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[Fanfic] Abaddon s'y met aussi
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Sujet: [Fanfic] Abaddon s'y met aussi (Lu 1948 fois)
Abaddon
Membre Héroïque
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服とは罪!人間の原罪!
[Fanfic] Abaddon s'y met aussi
«
le:
29 mai 2013 à 02:11:04 »
Après plusieurs projets avortés, je livre aujourd'hui la moitié du premier chapitre de ma fic. Elle n'a aucune autre ambition que de me détendre et de tenter de vous distraire. Elle n'est pas originale en elle-même : elle est la fusion de plusieurs idées que j'ai précédemment eues mais qui n'avaient jamais abouties. Je tenterai de respecter la cohérence de la série, de m'appuyer sur le manga et les différents éléments présents dans les spin-off, et de tenter d'en ajouter d'autres de ma propre conception. Je tiens à prévenir que le style littéraire sur le long terme n'est pas une chose aisée, et il se peut que des redondances apparaissent. Je n'ai pas encore vraiment décidé d'une date, mais l'histoire se situe bien bien avant les guerres saintes connues, mais bien après les temps mythologiques, quelque part entre 300 et 1000 après JC. Je tâcherai de donner mes références à chaque publication. Je ne donne pas à l'avance de dates de publication, elles risquent d'être erratiques. Bonne lecture!
Ps : je n'ai pas encore trouvé de titre
Chapitre I, partie 1/2
Spoiler
(click to show/hide)
Montagnes reculées de l’Himalaya, terres de Jamir
Le froid était glacial. Il pénétrait l’épaisse fourrure du visiteur qui luttait tant bien que mal face à la bourrasque sordide de cette fin de journée. La haute tour se dressait à l’horizon, l’objectif était à portée de main. Encore quelques pas, un kilomètre tout au plus, et ce calvaire prendrait fin. Le courage n’était pas une ressource dont manquait l’homme. Après tout, parcourir la moitié du globe était une preuve suffisante de sa détermination. Échapper à la vigilance du seigneur Eaque et à l’armée du Destructeur résumait la furtivité qui était la sienne et qui avait fait de lui un assassin hors pair lors de la dernière guerre sainte.
Le blizzard redoublait d’intensité à mesure que le guerrier approchait ; un tour du protecteur des lieux à n’en pas douter. Ou bien…
« Cioran ? » osa alors l’inconnu, se coupant presque le souffle à l’évocation de ce nom. En guise de réponse, une lance d’ébène lui frôla le visage, emportant avec elle une partie de sa joue. Trois silhouettes émergèrent alors de la tornade blanche, l’effleurant telle une simple brise.
« Le disciple a remplacé le maitre » annonça alors le chef du trio, « quel dommage que ce dernier ait péri durant la guerre. Cela faisait longtemps, ô Andreia ». Le disciple à la chevelure pourpre exhibait une armure dorée, une Cloth à n’en pas douter. En revanche les protections de ses deux acolytes différaient considérablement, reflétant une lueur ténébreuse. Des Surplis !
« J’aurai dû me douter que ma présence finirait par être repérée tôt ou tard » exclama Andreia tout en soutenant le regard de ses assaillants.
« Nous en étions informés sitôt que votre pied foula ces montagnes. Vous n’êtes pas sans savoir que le domaine de mon maître ne se trouve qu’à quelques kilomètres d’ici. Nul ne peut échapper à son regard. Pas même vous, Andreia le Furtif ». Le ton était calme, posé, ne trahissant nullement les intentions meurtrières du Saint renégat. Les deux autres Spectres suivaient cet exemple, dociles aux côtés de leur ambassadeur.
« Qu’est-ce que l’armée du Destructeur vient faire en ces lieux ? M’assassiner ? Si c’est le cas, les possibilités de le faire étaient exponentielles. A moins que votre objectif ne soit tout autre… » S’aventura Le Furtif, les sens plus que jamais en alerte, prêt à dégainer son arme et à faire feu. Le disciple commença à bouger, engageant quelques pas autour de son adversaire.
« Il est vrai seigneur Andreia que notre objectif était tout autre comme vous dites. Nous sommes venus convaincre le seigneur Télos du bien fondé de notre action. Le forcer à rejoindre nos rangs ou trépaner. Accomplir notre tâche n’était qu’une question d’heures… jusqu’à votre arrivée impromptue qui a perturbé notre projet si sublimement huilé. Oui j’ai tendance à partager la rigueur de mon maitre et tout comme lui je ne tolère que peu les imprévus. L’élève tient du maître, j’imagine que c’est là le but d’un apprentissage. »
Le Spectre à l'aile unique s’approcha alors du Disciple tandis que le second prit une posture offensive. Rien de bon ne sortirait de tout cela.
« Du bien fondé de votre action ?! Vous commettez un génocide ! » Éructa alors Le Furtif, prêt à en découdre.
« La mort est délivrance, seigneur Andreia. Notre seule délivrance. Vous, le Sanctuaire, Eaque, et mêmes ces couards de Marinas, pourquoi refusez-vous d’admettre ce fait ? Que la décadence et la démence nous ont ouvert grand leurs bras ? Que ce monde agonise sans espoir de trépas ? »
Des cristaux commencèrent à se matérialiser dans les paumes du Saint. L’affrontement allait commencer.
« Nous sommes la rédemption de ce monde privé de dieux. Nous sauverons les âmes de chacune des créatures de la planète. Saint, Spectre, Marina, qu’importe : nous accorderons la mort à quiconque la désire. Et pour les plus réfractaires, nous nous montrerons charitables et leurs ouvriront les yeux. Violemment. » Un instant s’écoula. Puis… « Goliath. »
Le Spectre à une aile saisit le Disciple par les épaules et le propulsa dans les cieux. Arrivé à une hauteur suffisamment raisonnable, le Saint renégat matérialisa une rangée de lances de glaces.
« Seigneur Andreia, trouvez le repos que vous méritez ! Accueillez la douce étreinte de la mort. Piliers de la rédemption ! »
Les lances pointées en direction d’Andreia impactèrent le sol. Seule la fourrure émiettée du Furtif semblait avoir subi les foudres du renégat. Le propriétaire demeurant introuvable.
« Seigneur Andreia. Je me doutais parfaitement qu’un homme de votre trempe ne se laisserait pas abattre aussi simplement. Sachez néanmoins que mon maître m’a formé dans le but de vous annihiler tous. Vos forces, vos faiblesses, vos techniques : nul membre de votre ordre n’a de secret pour moi, Cioran, Saint d’Or du Verseau ! » Sitôt les présentations faites, il apposa au sol ses paumes, murmura ce qui semblait être une technique, et alors des stalagmites gigantesques émergèrent, recouvrant toute la zone. Andreia occulta sa présence, invisible au milieu des stalagmites. Le Spectre « Goliath » découvrant le subterfuge profita de l’occasion.
« Onction terrestre ! ». D’étranges symboles s’apposèrent au bas des piliers de glaces, libérant chacun une salve d’énergie. Andreia sauta de pointes en pointes, échappant de peu aux ondes. C’était sans compter sur le second Spectre qui l’intercepta. L’échange de coups s’avéra inégal, le Spectre possédant une force herculéenne, aussi terrifiante et dévastatrice que celle de feu le Saint d’Or du Taureau.
« Permettez-moi de vous présenter mes gardiens seigneur Andreia. Votre adversaire direct est Isa du Kujata, l’étoile terrestre de la force. Et le colosse à l’aile unique, c’est Goliath du Néphilim, l’étoile terrestre de la rencontre. Autant vous dire que vous êtes entre de bonnes mains. »
A trois contre un, avec des adversaires aux caractéristiques toutes aussi diverses les unes des autres, le Furtif pensa au plus profond que sa défaite était imminente s’il continuait dans cette voie. La demi-mesure ne s’appliquait plus à la situation : ses adversaires faisaient preuve d’une détermination et d’une force peu communes. Abandonnant l’occultation, le Saint fit exploser son cosmos, propulsant le Néphilim au loin. Sa Cloth visible au grand jour baignait d’une lumière éclatante et sereine, rayonnant jusqu’à la tour de ce territoire perdu.
« Enfin vous daignez vous dévoiler Saint d’Or du Sagittaire ». Cioran semblait satisfait de cet acte. « Je suppose que nous pouvons passer aux choses sérieuses maint… » Une flèche dorée lui frôla la tempe, interrompant son monologue. « Destruction Infinie !! » hurla alors le Sagittaire, libérant une vague de lueurs dorées. Des centaines de ces dernières filaient à toute allure sur chacun de ses opposants. Néanmoins toutes ricochèrent sur des murs de glace qui s’érigèrent autour des trois antagonistes.
« Le Bouclier gelé, l’attaque ultime des Saints de glace. Mais je ne vous apprends rien n’est-ce pas ? ».
Le Saint du Sagittaire était stupéfait. Aucune de ses flèches n’avaient pénétré l’épaisse couche de glace, à peine quelques éraflures. Mais là n’était pas sa plus grande inquiétude : le mur semblait… bouger.
« Cette technique mêle aussi bien l’attaque que la défense : il s’agit là d’une combinaison imparable. Il se meut au gré de ma volonté. Et d’ici quelques secondes, vous y serez piégé. » Annonça alors le Saint doré, certain de la réussite de son entreprise.
La vague de cristal s’abattit alors sur le Saint zodiacal qui ne put l’éviter. Les lames glaçantes cernèrent sa Cloth et figèrent les mouvements de son corps. Un rictus macabre se dessina alors sur son visage : une vision d’effroi figée pour l’éternité dans les entrailles d’un tombeau translucide.
