Si c'est bien vrai, j'ai pas de mots https://www.lefigaro.fr/vox/societe/la-nouvelle-reforme-des-etudes-de-medecine-est-une-catastrophe-pour-toute-une-generation-d-etudiants-20220121
Voici un exemple de sujet délirant de l'épreuve de «mise en situation» de l'université de Paris : «Dans un musée, on voit une enseigne d'une ancienne chocolaterie du XVIIIe siècle avec un domestique noir qui sert sa maîtresse blanche. Le nom de la chocolaterie est “le nègre joyeux”. Qu'en pensez-vous?».
Si c'est bien vrai, j'ai pas de mots https://www.lefigaro.fr/vox/societe/la-nouvelle-reforme-des-etudes-de-medecine-est-une-catastrophe-pour-toute-une-generation-d-etudiants-20220121-Sergorn
"Voici un exemple de sujet délirant de l'épreuve de «mise en situation» de l'université de Paris : «Dans un musée, on voit une enseigne d'une ancienne chocolaterie du XVIIIe siècle avec un domestique noir qui sert sa maîtresse blanche. Le nom de la chocolaterie est “le nègre joyeux”. Qu'en pensez-vous?»."
«Aucune des scènes de violence n'a été spontanée» : en Guadeloupe, des doutes sur les liens entre gangs et manifestantsL'enquête en cours sur les émeutes urbaines révèle que ce mouvement de contestation a été construit «dans un partage des rôles très précis entre les jeunes».De la sidération, de la colère, du déni : tous les sentiments s'affrontent, chez les Guadeloupéens, depuis qu'ont été révélés par le parquet de Pointe-à-Pitre certains détails surprenants à propos des émeutes urbaines qui secouent la Guadeloupe depuis le mois de novembre. «Aucune des scènes de violence n'a été spontanée» et se sont faites «dans un partage des rôles très précis entre les jeunes» de plusieurs communes, a martelé Patrick Desjardin, le procureur de la République dans une conférence de presse, vendredi, sans question.En fin d'année 2021, le mouvement de grève contre l'obligation vaccinale et le passe sanitaire entamait une phase «dure» et les nuits guadeloupéennes ont été émaillées de sérieuses violences. Pillages de commerces, incendies de bâtiments administratifs comme celui du Service pénitentiaire d'insertion et de probation, ou encore tirs à balles réelles à l'encontre des forces de l'ordre, en blessant des représentants. Depuis, presque chaque nuit, les forces de l'ordre interviennent pour déblayer des barricades rapidement érigées, enflammées, afin de rétablir la circulation dans l'île.Si l'obligation vaccinale reste en fond de décor, ces manifestations auraient surtout permis l'enrichissement «d'individus très influents dans les gangs de Guadeloupe », a expliqué le procureur. Selon lui, des membres de gangs ont en effet reçu des «sommes conséquentes de la part de grands groupes en échange de la promesse de ne pas s'attaquer à leurs intérêts» mais aussi via du détournement de fonds, à l'aide «d'associations utilement créées, à la faveur de négociations avec l'État mais aussi à la faveur de relations parfois troubles avec certains élus locaux». Lundi 17 janvier, 8 personnes ont été interpellées, placées en garde à vue. Depuis, 7 d'entre elles ont été placées en détention provisoire."Tous pourris" ?« Je suis sidérée devant l'ampleur de l'affaire, témoigne Françoise, (le prénom a été changé). Cela n'a pas l'air d'avoir grand-chose de sincère sur la question de l'avenir de la Guadeloupe ou la vaccination, comme on nous l'a répété durant des semaines ». Pour d'autres personnes, cette prise de parole du procureur permet surtout de «délégitimer l'action des Guadeloupéens en lutte» . Pour d'autres encore, qui s'expriment sur les réseaux sociaux, la colère s'oriente vers les élus locaux, les syndicats, l'État, et la police, dans un «tous pourris» furieux.Dans ce dossier rocambolesque, un policier est mis en cause, «activement complice». «On est au-delà de la complicité, on est dans de la trahison de fonctionnaire», a déploré le procureur. D'après le parquet, l'individu renseignait les gangs, participait à l'élaboration des opérations et «déterminait des objectifs très précis» . Les liens avec le collectif d'organisations mobilisé contre l'obligation vaccinale, parmi lesquels les syndicats de Guadeloupe, sont en question. Durant sa conférence, le procureur a notamment mentionné le projet qu'auraient poursuivi les manifestants contre l'obligation vaccinale et le passe sanitaire, le 30 décembre, de se diriger vers l'aéroport, pour permettre son invasion et l'occupation des pistes avec des véhicules enflammés par des émeutiers.Vendredi dernier, alors que les 8 personnes interpellées se voyaient signifier, au terme de 96 heures de garde à vue, leur mise en examen, les abords du tribunal de Pointe-à-Pitre étaient occupés par une grosse centaine de personnes, venus «soutenir» les déférés. «Il y a une série de privation de droits qu'on n’a pas comprise et que nos