Pour expliquer il faut en revenir à la méthode de production traditionnelle d’un film d’animation, obsolète depuis le passage aux méthodes digitales.
Premièrement le matériel est constitué d’une table en verre transparent et d’une caméra de cinéma filmant à la verticale au-dessus de la table.
Pour chaque vue de la pellicule (la pellicule est aussi appelée film), on superpose en sandwich les différentes couches de celluloïdes montrant chacune des éléments de décor et les personnages sur la table. Cela forme la base de l’image. S’il n’ya pas d’effet à ajouter, la vue est exposée (comprendre "filmée") et la caméra passe automatiquement à la vue suivante.
Pour ajouter un effet, on utilise une double exposition (aussi appelée superposition). On rembobine la pellicule d’une vue, la vue précédente va de nouveau être exposée.
L’effet qui nous intéresse est appelé [tôkakô] en japonais. Cela signifie littéralement "lumière transmise", il faut plutôt comprendre "ajout d’effet de lumière" ou "superposition d’effet de lumière". Pour cela on dégage la table des celluloïdes qui ont servi précédemment. On pose dessus un masque noir. Ensuite il s’agit d’éclairer la table par-dessous avec des lampes qu’il faut bien entendu ajuster. En exposant ce masque éclairé, ce qui passe au travers du masque noircira la pellicule tandis que les parties noires ne l’affecteront pas. Le noircissement est en négatif, sur l’image positive on aura un éclaircissement, un effet de transparence.
Cette technique de "lumière transmise" a été utilisée massivement au Japon à partir de la fin des années 1970 avec le boom des séries de science-fiction. On l’a ensuite vue à toutes les sauces dans les années 1980. Enfin le milieu des années 1990 marque le début des méthodes digitales.
Il y a deux types de masque.
1) pour les pauvres, le masque en papier [rasha] noir
C’est un mot d’origine européenne qui désigne un papier japonais fait à partir de coton. On emploie un cutter pour découper des trous par lesquels passera la lumière. C’est comme ça qu’on obtient des formes à base de lignes telles que les tirs de laser dans
Bioman. Il y a aussi les perforatrices pour créer des ronds plus ou moins gros.
2) pour les riches, le masque lith (
lith mask)
Dans un premier temps, on va créer en négatif le masque. Pour cela, on dessine en noir (avec un feutre, pinceau ou aérographe, etc…) sur du papier blanc les formes destinées à être illuminées. Ensuite par un procédé photographique, on en développe une image inversée (le noir à la place du blanc et vice-versa) sur du film lith. Il servira de masque pour l’exposition. Dans ce cas pas de trou, on éclaire simplement le masque par-dessous.
Le film lith a la caractéristique d’apporter un contraste élevé, en noir et blanc pratiquement sans gris, et de conserver les détails tels que les particules (d’où l’usage de l’aérographe). Le film lith coûtait évidemment plus cher que le simple papier rasha.
C’est cette méthode qu’on employait pour le lettrage dans les génériques de film et de série télévisée (texte blanc, peinant parfois à se détacher de l’arrière-plan).
Quelques astuces. Pour créer des effets de lumière colorée, on ajoute des morceaux de celluloïdes colorés en-dessous des trous (ou zones blanches) du masque.
Pour le scintillement du cosmos, c’est probablement le même truc que pour la surface de l’eau, qui consiste à poser une plaque en acrylique transparent au-dessus du masque. La face supérieure de la plaque étant cabossée et irrégulière. A chaque vue, la plaque est décalée latéralement, simulant un mouvement.