« Vous fûtes un fugace mais délicieux divertissement seigneur Andreia. La mort est délivrance ! »
La dernière exclamation fut reprise en chœur par les spectres. Le leitmotiv nihiliste de Cioran résonnait chaque fois que la mort accueillait un nouveau membre au sein de son domaine. Le trio désormais débarrassé du Saint encombrant repris sa route et se heurta à la tempête de neige qui entourait le domaine Jamirien.
« Seigneur Cioran, comment pénètrerez-vous cette insondable bourrasque ? Questionna alors Goliath. Même si je vous propulsais, il n’est pas certain que vous puissiez en ressortir indemne. Quant à Isa, si sa force est incontestable, elle nous est ici d’aucun secours.
- La seule crainte que vous ayez à avoir, c’est celle de ne pas mourir. Le reste est de mon ressort. Télos est le catalyseur de ce blizzard. Nul moyen physique ne peut compromettre son intégrité. Et pour cause : il n’existe pas. »
Une vague de stupéfaction parcourut les visages des spectres, la révélation de Cioran avait dérouté ses interlocuteurs.
- « Ce qui se dresse ici est une illusion. Et pas n’importe laquelle. Notre ennemi est un maitre illusionniste. Durant la guerre sainte, nombreux sont ceux dont la psyché a été réduite à néant par ses ruses. Mais je ne suis pas de ceux-là. De plus, Apeiron m’a prodigué de remarquables conseils, et aujourd’hui nous allons les mettre en application. »
Le Saint prit alors une posture de méditation, jambes et mains croisées. Les yeux clos, Cioran ouvrit son esprit, et débuta son périple psychique. Au début, il ne ressenti rien. Tout était vide. Les ténèbres cernaient sa vision. Puis il perçut une onde. Deux. Ensuite, des vagues de cosmos, auparavant occultées, apparurent alors devant lui. Mais s’il pouvait sentir leurs présences, il lui était toutefois plus difficile d’en découvrir la source. Plus que des vagues, il s’agissait de milliers lignes entremêlées. Le tisseur avait un gout douteux et un sens insolite du rangement : la disposition de ces fils était chaotique. Cioran sut alors que son entreprise prendrait un moment : remonter jusqu’à la source exigerait de lui une concentration sans faille. Ses serviteurs lui procureraient la sureté nécessaire le temps d’accomplir son dessein. Un dessein presque entravé par l’arrivée impromptue d’une escouade de Saints venue secourir leur leader. Leurs geysers de cosmos furent déviés par le tandem des enfers, se volatilisant au sein de la brume.
« Seigneur Andreia ! » hurlèrent à l’unisson les six nouveaux venus choqués par la vision gelée de leur commandant. « L’armée du Destructeur en ces lieux ?! Mais comment ? Et pourquoi ? » Se demanda mentalement le plus âgé du groupe.
« Encore des Saints. Combien êtes-vous à arpenter ces terres ? » Le Spectre du Nephilim dressé commença alors son approche : « Isa, Cioran ne doit en aucun cas être perturbé. Je vais me charger de ces avortons tandis que tu protègeras notre maitre ».
Alors que leur ennemi approchait, les Saints se réunirent autour du cercueil du Sagittaire. Le plus jeune vêtu d'une Cloth noire usa de son cosmos et sentit celui du prisonnier, bien qu’amoindrit. « Maitre Coronos, le seigneur Andreia est toujours en vie, mais il est dans un état précaire. Nous ne pouvons briser la couche de glace qui l’emprisonne mais nous pouvons tenter de lui faire parvenir notre cosmos. Avec un peu de chance, il arrivera à s’extirper de cette glace » dit alors le petit Saint tandis que ses compagnons usaient de leurs techniques pour retarder l’arrivée du colosse.
« Karl ! Petrus et moi allons nous charger de ce Spectre. Use de tes pouvoirs pour canaliser l’ensemble des cosmos et les transmettre au seigneur Andreia. Sans lui, il nous sera impossible de les vaincre tous les trois, en particulier le Saint du Verseau si l’on suppose qu’il est à l’origine de son état. Athéna, où que vous soyez, ayez pitié de vos serviteurs et soutenez nous dans cette déconvenue ».
« Onction céleste ! » s’égosilla Goliath qui lança une attaque aérienne. Déchirant l’espace, de multiples sphères d’énergie s’élancèrent contre le groupe avant de faire soudainement demi-tour à la stupeur du Spectre qui les reçut de plein fouet. Une partie du Surplis s’écroula sous l’impact. « Toi ! Es-tu le disciple de cette crevure de Saint du Bélier ? » Hurla-t-il, dégueulant de rage.
« Je l’étais, avant que votre Juge ne le décapite lui et son successeur lors de la guerre. Mais la psychokinésie ne fait pas partie de mes attributs si c’est à cela que tu fais allusion. Mon pouvoir prend source dans le magnétisme : un magnétisme particulier qui me permet de repousser ou d’attirer tout cosmos présent dans une zone précise. Le corps humain en particulier regorge de cosmos, laisse-moi te faire une démonstration ».
Le Saint nommé Pétrus leva sa main gauche et d’un geste brusque referma son poing, attirant contre son gré le Spectre vers lui. A moins d’un mètre, le cœur de ce dernier fut transpercé par le sceptre d’argent que le Saint tenait. La douleur lancinante de l’agonie submergea le Spectre totalement tétanisé. Se penchant vers sa victime, Pétrus lui susurra alors au creux de l’oreille les dernières paroles qu’il entendrait avant son trépas :
« Je suis le Saint d’Argent de Polophilax, Petrus, disciple du Saint du Bélier Phrixos » annonça-t-il d’un ton posé mais lourd d’amertume.
« Polo…philax ? » demanda circonspect Goliath.
« Le Gardien du pôle » traduisit le Saint d’Argent. « Celui qui veille sur l’équilibre du monde ».
Son compère était placide mais en son for intérieur, il était stupéfait de la défaite éclair du Spectre. Si Cioran l’avait choisi, ce n’était visiblement pas pour ses grandes capacités martiales. Ou alors il n’avait pas eu le temps de les démontrer. Néanmoins, rien n’était gagné, loin s’en fallait. Le second Spectre se dressa à son tour, et à en juger par les cicatrices qui lui tailladaient le visage, il ne semblait aucunement être le genre d'homme à craindre la douleur.
« Goliath… » Débuta-t-il avec une certaine lassitude « Succomber face à un Saint d’Argent, et de cette manière. Quelle honte, quelle décadence. Quel affront fait à notre ordre. Mais n’aie crainte, je m’en vais laver ton déshonneur. SAINTS D’ATHENA ! PREPAREZ VOUS A SOUFFRIR ! »
« Pétrus prend garde, je doute fortement que ta technique fonctionne aussi bien cette fois-ci »
Dans un fracas assourdissant, Isa détruisit le sol de la force de ses poings et expédia les amas de roches vers les Saints qui s’élancèrent aussitôt dans les airs.
« Inutile de le préciser Coronos, il ne semble baser ses techniques que sur la force brute. De plus, il est beaucoup trop loin pour que je puisse le manipuler. Il est un adversaire désigné pour toi et Karl. » Jugea Pétrus qui une fois retombé au sol incita le dit Karl à changer de rôle et à devenir l’opposant du Spectre tandis que Coronos déviait et parfois encaissait les rochers. Et ce sans dommages apparents. Agacé par la lenteur de décès de son ennemi, Isa fonça sur ce dernier et le roua de coups. Encore. Et encore, sans qu’aucune fissure ne vienne craqueler la Cloth.
« Quelle est donc cette fantasmagorie ?! Une simple Cloth devrait imploser sous l’impact du plus petit de mes doigts ! » Beugla-t-il tout en continuant de s’acharner sur la protection avec la fureur d’une bête féroce.
« Mon nom est Coronos, Saint d’Argent de Caeneus. A l’instar du héros mythologique, ma Cloth ne peut être endommagée tant que je brûlerais mon cosmos. »
« Ta Cloth peut-être, mais qu’en est-il de ton corps petit Saint ? » demanda le Spectre qui d’un revers de main lui empoigna le bras et le tordit violemment. Le point de rupture était presque atteint quand des gemmes commencèrent à recouvrir le Spectre. De stupeur, Isa lâcha sa proie et brisa l’amoncellement de pierres.
« Encore un de vos tours scabreux. Mais cela ne vous sauvera pas ! ». En position accroupie, le spectre se préparait à donner un assaut dévastateur. « Pourrais-je connaître ton nom avant que je ne t’écartèle et te dépèce ? »
« Karl, Saint d’Argent du Lion Palatin, pour te servir connard».