avocats ont dénoncée» racontait, à ce moment, Maïté Hubert M'Toumo, secrétaire générale de l'UGTG, syndicat très actif de Guadeloupe. «On a bien compris que l'idée est de casser la dynamique de solidarité que les jeunes ont avec les travailleurs et la population mobilisée dans les rues. Sous prétexte de gangs, on diabolise l'action. C'est une manipulation. Alors c'est important que nous soyons là, pour soutenir ces jeunes qui se battent avec nous, afin de faire changer les rapports sociaux dans ce pays.»Du racket à grande échelle ?Quant aux élus qui auraient fait l'objet de «pressions» en vue d'obtenir de l'argent, le mystère reste épais. Certains élus ne sont pas cachés d'avoir rencontré les «Grands Frères», dans une volonté de dialogue. Des réunions ont été filmées et mises en ligne sur les réseaux sociaux. Notamment le 5 décembre, où le président de Région Ary Chalus et le député Olivier Serva ont reçu des représentants de la jeunesse autour de sujets comme l'insertion ou l'entreprenariat, l'accès aux aides, etc..., sans pour autant perdre de vue le «tronc commun» des revendications, à savoir l'obligation vaccinale. Parmi les participants à cette réunion, certains font partie des personnes mises en examens par la suite.Vendredi soir, le député Serva a publié un communiqué de «Soutien aux grands frères, médiateurs dans la crise sociale en Guadeloupe», dans lequel il appelle à une «justice impartiale, ne négligeant pas leur rôle dans le processus d'apaisement» . Car l'enquête se poursuit : une information judiciaire a été ouverte, dirigée par deux juges d'instruction.En Guadeloupe, la mobilisation contre l'obligation vaccinale, mouvement social par lequel tout a commencé, conserve une poignée de durs militants, alors que la 5e vague met les hôpitaux en tension, une nouvelle fois, dans une population toujours très peu vaccinée.
En Chine, le renforcement du contrôle sanitaire révèle les inégalités de la sociétéÀ l'approche de l'ouverture des JO de Pékin, prévue le 4 février, les autorités chinoises ne cessent de renforcer le contrôle sanitaire dans le cadre de leur stratégie zéro Covid. Le premier cas du contagieux variant Omicron a été détecté le 15 janvier, et les responsables du pays semblent plus alarmés que jamais."L'actuelle situation épidémiologique est très grave. Il faut réaliser aussi vite que possible la sûreté de nos concitoyens, celle des Jeux olympiques et celle de la capitale", a martelé Cai Qi, secrétaire général du Parti communiste de la ville de Pékin, dans une conférence de presse tenue le 21 janvier, cité par le quotidien japonais Mainichi Shimbun. Selon le journal, ce même jour, 11 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés dans la capitale chinoise.Voulant à tout prix contenir la progression du virus, les responsables de la ville ont demandé aux Pékinois de ne pas rentrer dans leur région natale durant les vacances du nouvel an chinois, qui commencent le 1er février. Désormais, un test PCR négatif est requis pour tous ceux qui se rendent à Pékin du 22 janvier jusqu'à fin mars. Dans le but d'identifier tous les cas contacts, les autorités chinoises ont décidé la publication de l'historique des déplacements de certaines personnes ayant contracté l'épidémie.Or ce dernier volet de la stratégie zéro Covid a "révélé les inégalités qui minent la société chinoise de l'intérieur", note le journaliste du quotidien, qui a consacré un article au sujet."La réalité crue de notre société"L'historique des déplacements d'une employée de banque, âgée d'une vingtaine d'années, a révélé les signes de richesse de la jeunesse dorée chinoise. Première personne à avoir contracté le variant Omicron dans la ville de Pékin, elle fréquentait en semaine boutiques de luxe et restaurants haut de gamme, et salles de théâtre et stations de ski le week-end.Un contraste édifiant avec l'historique publié le 19 janvier par la ville, et le cas d'un ouvrier quarantenaire originaire de la province chinoise. "Cet homme asymptomatique travaillait dans les chantiers de construction de la ville sans quasiment avoir de jours de congé depuis le début de l'année", explique le journaliste du Mainichi Shimbun. Un parcours qui lui a valu sur Internet le surnom de "Chinois qui galère le plus", selon le journal japonais.Ce contraste vertigineux entre la vie de ces deux personnes touchées par l'épidémie a été abondamment commenté par les internautes chinois. "Je serais passé à côté de cette réalité si l'épidémie n'avait pas eu lieu et que les autorités n'avaient pas publié ces informations", s'exclame l'un d'entre eux, cité par le journal. "Bien que vivant dans la même ville et à la même époque, ce sont des habitants de deux mondes complètement différents. C'est la réalité crue de la Chine d'aujourd'hui", écrit un autre, médusé.
