Gargamel vient d'être, à nouveau, condamné à 4000 euros d'amende pour injure raciste. Dommage que le parquet, qui avait requis 20000 euros, n'ait pas été entendu.Pour rappel, il avait déclaré à Hapsatou Sy qui était chroniqueuse dans l'émission "Salut les Terriens" : "Votre prénom est une insulte à la France".Apparemment, rien que cette année, Gargamel est prévenu dans huit procès. https://www.huffingtonpost.fr/justice/article/dans-l-affaire-hapsatou-sy-zemmour-condamne-a-4-000-euros-d-amende_212669.html
So far, five officers have been fired and three more have been suspended without pay as officials in the Nashville suburb of La Vergne investigate the allegations against the 60-person police department, Mayor Jason Cole said.
Mais du coup, s'il avait dit que le prénom Britney était une insulte à la France, il aurait aussi été condamné pour injure raciste ?
Vous croyez qu'après ce scandale, ils vont retirer le "n"?
Ils devraient créer la catégorie insultes xénophobes pour éviter de dévoyer le mot racisme en regroupant tout dedans.
ROYAUME-UNI RIEN NE VA PLUSRécession annoncée, austérité, grogne sociale, instabilité politique... Britannia traverse une période sombre. Ce qui a poussé depuis quelques semaines l'opinion publique et la presse - même les journaux conservateurs - à accuser le Brexit de tous les maux. Certes, celui-ci n'a pas tenu ses promesses, comme le montre le reportage qui ouvre ce dossier, mais il n'est pas responsable de tout, concède même le très europhile The Observer. Il est temps désormais de tourner la page et de travailler ensemble à (re)construire le Royaume-Uni.page 26page 27page 28page 29L e ciel est chargé et il fait froid en ce milieu de semaine, à la fin du mois de septembre. À Skegness, il règne une atmosphère mélancolique de morte-saison. La mer est grise. Les longues plages sablonneuses ne sont parsemées que de rares promeneurs recroquevillés. Les manèges et les attractions, les arcades de jeux bariolées, les bowlings et les salles de bingo sont pour l'essentiel fermés, ou déserts. Un couple solitaire, venu de Leicester, admire la statue en bord de mer de la célèbre mascotte de la ville, le Joyeux Pêcheur qui se dandine, tout en rondeur, en fumant la pipe.À la haute saison, en juillet et août, la population de cette station balnéaire si typiquement britannique, à la frange la plus orientale du Lincolnshire, peut atteindre plus de 200 000 personnes, mais maintenant, la plupart des vacanciers sont repartis, laissant derrière eux les 20 000 habitants, et moi.Je suis venir voir ce que le Brexit a apporté à une ville surnommée "Brexitland-sur-Mer", alors que Skegness a majoritairement voté en faveur du départ de l'Union européenne lors du référendum de 2016. Parmi les électeurs de Boston et de Skegness, 75,6 % avaient soutenu le retrait, le plus fort pourcentage du pays.Appel au secours. Je m'aperçois qu'ici plus personne ne célèbre le Brexit. Je n'ai droit qu'à une litanie de lamentations sur l'échec du gou-vernement, incapable de produire les 350 millions de livres [396 millions d'euros] hebdomadaires promis au système de santé par Boris Johnson, incapable de freiner l'immigration, de décro-cher les accords commerciaux tant vantés, de résoudre la question de l'Irlande du Nord et - par-dessus tout - de venir en aide à des endroits délaissés comme Skegness. En 2013, le Bureau des statistiques nationales a désigné la ville comme étant la station balnéaire la plus démunie de Grande-Bretagne."Le Brexit ? grogne Alan, marchand à la retraite, occupé à promener son cockapoo [un croisement entre cocker et caniche] sur le front de mer. Je crois qu'on s'est tous fait rouler. Tout le monde se disait que ça allait tout régler avec les services de santé et ainsi de suite, et que tout irait mieux, mais je ne pense pas qu'on ait vu le moindre bénéfice, le moindre avantage. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui pensent comme ça."À 67 ans, Robert, chauffeur routier à la retraite, s'efforce - sans grand succès - de vendre des poupées en plastique dans un des quelques conteneurs en acier qui constituent le marché de Skegness. "On s'est fait avoir. On nous a trompés", dit-il. Les politiciens "se sont servis du Brexit pour prendre le pouvoir. Ils ont dit 'On va se débarrasser de tel et tel truc. Votez pour nous et on va régler ça'. Sauf qu'ils nous ont blousés... Le Brexit n'a absolument rien rapporté à Skegness". Si Boris Johnson passait là par hasard, Robert ajoute : "Je lui mollarderais dessus. Je lui cracherais dessus."J'entends d'ici les partisans acharnés du Brexit s'offusquer. C'est bien du New European d'aller chercher deux mécontents qui ont voté en faveur du retrait et de les présenter comme s'ils étaient la