Des barrières de diamant surgirent du sol et entravèrent le chemin du Spectre qui menait à nouveau une charge effrénée contre les Saints argentés. Les haies ralentirent le démon des enfers qui dût recourir à toute sa puissance pour se frayer un passage. Jugeant que les guerriers de la déesse de la guerre l’avaient suffisamment tourné en ridicule, il amplifia son cosmos qui prit une teinte sanglante. Atteignant son paroxysme, il arriva en un instant devant Karl et lui cassa le bras gauche. Puis face à Coronos à qui il assena une attaque si violente que, malgré la protection de celui-ci, plusieurs os craquèrent. Karl répliqua par une pluie de diamants acérés qui atteignirent et déchiquetèrent une partie du Surplis du Kujata. Mais son porteur, plus revigoré que jamais, et désormais doté d’une célérité supérieure, se jeta sur lui et usa de ses poings à de nombreuses reprises. Une large part de la Cloth éclata, et plusieurs côtes se brisèrent sous la pression. Des filets de sang s’écoulèrent de la bouche du Saint qui lutta pour retenir les coups de son agresseur. Coronos encore secoué par l’assaut ne put concentrer suffisamment d’énergie et l’impact de son attaque fut tout sauf significatif. Profitant de l’infime moment de déconcentration du Spectre, le Lion Palatin recouvrit son corps de diamant, lui conférant une robuste protection. Du moins c’est ce qu’il pensait : trois coups furent suffisants pour l’entamer. Sentant ses compagnons faillir, Pétrus usa de ses pouvoirs pour éjecter Isa. Mais le répit ne fut que de courte durée car aussitôt il se releva. Le Gardien du Pôle tenta à nouveau de faire appel à sa technique, en vain : dans sa course, le Kujata n’en ressenti point les effets et percuta avec fracas le protecteur d'Athéna qui s’échoua plusieurs mètres en arrière.
« Imbécile, manipuler le cosmos de personnes prises au dépourvu est aisé, mais un guerrier averti comme moi, déployant un cosmos à son paroxysme et se déplaçant à grande vitesse te prive du temps nécessaire pour établir ton emprise. Tu as été trop orgueilleux, et maintenant tu vas en payer le prix. »
Alors qu’il reprenait sa position d’attaque, des cristaux se lovèrent soudainement autour de ses jambes. A genoux, Karl avait apposé ses paumes au sol et avait déployé le reste de ses forces pour stopper les mouvements du géant. Une initiative qui fit basculer le prisonnier dans la démence, ivre de rage d’être encore une fois stoppé par un simple Saint d’Argent. Enflammant sa cosmo-énergie, il se défit des minéraux et s’apprêta à achever ces rebelles lorsqu’une explosion retentit. Protégeant sa vue des lames de glaces qui sillonnaient la zone, le Spectre ne vit que trop tard la flèche dorée tirée dans sa diction. Sa gorge fut transpercée et Isa s’écroula alors, étouffé dans son propre sang. Le Saint du Sagittaire était à nouveau présent sur le champ de bataille. Son corps irradiait d’une aura bien plus lumineuse que celle habituellement perçue chez un Saint d’Or. Andreia cherchait en effet à réchauffer son corps meurtrit par la glace : son visage pale était recouvert d’escarres tandis que certaines zones découvertes de son corps, notamment sa main gauche, présentaient de sérieux signes de gangrène. Une vision sinistre qui ne manqua pas d’alerter ceux qui l’avait secouru en transmettant leurs cosmos.
« Seigneur Andreia ! Votre corps… » Releva avec inquiétude le plus jeune des Saints à la Cloth noire.
Touché par sa sollicitude, le Centaure doré apposa sa main valide sur son épaule.
« Mes compagnons… votre dévouement sera à jamais célébré et cité dans les annales du Sanctuaire. Vous n’avez pas hésité à sacrifier votre cosmos et votre vie pour me secourir. Pour cela, je vous en suis éternellement reconnaissant. Mais à jamais, je porterai la honte de vous avoir failli. Soignez vos blessures et prenez du repos, je dois achever ce que j’ai commencé. Ce combat est le mien et le mien seul. »
Conscient de la tournure des événements, Cioran brisa sa concentration et se redressa. En faisant volte-face, son regard rencontra celui de son ancien frère d’armes zodiacal.
« La mort est délivrance. Vous m’incommodez Saints d’Athéna. Mon maitre n’est pas un homme de patience, et retarder ainsi ses plans ne fera que renforcer sa détermination de tous vous exterminer. Il est à présent grand temps que cette comédie cesse. » Proclama-t-il avec fermeté, irrité par tant de minutieuses préparations, de ces longs jours de planification mis à plat par une insipide et crasseuse troupe nauséabonde qui ne devait pas et n’aurait jamais dû se trouver en ces lieux. Une vermine qu’il allait s’empresser d’annihiler. Son vieil ami rompit l’espace d’un instant le fil de ses pensées…
« Cioran. Tu étais le plus dévoué d’entre nous. Qu’a-t-il bien pu arriver pour qu’un juste comme toi se détourne de notre cause et rejoigne les rangs du Destructeur. Aurais-tu oublié que comme le mien, ton maitre a donné sa vie lors de cette guerre pour protéger la planète et offrir un espoir de futur à ses habitants ?! »
« Tu me poses la question Saint du Sagittaire ? La réponse est pourtant évidente. Les dieux ne sont plus ! Notre déesse est morte ! Nous n’avons plus aucun espoir de la voir revenir un jour arpenter les dalles du Sanctuaire, de l’entrevoir fouler de son pied la terre de ses enfants. Nous sommes des orphelins, en quête perpétuelle d’un parent qu’il ne pourra jamais retrouver. Quel est l’intérêt de vivre sans la douce présence de Dieu ? Un bébé peut-il survivre seul sans un protecteur ? Peut-il se construire, comprendre le monde sans la connaissance de ses géniteurs ? Peut-il s’imposer des limites sans l’autorité d’un père ferme mais juste ? Notre existence de Saint est à présent dépourvue de sens. Il en est de même pour celle des hommes : pourquoi vivraient-ils alors que leur mère protectrice est partie ? » Cria le Saint du Verseau, bouleversé par l’étalement de son profond désespoir.
« Les parents finissent un jour par disparaître. Le rôle des enfants est de perpétuer leur idéal pour offrir aux futures générations un monde encore plus beau que celui dans lequel ils ont vécu. Dépourvus de dieux, nous pouvons bâtir ce monde idéal qu’Athéna souhaitait pour nous tous. Poséidon, Hadès, Arès, tous sont désormais bannis ; seuls leurs guerriers n’ont pas été emportés. La guerre sainte a été stoppée mais pas enterrée : aujourd’hui plus qu’avant, ce monde est la proie de leurs ambitions personnelles. Je ne tolèrerai plus longtemps les exactions machiavéliques de ton ordre hérétique. Je te le demande une dernière fois Cioran, en souvenir de la déesse que nous avons servi, au nom de ton maitre qui croyait en cet idéal et qui en est mort, abandonne ton dessin nihiliste et repends toi. »
En guise de réponse, une lance gelée lancée à grande vitesse perfora la jambe du jeune Saint venu s’enquérir de l’état du Sagittaire.
« Myrk !! » S’époumona Andreia qui banda aussitôt son arc. « Cioran !!! »
« Bien, je suppose que nous pouvons reprendre notre combat et oublier ce non-sens. » Déclara le onzième Saint d’Or, les bras levés vers le ciel.
Notes
Andreia : terme grec signifiant courage, il s'agit de l'une de quatre vertus cardinales.
Télos : terme grec signifiant la finalité, l'objectif, le terme.
Cioran : de l'écrivain et philosophe roumain Emil Cioran dont les écrits très sombres sont marqués par un scepticisme philosophique.
Kujata : taureau cosmique chevauchant la tête du Bahamut, un poisson mythique soutenant la Terre décrit dans les mythes arabes. Isa est le nom arabe de Jésus, et dans les Milles et une nuits il rencontre le Bahamut.
Néphilim : enfant des femmes avec des anges dans la Torah, ils sont décrits comme des géants dans la Bible. Goliath de par ses capacités pouvait être un descendant des Néphilims, d'où le choix du nom.
Lion Palatin, Gardien du Pôle/Polophilax : anciennes constellations respectivement créées par Charle-Joseph Koenig et Pétrus Plancius.
Caeneus : personnage mythologique décrit dans les Métamorphoses d'Ovide. A l'origine, il s'agit d'une femme nommée Caenis. Violée par Poséidon, elle demande auprès du dieu une faveur, celle de ne plus jamais subir un tel acte. Le dieu des mers la transforme en homme et ajoute un bonus, celui d'être invincible. Elle prend alors le nom de Caeneus et deviendra le père d'un des argonautes nommé Coronos. Elle/Il sera enterré vivante par les centaures qu'Il/Elle combattait et qui ne trouvèrent que cette solution pour le/la vaincre. Le personnage a été repris par un astrologue inconnu qui décida d'en faire une constellation. Il créa également la constellation de la sirène située juste à côté de celle de Caeneus (nommée Ceneus sur la carte). Les cartes sont disponibles à la Leiden University Library.
«
Modifié: 29 mai 2013 à 02:20:24 par Abaddon
»
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Se déshonore quiconque meurt escorté des espoirs qui l'ont fait vivre - Emil Cioran... en parlant de la licence Saint Seiya
Abaddon
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Re : [Fanfic] Abaddon s'y met aussi
«
Réponse #1 le:
01 juin 2013 à 22:39:07 »
Et voici la seconde partie du chapitre 1. Je tiens à préciser à Ouv s'il passe par là que les Saints Noirs m'ont toujours fascinés (d'où le fait que je me sois intéressé à Black War). Je compte en utiliser de biens précis (lisez cette seconde partie pour comprendre vers quoi je m'oriente). Voilà voilà, étant donné que c'est ma première (et certainement unique) fanfic, dites-moi si le style n'est pas trop lourd, si les combats sont assez compréhensibles, et enfin si ce premier chapitre vous a donné envie d'en savoir plus.
Chapitre un (2/2)
Spoiler
(click to show/hide)
De la brume se forma, enveloppant ses mains. De celle-ci émergèrent des cristaux qui une fois assemblés formèrent un imposant et étincelant arc de glace.
« A quoi joues-tu ? » demanda incrédule le Sagittaire.