En Arabie Saoudite, l'ouverture prônée par MBS ne fait pas que des heureuxLe 30 décembre, les autorités saoudiennes ont placardé des affiches à La Mecque et Médine, cités saintes de l'islam, pour demander aux fidèles de se tenir à deux mètres de distance les uns des autres et limiter la propagation du Covid-19.Le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), qui dirige de facto le royaume, ne semble pourtant pas d'humeur à imposer des restrictions ailleurs dans le royaume. Ses hommes attirent les foules dans les salles de concert et les foires dans de nombreuses villes du pays. Le mois dernier, une rave-party organisée avec la bénédiction du gouvernement a rassemblé 700?000 jeunes Saoudiens qui ont dansé pendant quatre jours d'affilée.Un enseignant qui vit dans le paisible centre de Médine déplore que le royaume détourne de la vertu et pousse au vice".En Arabie Saoudite, les enquêtes d'opinion sont rares. Difficile donc d'évaluer le mécontentement suscité par la politique de MBS, qui s'emploie à ouvrir et réformer un des pays les plus fermés et intolérants du monde.Quelques sondages indiquent cependant qu'il existe au moins trois groupes de mécontents : les salafistes, qui incarnent une version fondamentaliste de l'islam?; les princes de la maison royale de Saoud?; et les citoyens ordinaires qui préféraient les choses telles qu'elles étaient avant. Seules la répression et la peur les retiennent de renverser le prince héritier pour revenir en arrière."Les salafistes furieuxCommençons par les salafistes, furieux que MBS ait rompu une alliance vieille de trois siècles entre eux et la maison des Saoud. Le prince torpille les pouvoirs de la police religieuse, qui ne peut plus ni forcer boutiques et restaurants à fermer cinq fois par jour pour la prière, ni empêcher hommes et femmes de se saluer d'un baiser sur la joue. Les sermons du vendredi sont désormais dictés par la capitale, Riyad. Côté réseaux sociaux, les prédicateurs populaires n'ont plus le droit de tweeter autre chose que des louanges du prince.Les discours salafistes continuent malgré tout de circuler par le bouche-à-oreille. On dit que le clergé a condamné le Winter Wonderland de Riyad, cette gigantesque fête sponsorisée par le gouvernement, avec force attractions, jeux et musique. On accuse le prince héritier de se prendre pour Dieu. Les critiques sont "comme les fourmis" : "leur royaume est sous terre", commente un religieux dans la ville de Djeddah, dans l'ouest du pays.Le prince les a muselés, mais leur royaume est toujours là."Les Saoud mis à l'écartNombre de membres de la famille royale sont tout aussi à cran. Longtemps, ils pouvaient adresser leurs doléances au roi et disposer de montagnes d'argent à dépenser pour le public et eux-mêmes. Mais MBS coupe l'herbe sous le pied de l'aristocratie.En 2017, il a enfermé toute une brochette d'éminents princes (et hommes d'affaires) dans un hôtel de luxe pour les presser de lui livrer deniers et actifs. D'autres princes se plaignent d'avoir subi des traitements similaires, moins le séjour à l'hôtel, et d'avoir vu leurs avantages entaillés (adieu billets d'avion, services et soins médicaux gratuits). Il leur est de surcroît devenu plus difficile de prélever des commissions sur les contrats gouvernementaux. D'une manière générale, disent-ils, le prince Mohammed [ben Salmane] a transformé un système politique assez consensuel en système autocratique.Une partie de la population bousculéeCela étant, bien des Saoudiens se réjouissent de voir ces princes corrompus remis à leur place. D'aucuns sont ravis de l'accroissement des libertés individuelles. Mais il en est que tous ces changements mettent mal à l'aise. Certains parents sont gênés de voir fillettes et garçons assis ensemble sur les bancs de l'école primaire. Les hommes voient souvent la progression des droits des femmes comme le déclin des leurs. Un ancien soldat déclare :Avant, si je déclarais que ma fille était sortie la nuit sans ma permission, on me la ramenait les menottes aux poignets. Aujourd'hui, si j'essaie de l'empêcher de sortir, elle va se plaindre à la police et on me jette en prison."Certains Saoudiens pensent que MBS, loin de remplacer le fanatisme par la modération religieuse, fait tout bonnement table rase de la religion. "Comme en Europe, il jette Dieu avec l'Église", déplore un mystique soufi de Médine.Sa politique économique ajoute à la grogne. Les hommes d'affaires regrettent que le prince utilise le substantiel fonds souverain saoudien et d'autres organismes royaux pour évincer le secteur privé. Les aides battent de l'aile