norme, vont-ils dire. L'ennui étant que Tony Tie, le sympathique maire de Skegness, ancien hôtelier de 76 ans qui a voté pour le Brexit en 2016, est tout aussi déçu, au point de dire qu'aujourd'hui il choisirait sans doute de rester dans l'Union européenne. "Je crois tout simplement que Boris Johnson nous a tous bernés, me déclare-t-il, alors que nous sommes assis dans le salon de sa confortable maison mitoyenne, à quelques rues du bord de mer. Je ne pense pas qu'il ait vraiment tenu une seule de ses promesses."Même Danny Brookes et Mark Dannatt, deux conseillers municipaux qui étaient à l'époque de fervents membres de l'Ukip et des apôtres du Brexit, s'avouent désemparés par l'évolution de la situation, bien qu'ils en rendent responsable la façon dont le gouvernement a mis le Brexit en oeuvre, plutôt que le Brexit lui-même."Ça m'a montré à quel point le gouvernement est incompétent", m'explique Brookes quand nous nous retrouvons le soir dans son restaurant sur la rue principale, l'Indulgence Cafe, où, en 2015, Nigel Farage avait pris la parole devant une foule de partisans en adoration. " S'il avait été bien géré, le Brexit aurait pu être une bonne chose... Ils n'auraient pas dû faire des promesses qu'ils ne pouvaient pas tenir." Des promesses sans lesquelles, le "oui" ne l'aurait peut-être jamais emporté lors du référendum. Un sujet que nous n'évoquons pas.Matt Warman, député conservateur de Boston et Skegness à la mine radieuse, assure que le vote massif de son électorat en faveur du Brexit en 2016 était avant tout un appel au secours, explication que j'entendrai à maintes reprises au fil des recherches que j'ai entreprises pour rédiger cet article. "C'est pour le message qu'il fallait 'reprendre le contrôle' que Skegness a voté, me dit Warman alors que nous prenons un café à Londres. Et il ne s'agissait pas seulement de 'reprendre le contrôle' politique à l'UE au profit du Royaume-Uni. Les gens avaient le sentiment d'avoir été laissés pour compte par les gouvernements britanniques pendant des années et des années." Un argument difficile à contredire. Skegness a bel et bien l'air d'une ville longtemps négligée, privée d'investissements, station balnéaire dont les beaux jours datent du temps, lointain, d'avant les vacances bon marché en Europe. Elle est toujours le quatrième lieu de villégiature favori en Grande-Bretagne, mais elle n'est pas reliée par une voie express, seulement par une nationale. Toutes les heures, un train à deux voitures se traîne poussivement à travers le paysage rural anonyme du Lincolnshire, en provenance de Nottingham, mais c'est tout. Skegness en est le terminus tant littéral que métaphorique.Fonds de remise à niveau. Il n'y a aucun secteur économique digne de ce nom en dehors du tourisme, lequel est très saisonnier. Pendant près de neuf mois, les B & B et hôtels bon marché de la petite ville sont fermés. Au plus fort de l'été, le service de téléphonie mobile n'arrive pas à faire face à la demande. La population permanente, âgée et peu diplômée, dépend essentiellement des allocations et, à en juger par le nombre impressionnant de scooters électriques pour personnes à mobilité réduite, est en mauvaise santé. Tous les témoignages concordent, il est des plus difficiles d'obtenir un rendez-vous chez un généraliste ou un dentiste, et le grand hôpital le plus proche se trouve à Boston, à 35 kilomètres de là.On comprend aisément pourquoi les habitants de Skegness ont utilisé le référendum sur le Brexit pour exprimer un vote de contestation, surtout alors que Farage, le Daily Mail, le Sun et consorts rendaient les immigrés d'Europe de l'Est responsables de la baisse des salaires et les accusaient d'avoir poussé les services publics jusqu'au point de rupture. Quand les choses vont mal, il est toujours tentant de chercher des boucs émissaires, et en 2016, beaucoup d'Européens de l'Est travaillaient en ville, dans le tourisme et dans les exploitations agricoles environnantes. C'est un terrain miné. Mais il n'est guère plausible de nier que le vote du Brexit a été en partie motivé par la xénophobie. Mark Anderson, le seul travailliste du conseil municipal et l'une des rares personnes à avoir fait campagne en faveur de l'UE en 2016, dit avoir reçu beaucoup de messages de haine, et "le pire, c'était : 'Vous laissez entrer les migrants, vous laissez entrer les Turcs.' Un mensonge pur et simple, mais c'était ce que leur faisaient avaler Johnson, Farage et cie".Pete, un jeune coiffé d'une casquette de baseball qui travaille dans une casse, m'affirme que le Brexit est "une bonne chose parce que ça nous donne la possibilité, à nous, les gens qui vivent vraiment dans le coin, de recevoir de l'aide".Chris Baron a dirigé le camp Butlin [une chaîne