« Je vous lance un défi seigneur Andreia. Il est de coutume d’enjoliver les capacités d’archer du guerrier de la neuvième maison. Mais avant devenir un Saint, sachez que je fus moi-même initié à cet art rigoureux. Au contraire de mes prédécesseurs, qui se contentaient d’écraser leurs adversaires au moyen d’une déferlante gelée, j’affectionne les duels classiques, combattant contre combattant, armes contre armes. Il est d’ailleurs étonnant qu’une déesse de la guerre comme Athéna ait prohibé leur usage, elle qui usa de sa lance pendant la guerre de Troie pour meurtrir son propre frère Arès. Elle qui a de plus autorisé la conception de Cloths munis d’arsenaux mortels tels que les armes de la Balance ou votre arc. Mais l’heure n’est pas aux débats philosophiques : je vous combattrai Andreia, et votre mort viendra confirmer ma supériorité » Finit le Saint du Verseau, tout en faisant apparaitre trois flèches, disposées les unes sur les autres. « Commençons ! ».
Ce fut le centaure doré qui tira la première salve. Cioran esquiva l’attaque et bondit dans le ciel. Une fois atteint la hauteur désirée, il déploya ses propres flèches. Andreia n’attendit par leur arrivée et les évita en se jetant sur le côté. Sitôt relevé, il canalisa son cosmos au creux de son poing. Lorsque ce dernier fut ouvert, une pluie de projectiles fusa sur le Saint du Verseau qui répliqua aussitôt par un nouveau déluge de rayons de glace. De la rencontre des deux vagues résulta une onde de choc qui expulsa les deux ennemis, et força le Gardien du Pôle à recourir de nouveau à ses aptitudes pour dévier la majorité des retombées létales. Cioran fut le premier à se remettre sur pieds mais à sa surprise, son assaillant n’était visible nulle part.
« On veut encore jouer à cache-cache ? Je vous pensais moins… couard. » La remarque ne trahissait aucune indignation : la capacité d’occultation du Sagittaire était un secret de polichinelle et Cioran savait comment la contrer. Du moins en avait-il le temps ? Déjà de nouvelles flèches s’abattirent contre son armure qui présenta ses premières fissures. Cette situation le désappointa, le frustra même. De la terre surgit alors une protection de glace dans lequel se plantèrent les dernières œuvres de son rival. Tandis que le bouclier se mouvait au gré de sa volonté, Cioran invoqua une large brume. Sa présence ainsi camouflée, il érigea une myriade de statues de glace. L’objectif premier de cette mise en scène était de brouiller la vision d’Andreia et d’intensifier sa confusion en ne sachant quelle cible choisir. La brume recelait une seconde utilité : telle une araignée, le onzième gardien ressentait chaque ondulation de sa toile. Le moindre déplacement de particules le ferait tressaillir : l’intrus en se mouvant exposerait sa présence, laissant libre choix au Saint renégat de la manière d’écourter son existence. Cependant, dès les premières secondes, un silence assourdissant planait sur le champ de bataille. Nul mouvement d’air, nul son : Cioran ne percevait rien. Son adversaire pouvait se rendre invisible, masquer son cosmos mais en aucun cas il ne pouvait stopper l’animation continuelle des atomes. Quelque chose clochait, mais le Verseau ne sut sous quelle roche se terrait l’anguille. Sans crier gare, d’innombrables explosions retentirent, s’approchant peu à peu de sa personne. Mais d’où provenaient-elles donc ? Le Saint du Zodiaque fut secoué car au silence d’or (expression assez ironique compte tenu de la situation) avait succédé un vacarme insoutenable. Sa brume filait dans toutes les directions : chaque détonation projetait les particules chaotiquement, neutralisant ses capacités d’analyse. C’est alors, à la vue d’une flèche tombée à proximité, qu’il comprit : Andreia avait rejoint le ciel. Grâce à ses ailes, le Sagittaire pouvait planer indéfiniment et attaquer à sa guise son ancien frère d’armes. Qu’importe qu’il ignora où il se trouvait car tôt ou tard il finirait par l’atteindre. La flèche explosa, endommageant son bouclier qui se fissura, et finalement se dissipa. Une seconde rafale heurta le sol ; ne pouvant neutraliser dans un délai aussi faible les bombes à retardement, le serviteur du Destructeur fonça hors de la brume. Un acte que tous aurait qualifié de suicidaire car elle le révèlerait aux yeux du charognard. Mais Cioran avait une idée en tête : sitôt libéré des entrailles de vapeur condensée, il usa une seconde fois de sa technique du
bouclier gelé
. Protégé de l’offensive, il manipula le mur nouvellement formé pour le lancer à l’assaut du gardien de la neuvième maison.
« Cette fois-ci, je vais m’assurer de votre mort. Nul ne viendra vous libérer de votre cercueil. Jamais plus nous ne vous mettrez plus au travers de ma route ! » Lui asséna-t-il, courroucé de devoir livrer un si long combat.
S’ensuivit une longue course-poursuite dans le ciel, le Sagittaire esquivant chaque vague gelée qui s’abattait sur lui. Tout en voltigeant, Andreia tirait de nouvelles flèches de cosmos pour ralentir la progression du mur et évitait les projectiles provenant de l’arc de glace de sa némésis. Au-delà du moyen de sortir de ce bourbier, il ne put s’empêcher de penser à l’endurance de Cioran : faire appel à de si nombreuses techniques en si peu de temps aurait épuisé n’importe qui, Saint d’Or ou non. Comprenant qu’il n’arriverait nullement à volatiliser la muraille gelée, Andreia sut ce qu’il lui restait à faire. Tout en cherchant à atteindre les limites des cieux, il brûla son cosmos à son paroxysme, et même plus encore. Une telle intensité allait le consumer, et c’est précisément cette limite entre la vie et la mort qu’il recherchait. Ses organes ainsi que son armure étaient sur le point de rompre. Nombre de ses veines avaient déjà éclaté, déversant son sang sur sa Cloth. Lorsque la fin fut proche, une aura étincelante l’enveloppa. La lumière irradiée brûla une de ses rétines tandis que la seconde encaissait tant bien que mal la tension exercée. Mue d’une force nouvelle qui menaçait de le calciner, le Saint d’Athéna fonça vers le mur et déploya une flèche enflammée colossale. La rencontre des deux résulta en une déflagration spectaculaire qui lacéra le bouclier gelé. Quelques secondes plus tard, ce dernier implosa. Une vision qui pétrifia Cioran qui venait de perdre son plus puissant atout. Andreia posa pied à terre, sous le regard hébété de ses compagnons. Le Verseau déploya aussitôt une nouvelle batterie de flèches de glace contre son rival. Une action inutile car avant même de pouvoir l’atteindre, elles s’évaporèrent. Jurant derechef qu’il ne se laisserait pas berner, il réitéra l’opération qui présenta les mêmes résultats.
« Quelle est donc cette sorcellerie ?! » Hurla-t-il, comme si ses cris allaient rompre le sortilège.
Andreia dégaina sa flèche d’or, la plus puissante de toutes, qu’il imbue de son cosmos rayonnant. Bandant son arc, il daigna toutefois adresser la parole à l’assassin recroquevillé contre une stalagmite invoquée dès son arrivée :
« Les protections des Saints d’Or sont situées sur l’écliptique. Depuis leur création, elles sont baignées par les rayons du soleil. Et dans chacune d’entre elles est emmagasinée une fraction des rayons solaires. En déployant mon cosmos jusqu’à son extrême limite, j’ai pu recréer à mon échelle la puissance d’une étoile. »
La déclaration avait stupéfait tout le monde, et Cioran le premier affichait un rictus macabre.
« Me prendriez-vous pour un imbécile ?! Arriver à un tel stade, il ne peut en résulter que la mort ! Aucun corps humain ne peut supporter une telle puissance ! »
« Ai-je ne serait-ce que prétendu le contraire ? » répondit avec la plus grande sérénité
le Furtif
« Je suis parfaitement conscient de l’état dans lequel se trouve mon corps. Le
bouclier gelé
en avait déjà meurtri une grande partie, et déployer mon cosmos ainsi continue de l’achever. Il ne me reste plus beaucoup de temps. Mais toutefois suffisamment pour que cesse ta folie » acheva-t-il tout en tirant sa flèche.
« NON ! » S’égosilla le Saint du Verseau.
Une lumière étincelante aveugla alors tous les protagonistes de la bataille. Lorsque son intensité fut diminuée, tous s’aperçurent du résultat de l’attaque : la flèche avait transpercée la Cloth de Cioran et son l’épaule en-dessous. La chaleur s’était répandue, calcinant ses chairs et l’amputant de son bras gauche. Mais là ne résidait pas l’intérêt car au creux de la main encore valide du traitre se trouvait le sceptre d’Athéna. La stupéfaction parcourut l’assemblée, ahurie de la réapparition de cet artefact dérobé consécutivement à la fin de la guerre. Les forces d’Andreia déclinaient : il n’était plus en état de réitérer son attaque dans laquelle il avait investi la totalité de son énergie. Une attaque détournée par l’attribut de la déesse de la guerre.
