C'est un grand classique. Il y en a qui se font pompier pour doit avoir une couverture, soit pouvoir approcher ce feu qui les fascine. A l'inverse, il doit y avoir des pompiers qui virent pyromanes. Un peu comme l'attirance pour les enfants.
Ou comme certains flics qui ne le sont que pour l'adrénaline ou la joie d'utiliser leur autorité, pas forcément à bon escient.
Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique.
Le découplage financier entre Wall Street et la Chine s’accélèreCinq entreprises publiques chinoises se sont retirées de la Bourse de New York, signe des tensions sino-américaines croissantesFrédéric Lemaîtrepage 15Pékin - correspondant - Cinq entreprises publiques chinoises ont annoncé, vendredi 12 août, leur retrait de la Bourse de New York : les groupes pétroliers Sinopec et PetroChina, l’assureur China Life Insurance, Chalco, qui est l’un des leaders mondiaux de l’aluminium, ainsi qu’une filiale de Sinopec basée à Shanghaï.Dans des communiqués séparés, chaque entreprise a expliqué que ce retrait « volontaire » est motivé par le peu d’intérêt que représentait pour elle une cotation aux Etats-Unis, par les coûts liés au « fardeau bureaucratique » qu’impose le respect des règles du New York Stock Exchange, et par le fait que les Bourses de Shanghaï et de Hongkong offrent des solutions suffisantes. Le régulateur chinois des marchés, la CSRC, s’est également exprimé, minimisant ce retrait. Selon le régulateur, cela fait partie de la « vie normale du marché des capitaux » .Business as usual ? Il est permis d’en douter. La véritable raison de ces retraits tient en cinq lettres, devenues le cauchemar des financiers rouges : le HFCAA, Holding Foreign Companies Accountable Act. Cette loi a été votée sous la présidence de Donald Trump, mais mise en place en décembre 2021 sous Joe Biden, qui accroît les obligations de transparence des entreprises étrangères. Comme elle les oblige notamment à dévoiler les noms des dirigeants, membres du Parti communiste (PCC), Pékin y voit une loi antichinoise.« Chasse gardée »« Comment rendre public l’actionnariat des entreprises étatiques puisque celui-ci est la chasse gardée des familles rouges ? » , s’interroge Isabelle Feng, chercheuse au Centre Perelman de philosophie du droit de l’Université libre de Bruxelles. Selon cette spécialiste, le Congrès américain est d’ailleurs en train de préparer une loi pour imposer aux entreprises qu’elles se conforment à la loi HFCAA dès 2023, et non 2024 comme prévu initialement.« Un retrait volontaire de la Bourse est moins humiliant qu’un delisting forcé, comme ce qu’avaient subi en mai 2021 China Telecom, China Unicom et China Mobile , note Mme Feng . Mais surtout, en prenant les devants, la Chine contrôle désormais “le narratif” sur ce qui se passe à Wall Street et donne le ton : poussées dehors par les Américains, ces entreprises sont ainsi déguisées en héros patriotiques qui ont pris l’initiative de délaisser Wall Street pour retourner dans la mère patrie. »Une liste de 159 nomsLoin de ne s’expliquer que par des raisons purement commerciales, comme les cinq firmes l’affirment, leur retrait de Wall Street est le dernier symbole en date du découplage en cours entre les marchés financiers américains et la Chine. Signe des temps : Alibaba, qui avait fait la « une » de la presse financière mondiale en réalisant à Wall Street en septembre 2014 la plus grande entrée en Bourse de l’histoire (25 milliards de dollars), a vu son action plonger fin juillet après que le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, eut révélé avoir ajouté Alibaba à sa liste des entreprises ne respectant pas la loi HFCAA. Une liste qui comporte 159 noms, selon Mme Feng.Plus de deux cents entreprises chinoises seraient cotées aux Etats-Unis. Le 27 juillet, le jour même où Alibaba remettait son rapport de 680 pages à la SEC – sans qu’y figure le nom de ses dirigeants, membres du PCC –, le groupe de la tech chinoise annonçait d’ailleurs préparer une deuxième cotation primaire à Hongkong. Comme s’il anticipait son exclusion de Wall Street.Les marchés financiers n’ont pas attendu les récentes tensions autour de Taïwan pour se préparer à ce découplage. Selon des documents transmis à la SEC le 12 août, Bridgewater Associates, le principal hedge fund mondial, a cédé, au cours du second trimestre, l’ensemble de ses participations dans cinq groupes chinois de la tech : Alibaba, Bilibili, NetEase, JD.com et Didi et a réduit sa participation dans trente-deux autres entreprises de l’empire du Milieu.Si les Bourses de Hongkong et de Shanghaï devraient être les principales bénéficiaires de ce retour des entreprises chinoises au bercail, les Européens pourraient également en profiter. Le 22 juillet, la Finma, le gendarme des marchés financiers suisses, a donné son feu vert à un mécanisme baptisé « China-Switzerland Stock Connect » . Celui-ci permet à des entreprises chinoises d’émettre des certificats de dépôts négociés à la Bourse suisse, alors que les actions correspondantes seront mises en dépôt dans une banque chinoise.