tandis que les taxes, droits et contraventions s'envolent. Un chauffeur de taxi pointe du doigt le fait que le prix du pétrole, qui est contrôlé par l'État et était autrefois moins élevé que celui de l'eau, a quadruplé depuis que MBS a pris les rênes du pays. (Économistes et écologistes ne manquent pas, eux, d'applaudir.)Le prince [héritier] ne semble guère se soucier de rendre des comptes. Lui et son père le roi Salmane, dont l'éclat se ternit, ont mis un terme au majlis, cette audience hebdomadaire lors de laquelle tout citoyen pouvait porter plainte auprès de son souverain sur une question le concernant.Que va-t-il sortir de tout ce mécontentement?? Rares sont ceux qui pensent que les prédicateurs se tairont éternellement. Certains se demandent si on pourrait voir émerger une version saoudienne de l'ayatollah Khomeyni, qui mena la révolte contre le chah iranien.Un ancien responsable haut placé évoque du reste la mémoire du roi Fayçal, assassiné par son neveu en 1975 : "Le prince Mohammed [ben Salmane] sait de quoi une famille est capable. Ils ne lui pardonneront pas." D'autres encore espèrent que le président américain, Joe Biden, s'opposera à ce que le prince accède au trône. Dans ce cas, ses réformes pourraient être renversées : le changement a été imposé d'en haut et il n'a pas pris racine.Sauf que tous ces scénarios paraissent peu probables. La répression du prince Mohammed [ben Salmane] semble faire son effet."Plusieurs membres de la famille royale qui avaient remis en question sa politique ont été assignés à résidence (dont deux anciens princes héritiers). Des milliers de prédicateurs croupissent derrière les barreaux, y compris Salman Al-Awdah, qui, il fut un temps, comptait 14 millions d'abonnés sur Twitter. Les personnes critiques envers MBS sont victimes d'intimidation. Jusqu'à Londres, elles éteignent leur téléphone portable avant d'exprimer leurs récriminations. "L'Arabie Saoudite est devenue un État de surveillance généralisé", résume Thomas Hegghammer, spécialiste du djihadisme. "Avec les technologies dont on dispose aujourd'hui, je ne pense pas qu'une révolte ou un coup d'État soient possibles."
Abdoulaye Kanté, un policier en guerre contre ceux qui «cassent du flic»EXTRAITS EXCLUSIFS - Violence policières, racisme, réseaux sociaux, respect de la loi, de la société, de l'autorité… Ce fonctionnaire franco-malien, noir, musulman et auteur du livre Policier, enfant de la République , témoigne au quotidien des réalités de son métier et dénonce l'hypocrisie de tous ceux qui «cassent du flic» par idéologie ou calcul politique.Abdoulaye Kanté n'a pas que des amis et le livre sans concession Policier, enfant de la République , publié le 26 janvier chez Fayard, ne risque pas d'arrondir les angles. Bien au contraire. Flic de terrain, franco-malien, noir et musulman, versé actuellement à la Direction de la coopération internationale du ministère de l'Intérieur après vingt et un ans de carrière, il témoigne au quotidien des réalités de son métier et part en guerre contre tous ceux pour qui « la sécurité est un gros mot honteux et l'affaire d'un camp idéologique. »Omniprésent sur Twitter, où plus de 40.000 abonnés le suivent, invité régulier des plateaux de télévision et des radios, ce fonctionnaire de 43 ans multiplie les interventions et n'hésite jamais à répondre, courtoisement mais fermement, à tous ceux qui « cassent du flic » par pure idéologie ou calcul politique. Comme lorsque l'ex champion du monde de football Lilian Thuram dénonce le « racisme systémique de la police française », quand Jean-Luc Mélenchon « dénigre sans vergogne la police qui le protège », ou quand le journaliste militant franco algérien Taha Bouhafs, qui traque les « violences policières » avec gourmandise et arrière-pensées, traite un policier de « racaille de flic » en marge d'une manifestation de « sans-papiers ».Ni affilié à un syndicat ni inscrit à un parti politique, farouchement attaché à sa liberté d'expression, porte-drapeau d'une « police républicaine », sans complaisance pour les brebis galeuses mais toujours prêt à soutenir « les collègues » attaqués injustement, Abdoulaye fait partie de cette nouvelle génération de policiers bien décidés à défendre leur vocation et à combattre les idées reçues – toutes les idées reçues – quoi qu'il en coûte. Comme sa consœur Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière ou la regrettée Maggy Biskupski, porte-parole et présidente de l'association Mobilisation des policiers en colère (MPC), fondée après l'attaque de policiers à Viry-Châtillon en octobre 2016, qui s'est donné la mort le 12 novembre 2018 avec son arme de service.