« Alors le voleur, c’était toi… » Gémit le Sagittaire parcourut de spasmes qui s’effondra au sol. La garde armée des Saints, qui se tenait jusqu’à présent en retrait, accourut à son secours, Myrk inclus malgré sa plaie béante. Abattu par la douleur, Cioran trouva néanmoins les ressources nécessaires pour se relever et annoncer à son ancien camarade :
« D’entre tous, je fus le plus proche et le plus fidèle serviteur de notre déesse. Nul autre que moi ne pouvait donc prétendre à son héritage. » Expliqua-t-il tout en exposant l’arme divine qui lui permit de conserver sa vie. « Quand la guerre s’acheva, j’errais sans but, privé de celle que je devais protéger. Mon statut de Saint ne devint qu’un titre poussiéreux, une relique d’un temps déjà oublié. Quand celui que vous avez à tort surnommé
le Destructeur
vint à ma rencontre, je sus alors quel était ma mission : effacer à jamais toute trace des dieux inconséquents sur Terre, à commencer par leurs guerriers. Puis, viendrait le tour de l’humanité païenne qui au fil des siècles perdit tout respect, ne témoignant plus un seul hommage à la mère universelle. En cela, Poséidon n’avait pas tort : l’homme est effectivement corrompu et se doit d’être remplacé. Avec l’aide de mon maître, nous reformerons le monde et règnerons tels des dieux. » Déclara alors Cioran, le regard illuminé, le sceptre pointé vers le ciel.
« Tu es totalement insane ! » Se mit soudainement à hurler Myrk. « Comment Athéna a-t-elle pu choisir un être aussi dépravé que toi pour devenir l’un des douze ! Tu monologues, invoques des excuses fallacieuses et te targues d’avoir été le plus loyal de ses serviteurs pour justifier tes actes blasphématoires alors que tu ne fais que souiller sa mémoire et l’armure que tu portes ! Tu n’es qu’un lunatique et un fanatique indigne d’exister ! »
« SILENCE ! » Beugla le Saint d’Or tout en pointant son arme vers le contestataire. « Un simple Saint de Bronze n’a aucune prérogative pour oser se permettre de remettre en doute mon jugement. Cette insolence à mon égard ne saurait être tolérée. Je vais vous rappeler à tous votre place ! »
Le sceptre resplendit, se nimbant d’un halo de lumière éclatante. D’ordinaire, une telle vision annonçait une issue favorable aux Saints sur le champ de bataille, mais ici il présageait leur mort prochaine. Un destin sinistre que les six guerriers se refusèrent d’accepter, déployant alors leurs cosmos sur leur adversaire dans l’espoir de stopper son tir.
« Dilettantes ! Nulle attaque de Saint ne pourra m’atteindre tant que je conserverai Athéna auprès de moi ! » Précisa-t-il, heureux de se savoir en sûreté.
C’est alors que surgirent du sol une nuée de coraux qui enlacèrent tous les protagonistes et figèrent leurs mouvements. Stupéfaits, tous tentèrent de se défaire du piège marin… en vain. A chaque geste brusque, les tiges pénétraient l’épiderme exposé et débutaient leur introduction au sein de chaque corps disponible.
« Inutile de vous débattre ! » Annonça l’écho d’une voix lointaine. « Le Corallium rubrum possède un exosquelette particulièrement résistant. Plus vous tenterez de le briser, plus il intègrera votre organisme. » Une précision qui ne convainquit Cioran, prêt à tout pour retrouver son autonomie. « Je suis venu récupérer le magnifique artefact que vous tenez entre vos… votre main. Vous n’y verrez aucun inconvénient je présume ? »
« Où te caches-tu pleutre ?! Révèle-toi ! »
« Oh mais où sont mes manières ? Pardonnez mon manque de bienséance. »
Surplombant les lieux, le guerrier étranger se dévoila, présentant une sombre protection sur laquelle ne se reflétait nulle lumière. Lorsque le onzième gardien découvrit le visage de son agresseur, il devint blême.
« Toi ?! Comment as-tu eu vent de ma présence ici ?! »
« Qui est-ce ? Un Spectre ?» se demanda Myrk, perplexe quant à la nature de la protection du nouveau venu.
« Petit, tu m’insultes. Je ne suis certainement pas un mignon d’Hadès. Ni un de vos semblables. »
Précisa-t-il alors qu’il dévalait le flanc de la montagne sur lequel il s’était perché.
« Pauvres inconscients, ne le reconnaissez-vous donc pas ? Ne vous laissez pas abuser par sa nouvelle protection. Vous avez bien affaire avec le général Katholon, Dragon des Mers, protecteur de l’Atlantique Nord et favori du dieu des océans ; le même qui décima nos troupes à la bataille d’Héraklion et qui défit le Saint du Lion en combat singulier. »
« Non sans dommages je dois le reconnaître, le fauve m’a laissé de sacrés cicatrices… » Précisa le Marina tout posant sa main sur ses côtes maintes fois brisées lors du conflit. « Votre portrait est juste quoiqu’imprécis mon cher Verseau. Je suis désormais Katholon, le Dragon
noir
des mers, ancien protecteur de l’Atlantique Nord, commandant suprême de la chevalerie noire. » Informa l’ex-combattant des mers à une audience médusée (cela devenait récurrent), abasourdie par le lot de révélations qui s’accumulaient depuis son arrivée en ces terres lointaines.
« Tu espères récupérer le bien le plus précieux du Sanctuaire, vermine ? Je ne te laisserai pas faire ! » Avertit Cioran tout en essayant de se défaire de sa prison biologique.
« Je n’espère rien du tout. Je suis simplement confiant. Ton combat contre le Sagittaire t’a privé de ton bras et de l’ensemble de tes forces. De plus, le corail qui pénètre ton corps draine le reste de tes réserves de cosmos et les transmet aux Saints en ce moment même. Tu ne pourras pas activer le sceptre d’Athéna dans ton état pitoyable.»
Hurlant et vociférant, le prisonnier se débattait mais fut incapable de briser ses chaines. Décidément porté sur l’interjection, Myrk osa s’adresser au Marina noir :
« Pourquoi nous aider ? »
« Parce que tout comme vous, notre ordre réclame la mort du
Destructeur
. Nous ne pouvons laisser sa démence s’abattre sur le monde, et vous aurez besoin de toutes vos forces pour atteindre son domaine. Nous défaire d’un membre du Triumvirat (il pointa le Verseau) était une occasion inespérée que nous ne pouvions manquer sous aucun prétexte. A ce propos mon ami... » Dit Katholon tout en se postant face à un Cioran rongé par la rage. « Où se trouve Varanasi ? »
« Pourquoi ? Tu espères qu’il te plante à nouveau sa lance dans le cul ? »
« A peu de choses près oui, sauf que cette fois-ci c’est moi qui lui enfoncerait bien profondément. »
« Dans ce cas, va donc te faire f… »
Sa phrase sentencieuse s’acheva dans un râle : les coraux avaient transpercé son corps de part en part, broyant tous ses organes vitaux. Le Saint d’Or expira dans un flot d’hémoglobine.
« Quelles dernières paroles inélégantes. Mais soit rassuré, tu voulais rejoindre les trépanés ? Ton vœu est exaucé.
La mort est délivrance
, je crois bien que c’était cela ton leitmotiv ? Oh de toutes façons tu es mort, tu ne risques plus de me répondre.»
Oubliant un instant l’objet de sa présence, Katholon rejoignit Andreia, provoquant une vague d’hystérie chez ses protecteurs.
« Que comptes-tu faire à notre maitre pourriture ?!! » Fulmina Karl, prêt à en découdre bien qu’entravé par les coraux et ses blessures.
« On se calme les jeunes, je viens seulement vérifier si les blessures de votre chef sont ou non guérissables. Il faut dire qu’il a outrepassé les limites du raisonnable le bougre. » Répondit le plus simplement du monde le chevalier noir qui, d’un claquement de doigt, dissipa son piège, libérant les Saints plus que surpris des actions de ce drôle de personnage. Après quelques minutes et plusieurs vérifications, le verdict tomba : « Les coraux ont guéri une grande partie de ses plaies. En revanche, son œil est définitivement perdu, et son corps restera à jamais marqué. Il aura besoin de repos avant de reprendre sa route. Et maintenant si vous voulez bien m’excuser… »
Des diamants émergèrent soudainement, lovant le bras gauche du Dragon noir des mers.
« N’espère pas repartir avec le sceptre d’Athéna. Il nous appartient ! Il ne peut être touché par un non-Saint, et encore moins par un bienfaiteur douteux ! » Prévint le Lion Palatin.
« Petit… (Les diamants explosèrent) ne pousse pas trop ta chance. Tu n’es pas de taille face à moi. N’oublie pas ce que Cioran a dit : j’étais le favori de Poséidon, j’ai dirigé ses armées, vaincu le Saint du Lion à mains nues, brisé le général Berseker Deimos... cela devrait atténuer tes ardeurs. »
« Si je devais renoncer à chaque fois que quelqu’un brandissait ses trophées, il y’ a longtemps que ma carrière de Saint se serait achevée. Je ne vais pas reculer sous prétexte que l’ennemi est plus puissant. J’ai l’espoir, la détermination et la justice de mon côté ! » Acheva-t-il tout en préparant une nouvelle salve de roches précieuses.
« Karl, il suffit ! » Intervint Coronos. « Nous ne pouvons triompher à chaque fois. Si c’était le cas, tous les Saints d’Or n’auraient pas péri il y’a douze ans, encerclés par les armées d’Hadès, Poséidon et Arès. Nous sommes tous exténués et peu à même de vaincre un adversaire en plein possession de ses moyens. Abandonnons pour l’instant le sceptre. Nous finirons par le récupérer. »
« Écoute donc les sages paroles de ton compagnon. Je ne cherche pas le conflit, mais n’hésiterai pas à le déclencher si tu continues de me provoquer. Mon objectif était de neutraliser le Verseau, c’est chose faite. Le sceptre servira de pourboire pour vous avoir sauvé la vie, à vous et à votre précieux Sagittaire. »
« Cette pourriture a tué des Saints durant la guerre, et toi tu… » Commença à répliquer le Saint d’Argent qui fut sèchement coupé dans sa diatribe.
