de Losing the Race (Free Press, 2000, non traduit), un plaidoyer controversé contre « l’autosabotage de l’Amérique noire ». « Il y affirmait qu’une partie des écarts de performance entre Blancs et Afro-Américains peut être attribuée à des choix culturels [en particulier la stigmatisation de la réussite scolaire chez les seconds], mais j’en ai surtout retenu que nous avons bien plus de contrôle sur notre destinée que le discours dominant voudrait nous laisser croire », se souvient Thomas Chatterton Williams, à qui cet essai a autrefois « ouvert les yeux ».John McWhorter dit que c’est « exactement pour ça » qu’il avait écrit ce livre, pour que de jeunes Noirs se rendent compte qu’on pouvait être authentiquement noir sans s’enfermer dans le défaitisme. Il leur désignait trois « ennemis intérieurs » : l’esprit victimaire, le séparatisme et l’anti-intellectualisme. Un discours qui serait intenable s’il n’était afro-américain lui-même, admet-il, et à l’abri d’une chaire universitaire offrant une solide sécurité de l’emploi. [...]Avec le même visage impassible, il conteste aujourd’hui l’idée que les Afro-Américains auraient davantage de risques d’être tués lors d’une interpellation. « La criminalité n’est pas répartie uniformément dans la société, objecte-t-il. Les Noirs représentent environ 13 % de la population mais commettent et subissent 50 % des meurtres. Même la police la moins raciste du monde, si elle intervient en fonction des appels d’urgence, entrerait en contact avec cinq ou six fois plus de Noirs sur la seule base de cette distribution. Y a-t-il un biais raciste en plus de cela ? C’est une question à laquelle il n’est pas si facile de répondre. Le mieux que les chercheurs puissent faire est de contrôler toutes les variables à l’exception de la couleur de peau pour déterminer si les policiers sont davantage susceptibles de vous arrêter, de vous fouiller ou de vous tirer dessus si vous êtes noir. Ce que les recherches les plus solides ont dit jusqu’à présent, c’est que, toutes choses étant égales par ailleurs, un Noir a une plus grande probabilité d’être brusqué et menotté, mais pas plus de risque d’être tué. » L’étude en question, publiée en 2016 par un économiste (noir) d’Harvard nommé Roland Fryer, est critiquée pour sa méthodologie par le mouvement Black Lives Matter, qui met en avant l’indiscutable surreprésentation statistique des Noirs dans les données brutes. Mais Coleman Hughes rétorque que des dizaines d’Américains blancs non armés meurent chaque année aux mains des forces de l’ordre sans que leur nom atteigne la conscience collective. « Pour chaque George Floyd, chaque Breonna Taylor, il y a un Tony Timpa ou un Duncan Lemp dont vous n’avez pas entendu parler », pointe-t-il.Coleman Hughes dit qu’il n’a jamais eu le sentiment d’avoir des opinions minoritaires avant d’arriver à Columbia, dont l’insularité se mesure, selon lui, à l’usage généralisé du pluriel « latinx » à la place de « latinos », trop genré, un mot que « 99 % des hispanophones new-yorkais n’ont jamais entendu ni employé » (sa mère est portoricaine). Pour souligner le fossé qui sépare les woke des minorités qu’ils prétendent représenter, il dresse le portrait-robot de l’Afro-Américain moyen, certes démocrate, mais socialement conservateur et religieux. « Les Afro-Américains votent invariablement pour le candidat démocrate le plus centriste, d’ailleurs Joe Biden doit pratiquement son investiture aux Noirs. Aucun des candidats woke n’a été capable d’attirer le vote noir, pas même les candidats noirs comme Kamala Harris. »Alors que des cortèges majoritairement blancs demandent l’abolition de la police dans les rues de New York, un récent sondage Gallup révèle que 81 % des Afro-Américains souhaitent autant ou davantage de présence policière dans leurs quartiers (« Lorsque la police se retire, la violence augmente, et des fillettes de 7 ans se font tirer dessus en rentrant du supermarché avec leur grand-mère », s’indigne John McWhorter). Pourtant, dans l’élite intellectuelle, culturelle, médiatique, de telles opinions ont un coût. Coleman Hugues : « Je ne dirais pas que j’ai perdu des amis proches, mais j’ai perdu des connaissances, des gens avec qui j’avais des rapports cordiaux et qui ne peuvent plus être dans la même pièce que moi. On m’a déjà expulsé d’un événement. » [...]Premier Afro-Américain à obtenir une chaire d’économie à Harvard, Loury flirte avec le reaganisme dans les années 1980 avant de faire une conversion évangélique à la faveur d’une crise personnelle ; il est, selon