«Si on n'a pas la notion de la peur, on ne peut pas faire ce métier-là»Né le 3 septembre 1978 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), Abdoulaye Kanté grandit au Mali avant de revenir en France à l'âge de 15 ans pour terminer ses études. Aîné d'une fratrie de sept enfants, il s'engage à 17 ans et demi dans la Marine nationale juste après avoir réussi son baccalauréat professionnel. Sous l'uniforme, il sert de 1997 à 1999 sur le patrouilleur L'Audacieuse, aujourd'hui désarmé. Une fois son contrat terminé, il décide de rejoindre les rangs de la police nationale sur les conseils de son oncle. À 21 ans, il est gardien de la paix au sein du service de la police de sécurité publique dans le XIe arrondissement de Paris, avant de rejoindre la brigade anti-criminalité du XVIIIe arrondissement, puis à la brigade des stups au 36 quai des orfèvres et au Service départemental de la Police judiciaire de Seine-Saint-Denis.Après un parcours sans faille marqué par son expérience de la rue et le choc d'enquêtes douloureuses, il décide de prendre la parole. Déterminé à plaider pour une pacification des rapports entre population et forces de l'ordre, il devient une des voix « non officielles » de la Police nationale. Très vite ses « punchlines », son franc-parler et sa politesse en font la coqueluche des médias. En 2018 face à Yann Moix, qui dénonce en ricanant la « couardise » des policiers dans les cités sensibles dans l'émission «Salut les Terriens» de Thierry Ardisson, il lui répond en le regardant droit dans les yeux : « Je suis désolé, Monsieur, si on n'a pas la notion de la peur, on ne peut pas faire ce métier-là. Savez-vous combien de personnes nous sauvons tous les jours ? Vous savez combien d'appels nous recevons pour de fausses affaires ? Vous croyez que nous sommes reçus comment dans les cités ? Vous croyez que nous sommes reçus avec un tapis rouge ? Monsieur, je pense que vous êtes hors sol. » Une séquence vue et revue qui lui permet ensuite d'en enchaîner bien d'autres, toutes suivies par l'institution policière qui le laisse faire avec un mélange subtil de méfiance, d'opportunisme et de bienveillance.Propulsé en exemple d'intégration par la communication gouvernementale dans une série de vidéos intitulée « Enfant de la République », le « policier de service » n'est pas dupe. Il sait qu'il marche sur un fil et qu'au moindre faux pas, le soutien tacite de sa hiérarchie peut disparaître du jour au lendemain. Mais pour l'instant, les coups qu'il pare tous les jours sur les réseaux sociaux ne viennent pas du ministère de l'Intérieur et des offices centraux de la police, mais plutôt de l'extrême gauche pour qui il fait figure de « traître » et de « vendu » et de l'extrême droite qui sème le doute sur ses convictions.«“Nègre de maison”, “Bounty” … Que n'ai-je pas entendu comme insulte ? , lance Abdoulaye Kanté. Porter l'uniforme, défendre mon métier, celui de policier, est devenu un chemin de croix. Alors oui, je suis flic, Noir, musulman, j'ai la double nationalité française et malienne et j'en suis fier, n'en déplaise aux racistes, qui semblent douter de mon attachement pour la France, ou aux pseudo-antiracistes, qui trouvent que je fais un métier de facho et ne comprennent pas que je refuse d'être en permanence ramené à la couleur de ma peau. J'ai grandi entre la banlieue parisienne et le Mali, je suis le fils de parents qui ont commencé comme femme de ménage et livreur, et j'ai toujours voulu servir mon pays, la France. J'ai grimpé un à un les échelons. J'étais sur le terrain au Stade de France le 13 novembre 2015 , face à l'horreur. Et je n'ai rien à prouver. Mon livre est un plaidoyer pour défendre mon métier , assure-t-il. Montrer sa difficulté, sans jamais dissimuler les violences, les dérapages ni le racisme de certains. Mais pour quelques brebis galeuses qui déshonorent leur uniforme, combien de femmes et d'hommes pour qui ce métier est un sacerdoce ? Je n'ai qu'une intention : faire enfin connaître à tous ceux qui doutent “Ma” police, celle de la République française, et leur faire comprendre que les 150.000 fonctionnaires dévoués qui risquent tous les jours leur vie sont là pour qu'ils puissent vivre en paix dans ce magnifique pays qu'est la France.» Une déclaration d'amour pour son deuxième pays et un engagement sans faille aux côtés de ses collègues.Policier, enfant de la République (avec la collaboration de Jean-Marie Godard), d'Abdoulaye Kanté, 250 p. 17€, Fayard.