« Oui, cet homme a tué des Saints. C’est même lui qui a tué mon maitre, Némée le Saint du Lion. Si quelqu’un souhaite se venger ici plus que tous les autres, c’est moi ! Mais je n’en ferai rien. Notre périple revêt une plus grande importance que celle de résoudre nos petits problèmes. Et puis, nous ne sommes pas de taille face à un tel adversaire. Baisse ton poing Karl, il nous sera plus utile par la suite " sermonna Coronos qui apposa sa main sur le bras de son camarade. Après quelques secondes de réticences, le Lion Palatin capitula. De son côté, Katholon récupéra l’artefact ainsi que le cadavre de son ennemi.
« Oh oui, petit détail : je ramène toujours un souvenir de mes voyages. J’ai vaincu Cioran. De fait, son corps m’appartient. Vous ne verrez aucun inconvénient à ce que je vous en débarrasse, n’est-ce pas ? »
Progressant vers la tempête (l'illusion de Télos) qu’il ne semblait craindre, il se tourna une dernière fois vers le médiateur du groupe :
« Saint de Caeneus ! Ton maitre fut un adversaire remarquable, fidèle à sa déesse jusqu’à la fin. Si tu tiens à venger sa mort, je répondrais favorablement à ta demande et me tiendrais face à toi comme je l’ai fait avec Némée il y’a de cela douze ans. »
Le Dragon des mers noir disparut alors au sein de la bourrasque, ne laissant derrière lui qu’un champ de ruines.
Notes
Katholon : terme grec qui signifie " universel ".
Myrk : terme américain qui signifiant " se déplacer rapidement "
Némée : Le lion de Némée dans la mythologie, vaincu par Hercule. J'avoue je ne suis pas allé chercher la référence très loin. Mais en même temps, le Lion est mort (ce soir) donc à vrai dire je m'en foutais un peu
«
Modifié: 01 juin 2013 à 22:50:12 par Abaddon
»
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Rikimaru
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Re : [Fanfic] Abaddon s'y met aussi
«
Réponse #2 le:
03 juin 2013 à 20:34:38 »
Le tout début est un peu confus je trouve. J'ai eu du mal à situer qui parlait de qui, durant les premières phrases de dialogue. Cioran dit que "le disciple à remplacé le maître" donc on pense qu'il parle d'Andreia. Ensuite, tu parles que le disciple porte une Armure d'Or donc on pense toujours qu'il s'agit d'Andreia, mais à la fin tu parles de ses 2 acolytes, or, c'est Cioran qui en a 2 ...
Perso, j'aurai plus mis "prêt à s'en servir" que "à faire feu", ça me fait penser à ... une arme à feu au lieu d'un arc
.
Quel homme ce Katholon, il a un sacré CV ! Une Ecaille Noire ? Surprenant, mais pourquoi pas.
Sinon, je trouve l'histoire sympa. Les combats sont suffisamment compréhensibles et implique des notions de stratégie et non plus de simples échanges bourrins de PRSK à répétitions. ça démarre assez vite et plein de questions restent en suspens. J'attends la suite !
Ah, et le vocabulaire ne me dérange pas. Après, je ne sais pas si "connard' est d'époque par contre ^^.
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Abaddon
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Re : [Fanfic] Abaddon s'y met aussi
«
Réponse #3 le:
03 juin 2013 à 22:52:00 »
Merci Rikimaru
Alors pour te répondre : Andreia et Cioran sont les disciples respectifs des golds du Sagittaire et du Verseau morts pendant la guerre. J'ai tenté de mettre des titres pour chacun d'entre eux parce que j'ai en horreur la répétition, mais le problème c'est qu'au bout d'un moment on sèche sur quoi employer. Le Disciple est un terme qui est vite tombé en désuétude au fur et à mesure, j'aurai d'ailleurs dû le supprimer d'entrée. Je ferai une V.2 du chapitre pour rendre le tout plus clair. Petit détail : Cioran vouvoie Andreia parce qu'il est son aîné et qu'ils n'ont jamais été souvent en contact, et également par pure insolence.
Ensuite vouloir embrouiller est le but (des Spectres avec un Saint d'Or, un Général qui devient un Marina noir...), mais rassure-toi tout va s'expliquer par la suite. Disons qu'il y'a de nombreux clans qui s'affrontent suite à la disparition des dieux, et un en particulier brise l'équilibre précaire établit suite au conflit. Je ferai plusieurs séquences flashback pour comprendre ce qu'il s'est passé et développer les personnages.
Le fait de vouloir faire un Marina Noir est une volonté de donner une nouvelle nature aux chevaliers (j'utilise le terme chevalier pour désigner toutes les factions, pas juste les Saints) noirs. Rien dans le manga ou ailleurs ne limite les copies aux Cloths, on peut l'appliquer aux Marinas et aux Spectres, et je vais pas me gêner. Je vais d'ailleurs donner ma version de l'origine des chevaliers noirs et de la manière dont sont créées leurs armures.
Katholon a un gros CV certes mais il a aussi eu de la chance d'être tombé sur un Cioran gravement blessé. Il ne l'aurait pas emporté aussi facilement. Mais justement, dans cette fanfic j'ai envie de montrer des ennemis prêts à toutes les fourberies pour vaincre leurs adversaires. C'est pour ça qu'ils donnent tout d'entrée de jeu. A l'origine je comptais montrer un combat Katholon/Cioran, mais j'ai pensé que cela ferait redondance avec Lost Canvas (Unity/Dégel). Unity a eu sa vengeance (et assez sadiquement), c'est ce qui compte :p.
Après là où je veux me démarquer de ce premier chapitre, c'est dans la nouveauté : j'ai utilisé un Verseau, un Sagittaire et un Dragon des mers avec des techniques pré-établies (Cioran et sa glace, le Sagittaire et ses flèches, le corail qui provient de Lost Canvas), un Dragon des mers chef de l'armée de Poséidon... je vais tenter de faire autre chose pour les futurs personnages. Ce que je voulais en tout cas c'était un Verseau maléfique et qui inspire la crainte. Mais surtout, je veux mettre les Saints d'Argent au premier plan : Karl, Pétrus et Coronos n'ont pas fini de faire parler d'eux.
D'ailleurs j'ai une question : est-ce que le bouclier gelé (technique tirée du Gaiden de Dégel, le Freezing Shield) était suffisamment impressionnant pour forcer Andreia à atteindre le stade de recréation du soleil?
Et pour le connard, le pire c'est que je me suis posé pendant X temps la question de le laisser ou pas. Je voulais juste montrer Karl belliqueux mais je ne savais pas quelle insulte utiliser. Finalement j'ai laissé le connard par dépit
Bref tout ça pour dire : merci de m'avoir lu, et au prochain chapitre
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Abaddon
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Re : [Fanfic] Abaddon s'y met aussi
«
Réponse #4 le:
13 juin 2013 à 14:48:10 »
Et hop maj du topic
Voici la première partie du chapitre 2 (promis je finirai par trouver des titres)
PS : j'ai enfin décidé de la date du récit. Il se passe en 1009 après JC. La guerre s'est étalée de 994 à 997. J'ai choisi 994 en appliquant la règle des 250 ans de paix entre chaque guerre sainte.
Chapitre 2 (1/2)
Spoiler
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Cimetière du Sanctuaire
L’aède Dismas entonna le thrène : l’assemblée des Saints réunit autour du cadavre de feu leur respecté frère se laissa alors pénétrer par le chant funèbre. Le son déchirant de l’oraison parcouru les rangs, déstabilisant les plus robustes, dévastant les plus faibles. De nombreuses minutes passées où la vie du héros déchu fut rappelée au travers d’une élogieuse et bouleversante emphase rythmée par les ololygai des servantes du Sanctuaire, terrifiant mélange de frappements de la poitrine ponctués d’arrachement de cheveux. Conformément aux dernières volontés du défunt, son corps, précédemment purifié et désormais recouvert d’un linceul de lin, reposait sur un bûcher. La Cloth disposée sur le coin le plus surélevé du cimetière surplombait le lieu de la cérémonie, jetant symboliquement un dernier regard vers son ancien propriétaire. Le Cerbère d’Argent n’était plus, abattu quelques semaines plus tôt au cours d’une simple mission de reconnaissance dans les territoires éloignés du Juge des Enfers. Au cours des douze années qui avaient suivies la guerre, une paix relative s’était instaurée, parfois entachée de quelques escarmouches élaborées par certains Spectres renégats, aussitôt exécutés pour leur outrecuidance. L’absence de missives explicatives de la part du souverain oriental bouleversa le Sanctuaire, déjà fort affairé à contrer les raids successifs du Destructeur. Fut-il possible qu’une alliance avec le Garuda s'établit sans que la nouvelle ne s'ébruite? Cette perspective insupportable eut une conséquence inattendue : en réponse à leur crainte, le conseil dépêcha un ambassadeur de marque en la personne du Saint des Poissons qui, accompagné d’un bataillon et d’un présent exceptionnel, fit route vers le domaine du Seigneur des mers. Si le fidèle d’Hadès joignait ses forces pour soutenir l’entreprise destructrice de l’ennemi invisible, les vestiges de la déesse de la guerre disparaitraient de ce monde. Et ce n’était pas la faible armée grecque composée d’une trentaine de Saints qui ferait front à la guerre qui s’annonçait. L’alliance improbable avec les Marinas s’imposa comme l’unique recours envisageable ; restait à convaincre le général de Scylla, actuel dirigeant de l’armée marine, d’accéder à leur improbable requête.