de villages-vacances] local (le premier du nom) pendant vingt ans, et compte parmi ceux qui tiennent à ressusciter l'économie de Skegness. "Quand des régions sont défavorisées, parfois, elles cherchent des coupables pour expliquer leur situation, et ce sont les Européens de l'Est qui en ont fait les frais, constate-t-il. Peut-être qu'ils ont vu les gens d'Europe de l'Est venir et qu'ils se sont dit que tout irait mieux s'ils partaient... C'était la chose la plus simple sur laquelle ils pouvaient se focaliser."C'est une erreur de croire que le Brexit n'a rien fait pour Skegness. Il semble que l'appel à l'aide de la ville ait été entendu. Pour des raisons évidentes, les subventions versées par l'Union aux régions défavorisées, que Skegness avait coutume de percevoir, ont désormais cessé, mais l'an dernier, la station balnéaire a touché 24,5 millions de livres [environ 27,6 millions d'euros] du Towns Fund du gouvernement, dans le cadre du programme de remise à niveau de Johnson. Cet argent, auquel s'ajoute l'équivalent en fonds de contrepartie, doit être affecté à une série de projets, dont la création d'un campus rattaché à l'université Grimsby, l'ouverture d'une école de police, la restauration de la gare délabrée et l'amélioration du front de mer. L'avenir du camp de vacances Butlin semble lui aussi plus radieux, depuis son rachat en septembre, son propriétaire d'origine l'ayant vendu pour un montant de 300 millions de livres [339 millions d'euros].Déficit de main-d'oeuvre."Nous avons connu plus d'investissements à Skegness, Boston et dans l'ensemble du Lincolnshire, à la suite de choses comme les fonds de remise à niveau, que nous n'en avons vu en une génération", clame le député Warman, tandis qu'Anderson, le conseiller municipal travailliste, grince que le gouvernement conservateur se contente de "satisfaire sa base à coups d'emprunts". On peut également avancer que si le Brexit a profité à des stations balnéaires comme Skegness, c'est parce qu'il a compliqué la vie des Britanniques qui souhaitent se rendre en Europe (comme en témoignent les queues interminables à Douvres cet été).Mais le plus gros défaut du Brexit est la pénurie aiguë de main-d'oeuvre qu'il a provoquée, ou à tout le moins aggravée, avec le départ de tant de travailleurs d'Europe de l'Est (la pandémie de Covid en est aussi en partie responsable). Tye, le maire, estime que la population est-européenne de la ville est passée de plus de 2 000 personnes il y a dix ans à moins de 500 aujourd'hui.Si cette pénurie entraîne une hausse des salaires, ce qui peut ou non être une bonne chose, elle porte surtout atteinte au secteur considérable du tourisme et de l'hôtellerie de la ville. Ce dernier se heurte désormais à la concurrence des producteurs de fruits et légumes du Lincolnshire, dont certains offrent le double du salaire minimum pour attirer les cueilleurs de choux-fleurs et de choux dont ils dépendent énormément. "Nous cherchons tous à puiser dans le même vivier de main-d'oeuvre, qui se réduit", explique James Parker, directeur des opérations de Fantasy Island, un fouillis de montagnes russes vertigineuses et d'autres attractions. À la haute saison, jusqu'à 15 % de ses 250 employés venaient d'Europe de l'Est. Aujourd'hui, ils ne sont plus que deux.Le problème n'est pas seulement le manque de personnel, mais le manque de personnel qualifié. "Quand la quantité est là, vous pouvez vous concentrer sur la qualité", déclare Baron, l'ancien directeur du camp Butlin dont près d'un cinquième des 900 employés étaient d'Europe de l'Est. Avis que partage Parker, de Fantasy Island. "Les Européens de l'Est qui venaient chez nous étaient très bien. Ils se disaient qu'ils avaient touché le gros lot, ils gagnaient bien leur vie. Ils ne demandaient qu'à travailler, et c'était contagieux. Ça a changé l'éthique de travail (des autres salariés)." Maintenant, "il faut faire preuve de davantage de tolérance et d'indulgence vis-à-vis du travail mal fait. Dans une certaine mesure, nous avons dû accepter une baisse de l'éthique professionnelle", commente-t-il.J'ai entendu bien d'autres plaintes à propos du Brexit durant les deux jours que j'ai passés à Skegness. Les exploitants de manèges qui achètent leurs engins aux Pays-Bas et en Belgique ont désormais du mal à se procurer des pièces de rechange ou à les faire entretenir. Les retraités ne peuvent pas passer de longs hivers en Espagne. Dans l'unique épicerie polonaise de la ville, les prix ont grimpé de 20 % à cause des taxes à l'importation.Warman, qui avait en fait voté pour le maintien dans l'UE, sous-entend que le Brexit pourrait avoir des avantages cachés. Il pourrait par exemple obliger les agriculteurs à se mécaniser au lieu de dépendre d'une