« Notre métier, notre mission dirais-je plutôt, consiste avant tout à venir en aide à nos concitoyens, à secourir la victime, à mettre fin à l'infraction. Et cela, c'est se confronter au quotidien, à la banalité du PV pour un feu rouge grillé, au contrôle routier qui ne se passe pas forcément bien, à la paperasse administrative, et être capable, sur un appel, de quitter cette routine pour intervenir dans un foyer afin de mettre un terme à des violences conjugales, pour accueillir une victime de viol, pour aller aider des pompiers à décrocher un pendu, pour prendre en charge la misère, la déchéance, pour partir, sur un appel de voisinage, mettre un terme à une bagarre de SDF tellement enfoncés dans l'alcool qu'ils ne ressentent plus les coups et pourraient s'entre-tuer sans même en avoir conscience, pour annoncer un décès à un frère, une sœur, un père, une mère, pour tenir face à cela et, une fois l'uniforme rangé au vestiaire, redevenir ce citoyen lambda, embrasser ses proches, ses enfants, en les préservant de ce côté sombre de l'humanité. Arriver à rire, aimer, dormir. Nous voyons dans les coulisses des vies, derrière le rideau. Nous sommes là, présents, quand tout va mal tandis qu'autour, le monde avance, et le quotidien peut continuer à rester insouciant, supportable. »La police est-elle raciste?«Y a-t-il du racisme dans la police ? Oui, bien évidemment. Comme malheureusement dans toute la société, dont les forces de l'ordre sont à l'image, et comme dans d'autres professions, d'autres corps de la fonction publique. Mais il n'y a pas de racisme systémique, intrinsèque à l'institution. Dépositaires de l'autorité publique, ayant le monopole de l'usage de la force légitime au nom de l'État, nous, policiers, nous devons d'être irréprochables. Les actes ou les propos racistes de certains collègues ne peuvent ainsi être tolérés. Ils doivent l'être encore moins que chez d'autres personnes, précisément du fait de l'immense responsabilité que nous confère notre mission. Un effort devrait être fait dans la formation, parfois trop théorique, afin de rendre palpable, quasiment vécue, la réalité souvent dure de la confrontation au terrain. (…) Certains sociologues prétendent qu'il existe un racisme systémique parmi les forces de l'ordre. (…) En clair, l'institution elle-même, par sa formation, ses consignes, ses directives, façonnerait les pensées racistes des fonctionnaires de police. Comme si la France vivait en fait sous le système politique d'un apartheid dont le nom serait tu. Je me fais insulter sur les réseaux sociaux tous les jours, je reçois des remarques désobligeantes parce que je dis qu'on ne peut pas généraliser ainsi. La police est un service public régalien, dont les fonctionnaires, j'insiste, se doivent d'être exemplaires. Dans son ensemble, elle n'est pas raciste.»«Une remarque et une question aux bonnes âmes qui parlent d'un racisme systémique. La première chose : entrez donc dans un commissariat en banlieue parisienne ou ailleurs, et vous constaterez la diversité dans nos rangs. (…) Alors, dites-nous clairement, publiquement, “chers” détracteurs de la police nationale, vous qui la considérez intrinsèquement raciste, dites-nous les yeux dans les yeux à nous, les flics dont les racines, celles de nos parents, de nos grands-parents, sont ancrées sur ce continent de l'autre côté de la Méditerranée, comment vous nous considérez. Quelle place, selon votre logique, devrions-nous avoir dans cette institution ? Certains n'ont pas hésité à répondre, essentiellement au travers des réseaux sociaux. Et leur réponse n'est qu'invectives et insultes. À les en croire, je serais un collabo, un traître.»«Ne vous déplaisent, noir de peau, des racines au Mali et en France, j'estime devoir être, comme tous les êtres humains, considéré pour mes actes, mon parcours, mes paroles, pas par ma couleur ou mon origine. Je n'accepte pas que l'on “assigne” quelqu'un au fait qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, ou de telle religion. Et, partant de cette manière de voir les choses, qu'il doive “choisir un camp”. (…) Comme des collègues originaires du Maghreb, j'ai vécu ce genre de positionnement lors de contrôles de routine : “Toi qui es noir, tu oses contrôler tes frères de couleur ?” “Mais ça te fait quoi d'interpeller un mec comme ça qui est comme toi ? Tu es un traître.” Pourtant, celui qui me lance ce propos, je ne le vois pas en tant que personne ayant la même couleur de peau que moi, mais en tant qu'individu, comme citoyen qui a commis, ou pas, une infraction. Il est soumis aux mêmes règles de loi et a les mêmes droits et devoirs que tout autre citoyen.»Sécurité et violence«“Forces de