Le Saint de la Lyre acheva sa mélodie, et les servantes leur danse sauvage. Le rituel touchait à sa fin. Se démarquant du cortège, le Saint d’Or du Capricorne, le visage occulté d’un masque doré, s’avança vers le bûcher. La torche tenue entre ses mains fut déposée sur le bois sec, l’embrasant instantanément.
« Edomon, Saint d’Argent du Cerbère, tu as maintes fois risqué ta vie pour le Sanctuaire. Tes exploits seront à jamais célébrés et ton sacrifice restera un exemple pour les générations à venir. Repose en paix mon frère ; puisse ton âme connaître la paix dans le royaume des morts. » Déclara à haute voix le dixième gardien du Zodiaque.
Le fracas des flammes consuma le corps, le réduisant en cendres en l’espace d’une heure.
***
Les guerriers d’Athéna avaient quitté le cimetière. L’urne dans laquelle reposaient les cendres du défunt fut ensevelie, recouverte d’une pierre tombale où apparaissaient les termes « Edomon, Argent ».
« Eclairez-moi seigneur : pourquoi n’est-il point précisé la constellation de notre honorable frère ? » questionna Dismas, encore néophyte quant aux coutumes de sa nouvelle demeure.
« Parce que les Grands Popes n’ont jamais jugé utile de le faire. Seuls les Saints du Zodiaque ont droit à cet honneur. Les autres castes ne représentent rien tant le rayonnement de notre ordre est grand à leurs yeux. Vous devez savoir que les Grands Popes sont toujours choisis parmi la garde dorée, ce qui n’aide en rien à l’évolution des mœurs. Ce qui vous attend en choisissant cette voie, c’est l’oubli éternel. N’éprouvez-vous pas quelques regrets en sachant cela, Dismas ? »
« J’ai été formé au plain-chant dès l’âge de sept ans par mon maitre de psallette. Mon don pour la maitrise de l’harmonie et du contrepoint a attiré l’attention de Monseigneur Everger qui me convint de joindre l’archidiocèse de Cologne et m’attribua une place au sein de l’église de St Pataleon. Ma voix charmait notre auditoire, pénétrait leur âme et leur cœur avec une telle force que je me pensais bénit de Dieu. Et je n’étais pas le seul à le penser. Je reçus même l’honneur ultime de psalmodier pour l’inhumation de l’impératrice Théophano, mère de l’empereur du Saint-Empire romain germanique Oton III, décédé il y’a près de sept ans. Peu de temps après, un émissaire vint m’arracher à cette vie humaine et m’amena ici, au Sanctuaire. Vous me demandez mon seigneur si j’ai des regrets ? Comment diable pourrais-je en avoir : le divin existe, gloire lui en soit faite ! Et après ces nombreuses années de chemin de croix, j’ai pu devenir le chantre que j’espérai. Je sers les desseins de Dieu grâce à mon art : quelle meilleure apothéose que celle-ci je vous le demande ? Peu importe si le souvenir de ma personne se perd, si le commun des mortels m’oublie : Dieu lui saura que j’ai œuvré pour sa gloire. Il n’y a pas plus grande aspiration que celle de Le servir.» S’émerveilla le Saint de la Lyre, le regard tourné vers le ciel.
Le Saint du Capricorne n’y trouva rien à redire. Il était de toute façon perdu dans ses pensées, en contemplation devant un ancien tombeau. La pierre tombale indiquait « Saint d'Or du Capricorne ». Bien que le nom n’y figurait pas, il savait qu’il s’agissait de son prédécesseur direct.
Treize ans que votre âme a quitté le monde charnel.
Intériorisa le Saint doré.
Un nouveau Saint est tombé cette semaine. De plus, Cioran nous a trahis. A la tête d’une armée infernale, il nous a lâchement meurtrit, déversant sa haine sur nos terres il y’a plusieurs mois de cela. Et il se pourrait que cette abomination d’Eaque ait lui aussi rejoint le Destructeur. Nous n’avions point vu une telle insanité depuis la guerre. Notre situation est des plus précaires. Mais je ne perds pas espoir. Même sans Athéna, nous lutterons pour la sûreté de la Terre. Je poursuivrai votre vision et réformerait le Sanctuaire pour qu’un jour cesse ces infamantes discriminations. Père ne vous approuvait pas, et n’aurait certainement pas toléré ma présence au sein des douze maisons, mais soyez sans crainte : tout comme Platon je pousserai ces réfractaires hors de leurs cavernes et briserait leurs préjugés...
« Mon seigneur ! » Invectiva une voix au loin. Le son des pas approchants s’amplifia, dévoilant un guerrier revêtu d’une Cloth argentée. « Mon seigneur ! »
« Votre seigneur n’est pas encore atteint de surdité. » Répliqua le Capricorne, quelque peu contrarié d’avoir été interrompu « Parlez-donc, Saint de Persée ».
« Le conseil requiert votre présence dans le Palais du Pope. Vous devez immédiatement vous mettre en route. Il s’agit d’une affaire de la plus haute importance ».
Ils n’auront donc pas attendu que le corps de notre ami refroidisse
, nota le Saint d’Or de plus en plus agacé. « Faites savoir au conseil que Selinias du Capricorne consent à leur demande et s’attèle à les rejoindre ».
***
Himalaya, terres de Jamir
La bourrasque avait cessé depuis quelques heures. L’accalmie providentielle profita aux Saints qui, grâce à l’initiative de Karl de produire un abri de roches carbonées semblable à une grotte, purent s’abriter en attendant leur réveil du neuvième gardien. Un feu allumé par Adranos, Saint de Bronze du Fourneau, servit de réconfort aux troupes, épuisées de leur long périple depuis la Grèce.
« Les Marinas, Eaque, le Destructeur, et maintenant la chevalerie noire... Ce monde est encore plus dangereux sans un dieu à sa tête. » Rouspéta Karl, toujours hébété par le lot de révélations exposé par Cioran et Katholon, le nouveau venu dans l’échiquier.
« Un monde sans dieux est une aberration. Le seigneur Cioran avait raison sur ce point. » Commenta alors Pétrus, obnubilé par les flammes.
« Tu oses encore appeler ce traitre seigneur ? » Se retourna outré le Lion Palatin.
« Mon ami, pardonne moi de te rappeler que tu n’étais qu’un disciple quand la guerre éclata. Tu n’as point assisté à la furie du Verseau, ressenti sa volonté à défendre les intérêts du Sanctuaire à cette époque. Tout ce qui est sorti de sa bouche est vrai : il était le plus dévoué d’entre nous, un pur loyaliste. La mort de son maitre a certainement joué un rôle fondamental dans le renforcement de sa détermination. »
« Son maitre… était-il quelqu’un de spécial ? » Se demanda Myrk placé directement à la droite de Coronos.
« On excusera ton inculture en la mettant sur le compte de ta jeunesse, jeune Saint de Bronze du Chat. Le maitre de Cioran était le Grand Pope Skadi du Verseau, mort en protégeant Athéna de l’attaque d’Hadès. L’un des rares non grecs à avoir un jour atteint ce poste. » Précisa le Saint de Caeneus.
« Non grec vous dites ? » s’étonna Adranos qui fit volte-face.
« Vous l’ignoriez ? Son Altesse Skadi vit le jour dans les vastes terres désertiques du Nord. Il passa son enfance à survivre au froid, à la disette et à une kyrielle de périls avant d’être découvert par le Sanctuaire. La rudesse à laquelle il avait été contraint fit de lui un Saint endurant, un guerrier accompli. Mais plus que tout, son altesse était un être de compassion, proche des faibles, luttant contre toute discrimination. Il est l’origine de l’ouverture massive de notre ordre aux non hellénistes, ce qui ne manqua pas de provoquer de nombreuses vagues d’indignations ; la réforme d’un ordre établit depuis des millénaires ne se faisant jamais sans heurts. Pour lui, si les dieux avaient formé le monde et engendré les humains, alors tous ces derniers sans exceptions étaient dignes de le servir ; limiter les recrutements à la Grèce au seul motif qu’Athéna y résidait n’était la preuve que d’un chauvinisme éhonté, une vision étriquée de la volonté divine. »
« Nous soupçonnons que son Altesse avait pressenti le conflit qui allait déboucher sur la situation que nous connaissons aujourd’hui. Ceci expliquerait la hargne qu’il déploya à contrer les décisions des familles nobles tout au long de son mandat » Renchérit Pétrus, appuyé sur son sceptre.
« Les familles nobles… » Tous fixèrent le félidé dès que celui-ci eut ouvert la bouche, guettant la prochaine énormité « Quelles familles nobles ? ».
A l’unisson, ses frères d’armes se couvrirent le visage avec la paume de leurs mains, honteux de découvrir un tel inculte derrière ce guerrier redoutable.