main-d'oeuvre étrangère bon marché. Il se dit toujours persuadé que le gouvernement parviendra à un modus vivendi raisonnable avec Bruxelles et à un accord commercial avec les Ã%tats-Unis. Il soutient qu'il est beaucoup trop tôt pour juger si la décision de quitter l'UE était bonne ou mauvaise. "Ce serait être délibérément naïf que de croire qu'il va nous falloir un temps relativement court pour sortir de ce que nous avons mis quarante ans à intégrer, et que nous allons rapidement assister à des changements importants", tempère-t-il.Mais pour l'instant, en tout cas, le Joyeux Pêcheur semble avoir perdu son sourire. On n'entend plus de discours enivrants où il est question de reprendre le contrôle, de reconquérir sa souveraineté, de simplifier les formalités administratives et de libérer le véritable potentiel économique de la Grande-Bretagne. La remise à niveau n'est apparemment plus une priorité.Enfin, Skegness se voit quotidiennement rappeler l'incapacité du gouvernement à tenir l'une des principales promesses du Brexit - la sécurisation des frontières du pays. Si les autorités ont freiné l'arrivée de travailleurs qualifiés d'Europe de l'Est, en revanche elles ont récemment installé dans trois hôtels décrépits en bord de mer 120 jeunes demandeurs d'asile de sexe masculin qui ont traversé la Manche, suscitant l'ire de nombreux habitants de la ville.Comme le concède Warman à contrecoeur : "Ça revient un peu à agiter un chiffon rouge devant un taureau."Encadré(s) :Un pays "plus européen que jamais""Boris Johnson, merci." Le journaliste Janan Ganesh ne compte "pas faire la fine bouche". Et souhaite même "rendre à César ce qui est à César". Pour les europhiles comme lui , "le Brexit a transformé un rêve en réalité" : depuis 2016, soutient le Britannique dans un article empli de sarcasme, "le Royaume-Uni s'est rapproché du continent comme rarement auparavant". La livre sterling, d'abord, oscille autour de 1,10 euro, contre 1,40 euro au milieu des années 2010. "On arrive quasiment à la parité !" s'enthousiasme-t-il dans les colonnes du Financial Times. Le niveau d'imposition, ensuite, atteint des sommets "à faire pâlir les sociaux-démocrates scandinaves" - une hausse destinée en partie "à compenser" la perte de croissance due à la sortie de l'Union européenne, analyse Janan Ganesh. "Ironiquement, le fardeau fiscal n'a jamais été aussi faible dans ce pays qu'en 1994 lorsque le socialiste Jacques Delors dirigeait la Commission européenne et faisait l'objet d'attaques incessantes de la presse tabloïd."Enfin, le système politique britannique, "source de stabilité et de fierté face aux innombrables Premiers ministres italiens et aux multiples républiques françaises" , s'européanise lui aussi : en l'espace de six ans, le 10, Downing Street a vu défiler cinq locataires, soit autant que lors des trois décennies précédentes. "Du fait du Brexit , résume Ganesh, le Royaume-Uni commence à ressembler à une jeune démocratie méditerranéenne, sa charge fiscale à celle d'un pays nordique et sa monnaie à la monnaie unique européenne." En tant que Remainer, "on ne peut que s'incliner" .Remainers, à vous de jouer !Les Britanniques restent "enfermés dans un débat stérile" à propos du Brexit, constate le New Statesman."Voire tendent à fuir ce sujet hautement toxique, à moins de se trouver en présence d'une personne de confiance." Même au Parlement, les politiques de tout bord évitent d'évoquer la sortie de l'Union européenne et ses conséquences. Pourtant, près de sept ans après le référendum, "l'heure est venue de panser les plaies avec maturité". De laisser les rancoeurs, les rancunes et les récriminations de côté. Dans ce contexte, charge aux Remainers de "montrer l'exemple", note l'hebdomadaire anti-Brexit. Première étape : abandonner le rêve d'un nouveau référendum. "Il n'aura pas lieu avant vingt ou trente ans dans le plus optimiste des scénarios, car aucun Premier ministre, quel que soit son camp, ne prendra le risque de rejouer une campagne électorale aussi clivante." Sans compter que, au vu de escarmouches récentes entre Londres et Bruxelles, "la confiance est rompue : l'Union européenne ne nous laissera pas revenir de sitôt". À défaut, le New Statesman suggère la création d'une "alliance" entre pro-et anti-Brexit modérés. L'objectif : retisser patiemment les liens avec le continent, gommer les barrières douanières, faciliter la participation des scientifiques britanniques aux programmes de recherche européens. "Il ne s'agit pas de dire que les Leavers avaient raison, mais simplement d'accepter le monde tel qu'il est, conclut le magazine londonien. Mieux vaut, pour le bien de la nation, que le Brexit fonctionne, ou du moins qu'il fasse le moins de dégâts possible."