l'ordre”. Dans cette appellation, il y a le mot “force”. Rappelons ainsi que la police comme la gendarmerie ont le “monopole” de l'usage de la force dans notre société, au nom de l'État et donc de l'intérêt collectif. Cela signifie qu'une intervention peut nécessiter une certaine coercition, pour ne pas dire l'usage d'une certaine violence. Celle-ci doit être proportionnée, graduée. Elle est d'ailleurs très contrôlée et l'IGPN ne manque pas, contrairement à ce que sous-entendent certains qui prétendent qu'elle serait laxiste, d'en sanctionner les abus. L'IGPN, les policiers la craignent. Et rappelons que n'importe quel citoyen s'estimant victime d'un abus a tout loisir de faire un signalement auprès de l'Inspection – une plate-forme Internet est entièrement dédiée à cela.»«Pourtant, tout se passe aujourd'hui, notamment sur les réseaux sociaux, mais également dans un certain nombre de médias, comme si l'usage de cette force était systématiquement suspect, illégitime, voire illégal. La moindre intervention est filmée, et si elle s'avère musclée, les images sont largement diffusées avec une présomption de culpabilité à l'encontre des fonctionnaires, et par extension de l'institution policière tout entière, qui dépasse largement les réseaux militants. On l'a vu lors des manifestations contre la loi Travail en 2016, puis lors de celles des gilets jaunes. Dans le premier cas, de défilé en défilé, la tension n'a cessé de monter, avec en amont des cortèges syndicaux plusieurs centaines de personnes constituées en “black blocs” dans le but affiché d'en découdre avec la police. Celle-ci devrait-elle laisser faire, se replier prudemment face aux tirs de mortiers d'artifice, aux jets de morceaux d'asphalte, de bouteilles, à la casse ?»«Depuis la fin de l'année 2018, avec les “gilets jaunes”, la situation est différente. Sont arrivées dans des cortèges sans service d'ordre, sans parcours déposé préalablement, des personnes qui n'avaient jamais mis les pieds de leur vie dans une manifestation. Comme ces défilés ont quasi systématiquement tourné à la violence, avec en face des policiers pas tous formés au maintien de l'ordre et dont ce n'était pas forcément le métier, il y a eu des dérapages, des interpellations massives. Avec un énorme sentiment d'injustice de la part de manifestants dont certains, dans la masse de toutes les personnes interpellées, n'avaient rien fait de répréhensible. Je peux comprendre leur réaction. Mais ces personnes étaient au milieu d'une émeute, peut-être spectatrices, mais dans des groupes au sein desquels les lanceurs de projectiles étaient souvent nombreux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les forces de l'ordre donnent consigne de partir lorsque les choses dégénèrent. Rester, c'est s'exposer à un risque, surtout si le dispositif de maintien de l'ordre n'a pas été organisé dans les règles de l'art.»«Ce fut malheureusement le cas dans les premières semaines des manifestations des gilets jaunes, lorsque l'autorité, aux côtés des compagnies républicaines de sécurité (CRS) et des gendarmes mobiles, a mis sur le terrain des policiers de la sécurité publique dont le maintien de l'ordre n'est pas le cœur de métier, et qui n'ont parfois jamais été formés pour cela, avec du matériel inadapté, mal protégés, mal équipés, se retrouvant dans des situations avec, certes, la mission officielle de maintenir et de rétablir l'ordre, mais surtout, dans le contexte, la volonté première de sauver leur peau et de rentrer sains et saufs le soir. (…) . Et lors de défilés qui tournaient à l'émeute urbaine, de nombreux collègues n'étaient pas “formés” à se faire menacer de mort, à avoir peur d'être lynchés au sein d'une foule, à recevoir crachats, bouteilles parfois remplies d'urine ou de déboucheur liquide, pétards, cailloux, en gardant calme et un sang-froid absolus. Imaginez un seul instant un groupe de policiers en civil, parfois jeunes, équipés de casques de moto et de protège-tibias achetés avec leurs propres deniers le matin même, subir ce traitement une bonne heure. Puis recevoir l'ordre, à la nuit tombante, au coin d'une rue, de disperser tout le monde. Qui peut imaginer alors que les choses vont bien se passer ? Les seuls vraiment programmés, formés, ce sont les robots, mais nous ne sommes pas des “Robocop”.»Le piège des réseaux sociaux«Sur la voie publique, dans les médias, sur Internet, il n'y a plus aucune place pour la modération. Tout devient clivage, remise en cause, critique, dénigrement : “Vous, les policiers, vous ne comprenez pas. Dans les quartiers, cela se passe comme ça parce que c'est l'abandon. Dans la rue, ça se passe comme ça parce qu'on est pauvres et que l'État ne nous écoute plus.” Il y a toujours une “bonne raison”. Nous ne sommes en rien une sorte de bras armé de l'État qui violenterait et tuerait le peuple. Les fonctionnaires de police ne veulent qu'une chose : accomplir correctement leur mission, pouvoir rentrer chez eux sains et saufs le soir, embrasser leurs proches et se dire que, durant leur service, ils ont aidé quelqu'un, secouru une victime, conduit une enquête à son terme pour qu'ensuite justice soit rendue.»