L’immobilier, maillon faible de l’économie chinoiseLa banque centrale a baissé ses taux par surprise, lundi 15 août, pour tenter de ranimer le secteur, principal moteur de l’activitéSimon Leplâtrepage 15Depuis des mois, la construction de leurs appartements n’avançait plus. Ils avaient protesté auprès du promoteur, auprès du gouvernement local, épuisé tous les recours. Certains ont dû contracter des crédits à la consommation pour leurs dépenses courantes, étranglés par le remboursement de leur prêt immobilier en plus d’un loyer à verser. D’autres ont retardé un mariage ou cherché une autre école pour leurs enfants. Début juillet, à Jingdezhen, au sud-ouest de Shanghaï, quelques centaines de propriétaires ont trouvé un nouveau moyen de protester : ils ont arrêté de rembourser leur prêt immobilier, et l’ont fait savoir en publiant une lettre ouverte.Dans un pays, où les appartements non terminés se comptent par millions, le mouvement a fait tache d’huile. Bientôt, la grève des remboursements faisait la « une » des médias chinois. Les autorités ont réagi immédiatement, en promettant un moratoire sur les remboursements et des fonds de sauvetage pour aider les promoteurs à achever les projets en cours. L’une des protestations les plus efficaces de ces dernières années en Chine ! Si le gouvernement a été si réactif, c’est parce qu’il craint la contagion. La grève des remboursements vient en effet couronner une année noire pour l’immobilier du pays.En septembre 2021, le monde découvrait avec effroi les pratiques douteuses du promoteur Evergrande, aujourd’hui endetté à hauteur de 300 milliards de dollars (291 milliards d’euros). Depuis, des dizaines d’autres ont fait défaut sur des échéances de leur dette, et des milliers de chantiers à travers la Chine sont à l’arrêt. Pour les autorités, le risque de troubles sociaux est important : en juin, des centaines de personnes ont manifesté devant la branche locale de la banque centrale de Chine, à Zhengzhou, capitale de la province du Henan, dans le centre du pays.Depuis des mois, leurs dépôts bancaires avaient été gelés par plusieurs banques de la région exposées aux mauvaises dettes des promoteurs. De l’avis des experts, le système financier chinois est suffisamment résilient pour encaisser quelques faillites. Mais la très médiatique grève des emprunts a eu un autre effet. Dans l’empire du Milieu, les promoteurs se financent largement par les préventes des appartements.Croissance quasi nulleQui voudra prendre le risque d’acheter un appartement sur plan auprès d’un promoteur aux finances fragiles après cette crise ? Sans surprise, les acheteurs sont désormais rares : en juillet, les ventes des cent principaux promoteurs ont baissé de 39,7 % sur un an, d’après des données de China Real Estate Information Corp.C’est le treizième mois d’affilée de baisse des transactions, la plus longue chute depuis le début de la privatisation du marché immobilier, dans les années 1990. Après un léger rebond en juin, grâce à la sortie des confinements de Shanghaï et d’autres villes chinoises, les ventes ont encore reculé, en juillet, de 28,6 % sur un mois.Les autorités déploient pourtant tous les efforts possibles pour tenter de réanimer le secteur.Lundi 15 août, la banque centrale chinoise a une nouvelle fois abaissé plusieurs de ses taux directeurs, par surprise, dans le but d’accroître les liquidités disponibles pour les banques et les encourager à prêter.Les gouvernements locaux, eux, facilitent l’achat de résidences, principales ou secondaires, en jouant sur le taux d’apport initial exigé ou l’ouverture du marché aux non-résidents de la ville.Certaines localités subventionnent même l’achat d’appartements neufs pour des personnes quittant un logement vétuste. Sans succès pour l’instant : sur les sept premiers mois de l’année, les ventes ont dégringolé de 49 %. Les conséquences de cette crise immobilière se font déjà sentir : après une année 2021 dynamique, l’économie chinoise a connu une croissance quasi nulle au deuxième trimestre 2022. Elle a perdu l’un de ses principaux moteurs. L’immobilier est directement responsable de 15 % de la croissance, grâce à la construction et aux services associés.Avec les secteurs qui en dépendent indirectement, acier, ciment, verre, ameublement, on atteint 25 % à 30 % du produit intérieur brut, selon les estimations. Illustration parmi d’autres : en avril, Ikea a fermé un magasin en Chine pour la première fois après vingt-quatre ans de développement dans le pays. Les ventes dans ce point de Guiyang, capitale du Guizhou aux 4,6 millions d’habitants, n’étaient pas au rendez-vous. Quand Ikea l’avait ouvert, dans cette province pauvre du sud, en octobre 2019, les perspectives de développement des villes moyennes étaient bonnes. Mais au premier trimestre 2022, les ventes de meubles ont chuté de 8,9 % dans le pays.Fin de l’urbanisation accéléréeA long terme, les perspectives ne sont pas bonnes pour le secteur. La population chinoise devrait atteindre son pic en 2022. L’urbanisation accélérée, qui a transformé le pays ces trente dernières années, ralentit. Le taux d’urbanisation (pourcentage de la population vivant dans les zones urbaines) n’a progressé que de 0,83 % en 2021 pour atteindre 64,7 %. Si le rythme freine depuis 2015, c’est la première fois que la hausse passe sous les 1 % depuis 1996. Les autorités tablaient sur 1,03 % de progression annuelle pour la période 2021-2025. Les besoins en nouveaux logements devraient donc être limités ces prochaines années. Si les grandes villes restent attractives, les villes petites et moyennes risquent de ne jamais absorber leurs stocks de logements. Les promoteurs détiennent au moins 30 millions d’appartements invendus, estime le cabinet de recherche Capital Economics. Beaucoup devront être dynamités. C’est ce qui explique les efforts des autorités pour nettoyer un secteur gangrené par la dette : l’immobilier ne pourra plus servir de moteur à l’économie. Conscientes des risques accumulés par les promoteurs, les autorités ont imposé, en 2020, « trois lignes rouges » comptables pour les entreprises concernées, limitant l’accès au crédit bancaire des acteurs surendettés, comme Evergrande.La mise en place d’un fond de sauvetage, fin juillet, pour assurer la complétion des appartements en construction, ne change pas la donne. « Il faut voir comment ils gèrent Evergrande. Ce que je comprends, c’est qu’ils vont seulement s’assurer que les appartements en constructions soient livrés, mais ils ne vont pas sauver l’entreprise » , estime Dan Wang, économiste en chef pour la Chine à la banque hongkongaise Hang Seng. « La priorité est toujours de lutter contre la spéculation et le surendettement, ajoute-t-il. A long terme, le gouvernement estime que l’immobilier n’est plus un bon moteur pour l’économie, parce que c’est trop risqué. Les autorités insistent maintenant sur la “croissance de haute qualité” ».Nouveau mantra des économistes officiels, celle-ci doit reposer sur l’innovation et la consommation intérieure – des tendances de fond qui ne se décrètent pas comme les taux d’intérêt. Surtout, le pays s’est tellement habitué à la croissance de l’immobilier depuis vingt-cinq ans que beaucoup d’acteurs en dépendent trop. Selon les années, les gouvernements locaux tirent de 25 % à 40 % de leur budget des ventes de terrains aux promoteurs. Des gouvernements locaux responsables de 90 % de la dépense publique, aujourd’hui chargés d’investir dans les infrastructures pour relancer la croissance… L’équation paraît difficile à résoudre.