Au Brésil, après les émeutes dans la capitale, les partisans de Jair Bolsonaro à l'heure des doutesPar Bruno Meyerfeld (Rio de Janeiro, correspondant)Nul doute n'est permis : Renato Barao est un bolsonariste pur jus. Habitant de Sao Paulo, ce chômeur de 41 ans s'est jeté à corps perdu dans la bataille du scrutin présidentiel d'octobre 2022. Durant la campagne, il travailla un temps comme commentateur à TV Piaui, une chaîne YouTube de l'extrême droite complotiste, fermée par la police fédérale pour diffusion de fausses informations et de calomnies.Mais aujourd'hui Renato est en colère contre les siens. « Ce qui s'est passé le 8 janvier, c'est de la démence, de la folie ! » , confie-t-il au Monde sur WhatsApp au sujet du saccage des institutions de Brasilia par des militants d'extrême droite. « Je suis un légaliste. Ces amateurs ridicules voulaient faire leur Capitole brésilien . Les casseurs doivent être identifiés, jugés et emprisonnés » , tranche-t-il. Renato n'est pas le seul bolsonariste à désapprouver les émeutes de Brasilia. Alors que la capitale panse ses plaies et que les responsables sont peu à peu incarcérés, les partisans de l'ancien président tentent de digérer les événements. Entre désarroi, méfiance et détermination, certains, secoués, vivent leurs premiers doutes et tentent déjà de se ressouder.« Il faut distinguer les électeurs de Jair Bolsonaro et les bolsonaristes militants » , rappelle Camila Rocha, politiste à l'université de Sao Paulo. La parcelle la plus radicalisée, contestant la victoire de Luiz Inacio Lula da Silva aux élections et exigeant un coup d'Etat de l'armée, représenterait « quelques centaines de milliers de personnes » , estime la chercheuse. C'est dans ce vivier que le capitaine d'extrême droite recrute ses « soldats ».Accusations contre la gaucheLe lieutenant-colonel Luiz Fernando Walther de Almeida, 69 ans, a lui aussi assisté avec dépit à la mise à sac des palais de Brasilia. Compagnon de promotion de Jair Bolsonaro à l'Académie militaire, ce retraité avait été ces derniers mois de toutes les manifestations d'extrême droite organisées face au commandement militaire de Rio. « On chantait l'hymne national, on criait “SOS Forces armées, sauvez le Brésil !” C'était toujours pacifique » , jure-t-il. Le 8 janvier, « la foule s'est transformée en populace, incontrôlable, tempétueuse » , déplore le lieutenant-colonel. Il en veut à l'Etat de ne pas avoir maintenu l'ordre, mais aussi aux « radicaux » et aux « mauvais leaders » qui ont « jeté tout le monde dans le précipice » . « Aujourd'hui, nous avons un nouveau gouvernement. Continuer à manifester n'a plus de sens. C'est terminé » , conclut-il.Mais le militaire a aussi sa théorie sur les événements de Brasilia. « Il est évident que les manifestations ont été infiltrées par des casseurs » , ajoute-t-il. Une conviction partagée par Ronaldo Cunha, 42 ans, chauffeur de VTC à Rio et autre militant bolsonariste aguerri. « Tout ça, c'est une manipulation. Des gauchistes se sont fait passer pour des patriotes. Ce sont eux qui ont commis les destructions » , affirme-t-il.Afin de prouver ses dires, Ronaldo envoie une longue série de vidéos tournées, selon lui, le 8 janvier. On y voit des pro-Bolsonaro appeler les émeutiers à ne pas casser ou à ne pas brûler les bâtiments, un supposé « infiltré » du Parti des travailleurs (PT) près du Congrès ou encore des explosifs censés appartenir à des black blocs d'extrême gauche. Autant d'images douteuses, non sourcées, parfois montées et sujettes à interprétation.« L'infiltration gauchiste est la théorie la plus en vogue pour justifier les violences » , note Pablo Ortellado, professeur en gestion publique, qui suit de près plusieurs dizaines de groupes d'extrême droite sur les réseaux sociaux . Pêle-mêle, les bolsonaristes y accusent les militants du PT, les sans-terre, les supporteurs du club de football des Corinthians (marqués à gauche) ou les trafiquants de drogue du Premier Commando de la capitale (PCC) d'être responsables du saccage. « L'autre théorie concerne la répression : pour eux, ce sont des persécutions, et le Brésil est entré dans une dictature » , poursuit M. Ortellado. A ce sujet, Renato, le militant de Sao Paulo, s'indigne : « Tous les manifestants sans distinction sont décrits comme des terroristes. Parmi ceux qui ont été arrêtés, il y a des innocents, qui ne sont même pas descendus sur la place des Trois-Pouvoirs » , croit-il.De fait, le coup de filet de la justice a été très large. Depuis le 8 janvier, près de 