Thomas Chatterton Williams, « extraordinairement brillant et le plus anticonformiste d’entre nous ». Ses discussions avec John McWhorter attirent des dizaines de milliers de fans sur le site Bloggingheads : ces temps-ci, il y est souvent question des efforts du maire de New York, Bill de Blasio, pour réformer l’accès aux lycées publics sélectifs, l’initiative la plus contestée de son mandat.Cette filière d’excellence, qui sert d’ascenseur social à des milliers d’enfants d’immigrés asiatiques grandissant dans la pauvreté, n’éduque pas assez d’élèves noirs et latinos eu égard à leur poids démographique, estime la mairie, qui s’est lancée dans un bras de fer avec l’Etat de New York pour abolir le concours d’entrée (juridiquement responsable de ce concours, l’Etat refuse pour le moment d’y toucher). « Ils veulent se débarrasser du concours parce que les élèves noirs sont sous-représentés ! s’indigne l’économiste. Comment pouvez-vous imaginer un monde d’égalité si tels sont vos instruments de politique sociale ? Cela revient à dire aux Noirs : Nous comprenons, vous ne pouvez pas rivaliser, nous reconnaissons que vous n’allez jamais être particulièrement doués pour ce genre d’activité. Les partisans de la discrimination positive gagneront peut-être, mais ils ne gagneront pas l’égalité. » [...]Ecrit par la consultante blanche Robin DiAngelo, White Fragility – 1,6 million d’exemplaires vendus – part du principe que « l’identité blanche est intrinsèquement raciste ». « Si vous le niez, c’est la preuve que vous êtes raciste, un raisonnement circulaire parfaitement irréfutable qu’elle déroule d’entreprise en administration, facturant des sommes folles pour expliquer qu’il n’y a pas de solution au problème », poursuit Williams, qui exagère à peine (Robin diAngelo a notamment été invitée à s’adresser aux salariés de Google et Microsoft).L’historien Ibram X. Kendi, auteur de How to be an Antiracist et d’Antiracist Baby, aussi un best-seller, soutient pour sa part que toute politique, toute idée, toute action est forcément raciste ou antiraciste. Est raciste toute mesure dont découle une disparité statistique entre groupes, par exemple l’évaluation standardisée des élèves ; est antiraciste l’opposé. Depuis l’université de Boston, où il dirige le premier centre de recherches sur l’antiracisme des Etats-Unis, Kendi appelle de ses vœux un nouvel amendement constitutionnel qui permettrait à un corps d’universitaires formés par lui d’examiner chaque politique au niveau fédéral, étatique et local. Le 20 août, le patron de Twitter, Jack Dorsey, lui a fait don de 10 millions de dollars. [...]Adoptée à la fin des années 1960 pour prévenir toute discrimination dans le recrutement, cette méthode qui consiste à cacher les musiciens auditionnés derrière un paravent a changé le visage des orchestres symphoniques américains, qui se sont féminisés. Pour Coleman Hughes, l’audition aveugle est une réalisation chimiquement pure de la promesse méritocratique, une métaphore d’une société débarrassée de ses biais conscients et inconscients. Cet été, au nom de la justice raciale, Anthony Tommasini, le chef des critiques de musique classique du New York Times, a plaidé pour le retour des auditions sans paravent.
Eh beh. Il a pas dû se faire des amis, lui.https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/09/18/thomas-chatterton-williams-glenn-loury-coleman-hughes-les-anticonformistes-de-l-antiracisme_6052654_4500055.html
Adoptée à la fin des années 1960 pour prévenir toute discrimination dans le recrutement, cette méthode qui consiste à cacher les musiciens auditionnés derrière un paravent a changé le visage des orchestres symphoniques américains, qui se sont féminisés. Pour Coleman Hughes, l’audition aveugle est une réalisation chimiquement pure de la promesse méritocratique, une métaphore d’une société débarrassée de ses biais conscients et inconscients. Cet été, au nom de la justice raciale, Anthony Tommasini, le chef des critiques de musique classique du New York Times, a plaidé pour le retour des auditions sans paravent.
John McWhorter dit que c’est « exactement pour ça » qu’il avait écrit ce livre, pour que de jeunes Noirs se rendent compte qu’on pouvait être authentiquement noir sans s’enfermer dans le défaitisme. Il leur désignait trois « ennemis intérieurs » : l’esprit victimaire, le séparatisme et l’anti-intellectualisme. Un discours qui serait intenable s’il n’était afro-américain lui-même, admet-il, et à l’abri d’une chaire universitaire offrant une solide sécurité de l’emploi.