En ce moment à Toulouse, les affiches de la honte. https://twitter.com/Drmartyufml/status/1559960579716124673
Tous les médicaments sans exception ont des effets secondaires, ils sont au courant, les mecs qui ont fait cette affiche ?
Désinformation russe, pas la peine de chercher plus loin. Et déblatérée par des militaires putschistes dont la prise de pouvoir a vraisemblablement été initiée par Poutine.
Une sécheresse sans précédent menace la croissance en ChineLes autorités doivent gérer la pénurie dueà la baisse de la production hydroélectriqueFrédéric Lemaîtrepage 10Pékin - correspondant - Des inondations meurtrières dans le nord-ouest du pays plutôt aride, une sécheresse exceptionnelle le long du Yangtsé habituellement fougueux, des températures souvent supérieures à 40 degrés, relevées dans un tiers des stations météorologiques du pays… Le dérèglement climatique n’épargne pas la Chine. Dix-sept personnes sont mortes et autant étaient portées disparues mercredi 17 août, à la suite des inondations et de la brusque montée des eaux survenues à Datong, un district montagneux du Qinghai, une province qui borde le Tibet. Ce drame est intervenu paradoxalement au moment où une grande partie du pays souffre d’une sécheresse exceptionnelle et – du Shaanxi au nord au Guangdong au sud – de températures jamais atteintes depuis le début de l’enregistrement des données, en 1961.La sécheresse concerne principalement le Hubei, le Sichuan, le Jiangxi, l’Anhui, le Hunan et la mégapole de Chongqing. Dans ces provinces que traverse le Yangtsé, les températures sont, selon les autorités, supérieures d’environ six degrés aux normales saisonnières. Et l’eau y fait désormais cruellement défaut. Dans le Sichuan, une province de 83 millions d’habitants, les rivières ont vu leur débit baisser de 20 % à 50 %. A Wuhan (Hubei), le Yangtsé n’a jamais été aussi bas. Dans le Jiangxi, le plus grand lac d’eau douce du pays, le lac Poyang, a, faute de précipitations, perdu les trois quarts de sa surface. Il ne s’étend plus que sur 737 kilomètres carrés, contre 2 203 en 2021 à la même période. Le lac est officiellement entré dans sa saison sèche le 6 août, 69 jours plus tôt en moyenne que durant les vingt dernières années. Dans le Jiangxi comme dans les autres provinces, la sécheresse qui dure depuis la mi-juin devrait, selon les experts, se prolonger en septembre.Coupures d’électricitéRésultat : la production hydroélectrique qui fournit 80 % de l’électricité au Sichuan et 17 % du courant produit en Chine est à son plus bas. Elle a chuté de 26 % en juillet par rapport à juillet 2021. Dans de nombreuses villes et provinces, les autorités doivent désormais gérer cette pénurie. Un problème d’autant plus délicat que cette vague de chaleur rend encore plus nécessaire le recours à la climatisation, grosse consommatrice d’énergie, et que la demande d’énergie atteint des records.Dans le Sichuan, 19 des 21 villes ont appelé dimanche 14 août les industriels à cesser leur production durant une semaine pour favoriser les zones résidentielles. Parmi les sociétés touchées : des constructeurs automobiles comme Toyota ou Volkswagen, Foxconn qui assemble les Ipad d’Apple et le plus grand fabricant mondial de batteries pour automobiles électriques, Contemporary Amperex Technology (CATL). En aval, à Shanghai, Tesla s’est plaint de problèmes d’approvisionnement.Malgré tout, les particuliers ne sont pas épargnés. A Dazhou (5 millions d’habitants), le fournisseur d’électricité a prévenu qu’il risquait de réduire à deux heures et demie par jour la consommation d’électricité des ménages. Sur les réseaux sociaux, les témoignages démontrent que les coupures sont plus fréquentes que les autorités ne l’admettent. «?Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’électricité pendant une semaine dans le comté de Santai sans qu’on ait été prévenus???» , s’interroge un Chinois. Le 17 août, la mégapole de Chongqing (30 millions d’habitants en comptant sa périphérie) a vu le mercure monter à 44,6 degrés, un record. La ville qui abrite plusieurs constructeurs automobiles a le jour même demandé aux industriels et aux centres commerciaux de réduire ou de cesser leurs activités jusqu’au 24 août. Selon la presse chinoise, deux autres provinces, le Jiangsu et le Zhejiang, ont pris des mesures similaires.Production de charbon relancéeSi les coupures de courant ne sont pas encore comparables à celles qu’a subies le pays en août et septembre 2021, elles ne peuvent que contribuer à ralentir une croissance déjà mise à mal par la politique sanitaire du zéro Covid. La plupart des prévisionnistes occidentaux misent désormais sur une croissance inférieure à 3,5 % cette année, 2 points de moins que ce qu’espère le gouvernement. La sécheresse pourrait aussi avoir d’importantes répercussions sur le niveau des récoltes et donc sur le prix des denrées, un sujet toujours sensible en Chine.Pour pallier la pénurie d’énergie d’origine hydraulique, les autorités ont relancé, comme à l’automne 2021, la production de charbon. La consommation de charbon a augmenté de 15 % durant les deux premières semaines d’août, comparé à la même période de 2021. Si la politique zéro Covid reste inchangée – le port de Xiamen a même étendu les tests aux poissons frais et aux crustacés –, les autorités reviennent sur la relative disgrâce dont le charbon faisait l’objet. Priorité au soutien à l’économie et à la stabilité sociale.« Nous devons garantir la fourniture d’électricité à la population » , a affirmé mercredi 17 août Han Zheng, vice-premier ministre, ajoutant que le gouvernement allait « prendre de multiples mesures pour aider les centrales au charbon à atténuer les difficultés actuelles » . Alors que le Parti communiste tient son XXe congrès à l’automne, nul doute que tout sera fait pour relancer la croissance et réduire les coupures de courant. Lancée par Xi Jinping en 2017, la « bataille pour le ciel bleu » marque une pause.
L’incroyable histoire de ces jumeaux et triplés séparés au nom de la scienceGardier, StéphanyQUAND LA RECHERCHE PREND SON TEMPS (4/5) - En secret, pendant 20 ans, un psychanalyste a étudié des fratries qu’il avait fait placer dans des familles différentes.Fulgurante, la science? Pas toujours. Si elle peut être lente, laborieuse et répétitive, c’est souvent à ce prix qu’elle apporte des réponses. Certaines expériences peuvent même durer des décennies. Récits de quelques-uns de ces défis au temps.Si le destin ne s’en était pas mêlé, combien de temps aurait duré l’étude commencée à la fin des années 1950 par le psychanalyste américain Peter Neubauer ? Quand il a entamé sa recherche, le médecin espérait sans doute qu’elle le rendrait célèbre. Mais ce ne sont pas les résultats de cette expérience, menée dans le plus grand secret pendant plus de vingt ans, qui lui ont finalement apporté la notoriété. C’est le scandale suscité par les conditions dans lesquelles elle a été menée. L’histoire, qui a fait grand bruit dans les années 1980, a été mise sur le devant de la scène en 2018 par le documentaire de Tim Wardle Three Identical Strangers , présenté en avant-première au Festival de Sundance, puis diffusé sur plusieurs plateformes de streaming.Retour en 1980, dans l’État de New York, le jour où le destin s’est immiscé dans les plans de Peter Neubauer et a du même coup bouleversé la vie de trois jeunes Américains de 19 ans. Robert Shafran, originaire de la région des Catskill, arrive au Sullivan County Community College, modeste université située à 180 km de chez lui, où il vient d’être admis. Traversant le campus pour rejoindre sa chambre d’étudiant, il vit un moment surréaliste: plusieurs étudiants le saluent, prennent de ses nouvelles, lui