2 000 personnes soupçonnées d'avoir participé aux émeutes ont été arrêtées, dont plus de la moitié ont déjà été transférés en prison. Avant d'être interrogés, ces derniers ont dû transiter longuement sur un terrain de basket de l'Académie de la police fédérale dans des conditions certes précaires, mais décrites comme carrément « inhumaines » par les bolsonaristes. Des vidéos circulent, comparant les lieux à un camp de concentration nazi et affirmant qu'une personne âgée serait morte sur place : une information fermement démentie par les autorités, qui ont au contraire libéré les plus de 65 ans, les personnes souffrant de comorbidités et les parents ayant des enfants à charge.« Bolsonaro n'a rien stimulé »La séquence a eu un effet notable : la peur a changé de camp. En ligne, des profils et des groupes d'extrême droite disparaissent, d'autres migrent vers des messageries plus sécurisées, et les messages échangés sont supprimés au bout de vingt-quatre heures. La figure d'Alexandre de Moraes, juge au Tribunal suprême et orchestrateur de la répression, est crainte entre toutes. « Je préfère ne pas parler de lui. C'est compliqué… Dès qu'on questionne, ça peut viraliser et finir en prison » , confie Ronaldo, bolsonariste carioca.Malgré tout, la figure du commandeur demeure inaltérée. « Bolsonaro n'a rien à voir avec tout ça ! Il n'a rien stimulé du tout » , insiste son camarade de promo, Luiz Fernando Walther de Almeida, à l'unisson de tous les autres bolsonaristes. « En ligne, l'ex-président est décrit comme un grand stratège, un joueur d'échecs, qui aurait un plan caché pour sauver le Brésil » , constate Pablo Ortellado.Actuellement en Floride, Jair Bolsonaro voit pourtant le danger se rapprocher. Vendredi, le juge Alexandre de Moraes a ajouté le nom de l'ancien président à la liste des suspects visés par l'enquête devant déterminer l'identité des instigateurs des émeutes du 8 janvier. Le même jour, le quotidien Folha de Sao Paulo a révélé l'existence d'un document compromettant, trouvé lors d'une perquisition chez son ancien ministre de la justice, Anderson Torres : une proposition visant prendre le contrôle de la justice électorale afin d'inverser les résultats du scrutin.« Au final, tout cela ne devrait pas changer grand-chose à la popularité de Bolsonaro » , estime la chercheuse Camila Rocha. Envers et contre tout, de nouveaux appels à la mobilisation ont été lancés ces derniers jours. « Pour les bolsonaristes, la lutte continue et la répression pourrait même mener à une radicalisation supplémentaire de plus radicaux » , estime la chercheuse. Avec, en perspective, de nouveaux épisodes de violence.
Victor Shih : « En Chine, le pouvoir sans limites de Xi Jinping montre ses “limites” »Harold ThibaultAprès dix ans de purges massives, le président chinois est tout-puissant, mais cette terreur a entraîné une paralysie des initiatives à tous les échelons de la société, affirme le professeur à l’Université de Californie dans une interview au « Monde ».Professeur à l’université de Californie, à San Diego, Victor Shih étudie les élites politiques chinoises ainsi que les mécanismes d’interaction entre les autorités locales et le pouvoir central. Il analyse aussi les processus de décision dans la Chine d’aujourd’hui. Son dernier livre, Coalitions of the Weak (« les coalitions des faibles », Cambridge University Press, 2022, non traduit), explore la manière dont le président Xi Jinping s’est servi de la faiblesse des autres responsables politiques de haut rang pour asseoir un pouvoir total et personnel.Comment expliquer qu’après trois ans de politique zéro Covid, érigée en modèle chinois face à l’Occident, Pékin a abandonné cette stratégie d’un coup, en décembre 2022 ?Il y avait, au sein du gouvernement, probablement déjà quelques mois avant cette décision, des partisans d’un assouplissement de la politique drastique contre le Covid-19. A posteriori, l’agence de presse officielle, Chine nouvelle, a affirmé que le gouvernement s’est basé sur des données obtenues au mois de novembre – à un moment où il y avait déjà des foyers de contamination dans le pays –, montrant que les taux d’infection grave et de létalité étaient assez faibles. Je n’y crois pas complètement.Pour un dirigeant tel que Xi Jinping, qui entend rester au pouvoir à long terme, un autre élément décisif est l’économie. Or, celle-ci va mal. Pour la sauver, il fallait renoncer à la politique zéro Covid. Enfin, il y a eu les manifestations de la fin novembre 2022. Elles ont été interprétées