«J'ai deux filles, de 4 et 8 ans. Je fais en sorte qu'elles soient fières de moi ; je tâche de leur inculquer des valeurs de respect. C'est absolument nécessaire parce que le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui est d'une telle violence qu'il faut essayer de donner à la nouvelle génération les bases de l'intérêt collectif, du respect de la loi, de la société, de l'autorité. Parce que les bases que l'on m'a données me permettent aujourd'hui de faire face à certaines situations. C'est pour cette raison-là que je parle souvent de la notion de respect des gens, des autres. Même quand quelqu'un vous insulte. Si vous répondez de la même manière, cela va forcément dégénérer. Garder son calme ne signifie pas renoncer d'emblée à toute coercition, si nécessaire. À un moment, si le dialogue n'est plus possible, il faut être en mesure d'asseoir son autorité de policier. Sans dérive, sans abus de pouvoir. En l'absence de ces bases solides et de leur respect, il ne faut pas attendre de respect des autres. Il y va de l'exemplarité, de la légitimité d'une institution, justement. Et même si c'est parfois compliqué, ne pas céder à la provocation contribue à confirmer à la majorité de la population qui nous soutient que nous ne sommes pas cette milice répressive pour laquelle tente de nous faire passer une frange militante très bruyante.»
«Y a-t-il du racisme dans la police ? Oui, bien évidemment. Comme malheureusement dans toute la société, dont les forces de l'ordre sont à l'image, et comme dans d'autres professions, d'autres corps de la fonction publique. Mais il n'y a pas de racisme systémique, intrinsèque à l'institution.
«Ne vous déplaisent, noir de peau, des racines au Mali et en France, j'estime devoir être, comme tous les êtres humains, considéré pour mes actes, mon parcours, mes paroles, pas par ma couleur ou mon origine. Je n'accepte pas que l'on “assigne” quelqu'un au fait qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, ou de telle religion. Et, partant de cette manière de voir les choses, qu'il doive “choisir un camp”. (…) Comme des collègues originaires du Maghreb, j'ai vécu ce genre de positionnement lors de contrôles de routine : “Toi qui es noir, tu oses contrôler tes frères de couleur ?” “Mais ça te fait quoi d'interpeller un mec comme ça qui est comme toi ? Tu es un traître.” Pourtant, celui qui me lance ce propos, je ne le vois pas en tant que personne ayant la même couleur de peau que moi, mais en tant qu'individu, comme citoyen qui a commis, ou pas, une infraction. Il est soumis aux mêmes règles de loi et a les mêmes droits et devoirs que tout autre citoyen.»
C'est vrai que de lireça change agréablement du discours victimaire habituel
Je me dis quand-même qu'être policier noir et / ou musulman doit exposer à une quantité de shitstorm encore plus grande que celle à laquelle ont droit les policiers blancs, parce qu'il y a le facteur "traître à la cause" (ce à quoi, à leur place, j'aurais envie de répondre "d'où tu considères que je suis de ton côté ?!") de la part des uns cumulé au facteur "tu fais semblant, t'es un terroriste potentiel qui salit l'uniforme" de la part des autres.
il y a le facteur "traître à la cause" (ce à quoi, à leur place, j'aurais envie de répondre "d'où tu considères que je suis de ton côté ?!"
ils savent que sur le monopoly de la connerie ils risquent de passer par la case réa ces champions toutes conneries ?
Mais ce n'est pas parce que quelque chose fait des vagues sur twitter que ça a réellement une importance pour la majorité des gens. Selon le Pew Research Center, seul 23% des adultes américains utilisent Twitter, et parmi ces utilisateurs, "Les plus actifs 25% produisent... 97% des tweets." En d'autres mots, presque tous les tweets viennent de moins de 6% des adultes américains. Ce n'est en rien une image un tant soit peu représentative de l'opinion publique, et qui ne mérite encore moins d'être rapporté dans les news, et les traiter ainsi ménera forcement à de fausses conclusions.
houlà, mais c'est puissant là non ?