sautent même dans les bras. Un campus particulièrement accueillant pour les premières années? Non, car tout le monde l’appelle Eddy. De manière évidente, on le prend pour quelqu’un d’autre, mais qui?La réponse ne tarde pas à venir. Un des étudiants qui l’a pris pour Eddy lui demande: «Es-tu né le 12 juillet 1961?» Sidéré Robert, dit Bobby, répond par l’affirmative. «Alors tu as un frère jumeau!», lui répond du tac au tac le jeune homme. Et les voilà en route pour aller rencontrer Eddy, Edward Galland, lui aussi abandonné à la naissance et adopté à l’âge de 6 mois.Les retrouvailles miraculeuses des deux frères font la une des journaux locaux, puis finissent par intéresser des titres de New York, où habite David Kellman, né le 12 juillet 1961 et adopté lui aussi. Il faut peu de temps pour confirmer qu’il est bien le frère de Bobby et d’Eddy. L’histoire des triplés se répand comme une traînée de poudre. Les trois étudiants deviennent la coqueluche des talk-shows et font la une des magazines. Ils décident de surfer sur la vague de la célébrité pour s’associer et ouvrent un restaurant dans le quartier branché de SoHo, à New York.Déterminer les parts d’inné et d’acquisRapidement, leurs parents se tournent vers l’agence d’adoption très réputée Louise Wise Services, qui leur a confié les enfants sans les avertir de l’existence d’une fratrie. L’agence noie le poisson en expliquant avoir estimé que les enfants auraient plus de chances de trouver une famille seuls qu’en restant ensemble. Quant aux visites régulières de scientifiques qui faisaient passer des tests aux enfants, elles sont justifiées par une étude sur l’éducation et le comportement des enfants adoptés. Il faudra attendre le milieu des années 1990 pour que le travail d’enquête de Lawrence Wright, journaliste au New Yorker , fasse la lumière complète sur ce qu’ont subi les trois frères et leur famille.Peter Neubauer, psychanalyste d’origine autrichienne, très réputé à New York et proche d’Anna Freud, la petite fille de Sigmund Freud, s’intéressait de près au comportement de l’enfant. Très à la mode dans les années 1950, le débat sur l’inné et l’acquis dans le comportement humain le passionnait. «Trancher cette question fondamentale était un rêve dans la tête de Peter» , explique dans le documentaire une assistante de recherche du Dr Neubauer. Et pour réaliser son rêve il n’a pas hésité à se servir de bébés mis à l’adoption. En plaçant des jumeaux, mieux encore des triplés, dans des familles de classes sociales différentes, il espérait pouvoir déterminer les parts d’inné et d’acquis chez les enfants.«À cette époque, les enfants placés à l’adoption étaient nombreux, et séparer les frères et sœurs était abominablement fréquent, rappelle Yves Denéchère, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Angers. Les agissements de Peter Neubauer ne sont en rien excusables, mais il a plaqué son objectif scientifique - et sans doute aussi personnel - sur une pratique qui existait. On ne peut relire cette histoire avec notre grille éthique, morale et même juridique actuelle.»Après les retrouvailles des frères, l’étude est arrêtée en 1980, officiellement pour des raisons financières. Elle n’a pas été publiée et Peter Neubauer, décédé en 2008, a légué tous les documents à l’université de Yale, en imposant un embargo de soixante ans! Après le documentaire de 2018, et à la suite de nombreuses demandes, Bobby Shafran et David Kellman ont pu consulter près de 10.000 pages du dossier, mais ils n’y ont trouvé aucune information utile. Le nombre exact d’enfants utilisés par Peter Neubauer dans son expérience reste inconnu. Certaines sources parlent d’au moins cinq paires de jumeaux en plus des triplés. Trois de ces personnes se seraient suicidées, dont Eddy Galland, décédé en 1995, à l’âge de 33 ans.
Ils prenaient tout au pied de la lettre, bon vent.