comme une réaction à la situation économique, car les possibilités d’emploi étaient restreintes pour les jeunes. Le pouvoir a donc décidé de changer de cap, soudainement et avec un manque de préparation.Un tel revirement ne porte-t-il pas atteinte à la légitimité du président Xi ?Si, bien sûr, et en premier lieu aux yeux de ceux qui perdent des proches, des personnes âgées qui n’avaient pas été exposées au virus en raison de la politique antérieure. La mort de tous ces gens a un impact sur la confiance que lui porte le peuple chinois. La Chine n’étant pas une démocratie, l’état d’esprit des Chinois n’est certes pas une préoccupation première, mais on constate un besoin du pouvoir de se justifier, d’essayer de prouver que ses décisions ont été prises de façon rationnelle, et qu’il fallait trouver un nouvel équilibre. Ce que Pékin ne dit pas, c’est qu’une voie médiane aurait tout à fait pu être suivie : échelonner la fin des restrictions pour envoyer un message d’espoir, tout en lançant une campagne de vaccination massive et en achetant des volumes importants de Paxlovid, un antiviral efficace. Cela aurait certainement épargné des vies.Un autre retournement brutal avait affecté le secteur de l’immobilier, à l’automne 2021. Après que Xi Jinping avait déclaré qu’« un appartement est fait pour vivre, non pour spéculer », le gouvernement a coupé les financements pour les promoteurs trop endettés, provoquant l’effondrement de l’un des plus importants d’entre eux, Evergrande, et une crise majeure du secteur. Que révèlent ces revirements sur la gouvernance chinoise ?C’est une dictature. Xi Jinping ordonne, on s’exécute. Cela présente des avantages. Précédemment, pendant la période Hu Jintao [2002-2012], la Chine était en proie aux blocages politiques et à l’inefficacité, avec des débats sans fin et des décisions non appliquées. A mesure qu’il a consolidé son pouvoir au sein du Parti communiste, Xi a mis fin à cette situation. Bien avant le Covid-19, il avait lancé une campagne de purge contre les officiels qualifiés de « liang mian pai » – jouant un « double jeu » –, les cadres qui n’appliqueraient pas immédiatement et loyalement ses ordres. Aujourd’hui encore, les responsables sont terrorisés à l’idée d’être perçus comme traînant les pieds. Dès qu’ils perçoivent ne serait-ce qu’un simple changement d’attitude du gouvernement central, ils s’alignent sans attendre, de peur de manquer de zèle à l’égard de Xi Jinping.Sous les précédents dirigeants, après Mao Zedong [1893-1976], le système était dictatorial, mais assez prévisible. Cela faisait de la Chine un partenaire de choix pour les hommes d’affaires du monde entier, malgré l’idéologie communiste en vigueur. Y a-t-il eu une rupture ?Aujourd’hui, c’est clair : il est impossible de savoir si les choses vont changer. Et quand elles changent, il n’y a absolument aucun recours. Si les dirigeants politiques s’en prennent à une entreprise, une personnalité, etc., toutes les branches de l’Etat – dont les cours de justice, et même les avocats – doivent défendre cette ligne. Il n’existe donc plus aucune forme de protection.Dans la ligne de mire, les patrons chinois, qui doivent défendre les intérêts et l’influence de la Chine à l’étranger, peuvent tomber en disgrâce à tout moment…Le cas le plus emblématique est celui du fondateur du géant de l’e-commerce Alibaba, Jack Ma. Tout est parti d’une petite phrase qu’il avait prononcée à l’automne 2020, selon laquelle l’agence de régulation bancaire était trop conservatrice et étouffait l’innovation. Il a disparu de la scène médiatique pendant des mois, durant lesquels personne ne savait si l’entreprise allait devoir se retirer de certains secteurs, ou si l’Etat-parti voulait la démanteler intégralement. Finalement, M. Ma passe désormais l’essentiel de son temps à l’étranger, mais le groupe qu’il a fondé peut continuer d’opérer. D’autres patrons, comme ceux du groupe HNA – qui avait notamment investi, en France, dans Pierre & Vacances et dans les plateaux-repas Servair – ou encore celui de la compagnie d’assurances Anbang, ont irrité les autorités, provoquant leur chute. Leurs compagnies ont tout simplement cessé d’exister. Dans la Chine de Xi Jinping, les choses peuvent prendre un tour imprévisible. Et si, aujourd’hui, Pékin commence à envoyer des signaux plus positifs pour relancer l’économie, les acteurs économiques n’ont plus confiance. C’est le propre du dictateur : il tend la main de nouveau, mais on sait d’expérience que le prochain retournement sera arbitraire. Ce sont là les « limites » d’un pouvoir sans limites.Dans ce climat, comment les officiels interagissent-ils avec Xi Jinping ? Comment les arbitrages sont-ils établis ?Personne en Chine ne peut débattre avec le président. Ses priorités deviennent des politiques, et personne ne peut les remettre en question, les interroger ou défendre une position inverse. Beaucoup de cadres de rang moyen, de chercheurs dans les instituts proches du gouvernement font de leur mieux pour présenter des données et des propositions à l’échelon supérieur, mais celles-ci sont filtrées au sommet. L’entourage de Xi lui présente certaines informations et pas d’autres, sans qu’on sache précisément comment ce filtrage s’opère ni pourquoi le président va changer d’avis ou de politique d’un jour à l’autre.Ce degré de pouvoir personnel a été atteint après dix ans de purges, sous le prétexte de lutte contre la corruption. Même des officiels proches du vice-président, Wang Qishan, qui a mené pour Xi Jinping les premières années de cette croisade anticorruption, ont fini par être écartés. Où ce processus s’arrête-t-il ?C’est une politique de la terreur, mais celle-ci ne peut pas durer éternellement. Une fois qu’on s’est débarrassé de tous ceux dont on souhaitait se débarrasser, qu’on a installé ses hommes aux postes importants, mais que la terreur se poursuit, le système commence à dévorer ses propres enfants. Ce point est désormais atteint. Certes, il y a encore des inspections disciplinaires, des cadres sont purgés occasionnellement, la rhétorique n’a pas disparu et il faut, de temps à autre, sacrifier un agneau… Le climat de terreur persiste, mais la campagne des purges massives, à mon sens, est arrivée à son terme.Le 20e congrès du Parti communiste chinois [PCC] a entériné, en octobre 2022, le maintien au pouvoir de Xi Jinping sans perspective de sortie, et placé uniquement ses proches au sein du comité permanent du bureau politique. En quoi cela a-t-il changé la vie politique chinoise ?Avant le congrès, il y avait encore une autre faction résiduelle : les officiels passés par la Ligue de la jeunesse communiste [créée en 1922, un an après le PCC], un groupe représenté par le premier ministre, Li Keqiang [dont le deuxième mandat de cinq ans s’achève en 2023], et le numéro quatre du PCC, Wang Yang, ancien dirigeant de la région industrielle du Guangdong, tous deux plus libéraux. Ils vont être mis à la retraite. Bien sûr, ces gens ne s’opposaient pas frontalement à Xi Jinping, mais ils pouvaient mener leur propre politique tout en restant dans le cadre général fixé par Xi. Li Keqiang avait souligné l’importance de réduire la fiscalité et le poids de la bureaucratie pour le dynamisme des entreprises privées, et donc pour l’innovation, ce qui n’était pas la priorité de Xi Jinping. Même si Li Keqiang avait peu de marge, c’était quelqu’un qui pouvait tendre l’oreille au sommet du pouvoir. Désormais, tous les dirigeants de haut rang sont issus d’une seule et même faction, portés par Xi Jinping. Il n’y a plus d’alternative, personne d’autre ne dispose d’un pouvoir de décision autonome. C’est ce qui a changé.Qu’est-ce que cela signifie pour les responsables politiques locaux, les chefs de village, les maires, les dirigeants dans les provinces, qui doivent organiser la vie de la Chine au quotidien, à leur échelon ?L’incitation à innover, à entreprendre de sa propre initiative, est très faible. Le risque encouru en sortant du rang est très élevé, et la gratification en cas de succès inexistante. Avant, la présence de factions concurrentes permettait à des cadres locaux, qui avaient des liens avec des officiels à Pékin, de tenter des réformes. Si leur résultat était positif, ces réformes devenaient un argument pour leurs parrains au sommet de l’Etat-parti. En contrepartie, les cadres des échelons les plus bas progressaient dans leur carrière. L’incitation à innover était forte. Aujourd’hui, s’ils n’ont pas été proches de Xi Jinping à un moment de leur parcours, les officiels savent qu’ils ne seront pas promus. Pour eux, la meilleure stratégie consiste donc à ne pas bouger, sauf si le pouvoir central leur a explicitement ordonné de le faire – auquel cas il faut s’exécuter dans l’urgence. Cette situation paralyse l’expérimentation au niveau politique local, qui a été à la base des ouvertures économiques et sociales des dernières décennies en Chine. Chaque secteur de l’Etat, chaque unité bureaucratique obéit dès qu’il y a un ordre du sommet et, pour le reste, se contente de se protéger.