« On a appris à entraîner ses muscles mais en omettant l’essentiel, petit Myrk (l’assemblée fut parcourue d’un rire gras et moqueur) mais s’il y’a bien une chose qui doit t’être connue, c’est celle des familles nobles du Sanctuaire. Cela t’évitera d’être toisé pour le restant de tes jours. On compte actuellement sept grandes familles : la maison des Alcméonides, la maison Gorgos, la maison Skotia, la maison Eutonos, la maison Polemos, la maison Nikao et la maison Hedraios. Toutes grecques naturellement. Mais ce n’est pas de là qu’elles tiennent leur légitimité. Depuis les âges mythologiques, ces familles ont engendré de nombreux Saints, et toutes ont eu l’immense honneur d’avoir un Grand Pope issu de leur clan. La plus puissante d’entre elles aujourd’hui, et ce depuis près d’un siècle, est la famille de Alcméonides. Chacune de ses générations a compté un Saint d’Or. Le dernier patriarche mort pendant la guerre était le seigneur Dracon, Saint du Taureau. Il eut de Dame Nephelia Gorgos quatre enfants. L’ainé était le seigneur Arrios, Saint du Sagittaire et défunt maitre de notre seigneur Andreia. Le cadet Dimitrios est mort en bas âge avant d’avoir pu obtenir le titre de Saint. Le troisième enfant était Dame Sophia, épouse du seigneur Nicandre Skotia, le Saint des Gémeaux décédé durant le conflit. Et enfin, le benjamin et actuel patriarche de la famille, le seigneur Selinias du Capricorne. Moi-même, je suis issu de la maison Nikao, et le seigneur Andreia provient de la maison Hedraios. »
Myrk honteux et craintif d’avoir pu disconvenir au protocole se jeta aux pieds du Saint de Caeneus, implorant son pardon pour sa stupidité. Une nouvelle vague d’hilarité parcourut l’audience : ce Saint du Chat était décidément bien comique.
« Relève-toi petit, ici nous sommes tous frères. Les querelles politiques et les conventions ne sont pas notre affaire. Si tel était le cas, tu aurais probablement été fouetté en place publique pour ton ignorance. »
La remarque de Coronos ne convainquit qu’à moitié le Bronze qui s’éloigna du groupe, veillant plutôt sur l’état du Sagittaire toujours endormi.
« En ayant ces faits à l’esprit, il est inutile de préciser pourquoi la nomination et les actions de son Altesse Skadi ont provoqué un tel tollé. »
« Il est tout de même étrange qu’en douze années, aucun Grand Pope n’ait été élu, ne pensez-vous pas ? » s’exprima pour la première fois le Saint de Bronze du Peintre, absent jusqu’à présent des conversations.
« Devenir Grand Pope est réservé uniquement aux Saints d’Or, et ils ont été décimés pendant la guerre. Certains disciples ont pris la place de leurs maitres tels les Seigneurs Cioran ou Andreia. Le seigneur Sélinias est le seul à avoir survécu toute la durée de la bataille. Deux autres Saints n’ont été nommés que bien plus tard : le seigneur Agathon, Saint des Poissons, et enfin, l’objet de notre visite, le seigneur Télos, Saint de la Vierge. Avec la trahison du seigneur Cioran, le Sanctuaire a été mis à mal : si le plus loyal d’entre nous venait à trahir, en qui pouvions-nous avoir confiance ? Comme de plus il était étranger, il n’est guère étonnant que le conseil ait pris des mesures drastiques visant à limiter le recrutement de Saints non grecs. L’interdire en cette période critique serait signer leur arrêt de mort. Qu’ils le veuillent ou non, les membres du conseil ont besoin de toute la force nécessaire pour repousser le Destructeur et reformer notre ordre. » Proféra Pétrus, confiant dans le fait qu’aucun de ses camarades ne le contredirait. Après tout, comme Karl, il n’était pas Grec.
Un « Humpff » interrompit toute réflexion : après plusieurs heures, Andreia venait de se réveiller. Encore parcourut de spasmes et fiévreux, le dixième gardien tenta de bander son arc avant d’être stoppé par ses hommes.
« Cioran ! Où est Cioran ?! » Hurlait-il inlassablement avant de faire exploser son cosmos pour se libérer de ses entraves. Le Lion Palatin voulu former une chaine de diamants pour stopper le récalcitrant. Peine perdue, il était déjà dehors.
« Seigneur Andreia, revenez ! Vous ne devez pas vous aventurer dehors avant d’être parfaitement remis. Ménagez-vous ! » Interpella Coronos qui se lança à sa poursuite.
« Il délire totalement. Nous devons l’arrêter avant qu’il ne se blesse plus qu’il ne l’est déjà »
Hors de leur abri, la nuit était tombée : retrouver quelqu’un, qui plus est un Saint d’Or frappé de démence, ne serait pas aisé. Par chance, Andreia était bien en vue, faisant face à l’éternelle bourrasque qui dissimulait la haute tour jamirienne.
« Seigneur Andreia, je vous en conjure, revenez vous abriter.» Supplia le Saint d’Argent à la Cloth indestructible.
« Où se trouve Cioran ? » Répéta-t-il à nouveau.
« Mon seigneur… »
« Je ne te le redemanderai qu’une fois (il banda son arc) : Où.Est.Cioran ? Où est le traitre ?»
« Mort, mon seigneur. Il est mort. » Annonça placidement Karl venu à la rescousse.
Le Sagittaire ressentit une vive douleur dans la poitrine. Le choc de la découverte le scotcha, et à nouveau il fut parcouru de spasmes.
« Mon seigneur, vous êtes fiévreux. Retournez à l’intérieur, nous vous expliquerons tout. »
Le Saint doré tremblait toujours. Comprenant soudainement la folie qui l’atteignait, il abaissa son arc… et vacilla dans la neige.
***
Sibérie orientale
La forêt de conifères s’épaississait à mesure que le groupe s’enfonçait plus profondément dans les terres orientales. La Taïga vierge de toute civilisation pouvait être interprétée comme un retour à la nature, un temps où les hommes ne foulaient pas les terres divines. De branches en branches, le groupe du dernier des douze gardiens suivait la direction indiquée et graduellement corrigée par le Saint de Bronze du Cadran Solaire, Berossos. La faculté propre à sa constellation était de pouvoir connaitre à tout moment le lieu, la direction et le moment de la journée : une capacité forte utile en ces terres oubliées.
« Hé le Bronze, il va nous prendre encore combien de temps ce périple ? » Demanda un Saint d’Argent ; le Centaure, à en juger par sa Cloth.
« Nous devons tout d’abord trouver et suivre la rivière Yenisey sur environ 600km, emprunter ensuite la rivière Nizhnyaya Tunguska sur 400 km, et pointer vers le Nord. Quand nous rencontrerons la rivière Kotuy, soit approximativement dans 200 km, nous n’aurons qu’à remonter son cours jusqu’à la porte dimensionnelle vers Atlantis. Sachant que nous nous déplaçons en ce moment même à une vitesse avoisinant les mach 3 et que nous nous reposons à intervalles réguliers, nous devrions être sur place d’ici deux semaines. Si nous possédions les ailes du seigneur Andreia, ou les corbeaux de feu notre frère Algernon, nous aurions atteint notre destination en l’espace de quelques jours. Et je ne citerai même pas la capacité de plier les dimensions des Saints de la Vierge et des Gémeaux qui nous y transporteraient instantanément… » Répliqua le plus simplement du monde son interlocuteur.
« Tout compte fait j’aurai préféré ne pas poser la question… » Regretta le Centaure, dépité.
« Ah s’il était donné à tous de se déplacer à la vitesse de la lumière, quel gain de temps cela serait, ne pensez-vous pas ? » S’émerveilla le plus proche guerrier.
« Théoriquement inapplicable mon cher Arion » Rétorqua Berossos « Remarquez à quel point nous maintenir notre vitesse actuelle est laborieux, combien une totale attention est requise pour éviter de nous blesser et de percuter un obstacle. Tout faux pas serait mortel. Alors songez si nous nous mouvions à pareille célérité. »
« En clair, on aurait de la bouillie de Dauphin » Acheva le Saint argenté « Et cela ne me semble pas bien gouteux ».
« Mais notre seigneur Agathon, tout comme les seigneurs Andreia et Selinias, est pourtant capable d’un tel exploit ! Vous ne pouvez point contester ce fait seigneur Pholos » Tenta vainement d’objecter le Saint du Dauphin, tel un enfant.
« Le voyez-vous user de ce don à l’instant où nous parlons ? Tout Saint d’Or qu’est notre seigneur, il n’en est pour autant pas invincible. Et certainement pas suicidaire. Foncer à l’aveugle dans un lieu tel que celui-ci, même les simples d’esprit comme… hé bien, comme vous, n’y songeraient pas. Mais continuez avec vos questions absurdes, je me délecte toujours d’entendre ce que votre cerveau ramolli a à nous offrir. En ce sens, vous me rappelez le disciple du Grand Chien. Comment se nommait-il déjà cet âne... »
« Myrkos, le Saint de Bronze du Chat » Répondit une voix plus éloignée.
« Myrkos ! Merci de votre aide Mermeros. Myrkos… ah que je plains Argos d’avoir hérité de pareil phénomène. Grâce aux dieux de m’avoir doté d’un disciple accompagné d’une cervelle. Espérons qu’Adranos ne reste pas trop en contact avec ce pauvre hère, je ne souhaiterai pas mourir de honte en voyant toute mon éducation jetée aux orties ».
« La rumeur fait de lui votre fils… » Osa ajouter Arion, déjà bien agrémenté de plaisants surnoms.
« Et en plus ça écoute les rumeurs. Qu’Athéna ait pitié de moi et qu’elle le fasse taire. Cela dit petit Dauphin, une rumeur comporte toujours une part de vérité. Bien qu’Adranos ne soit pas mon fils, je le considère comme tel et je regrette chaque seconde passé loin de lui. »
« Votre disciple s’est vu confié une mission de la plus haute importance. Ses capacités ont été jugées nécessaires pour permettre au seigneur Andreia et à sa troupe de survivre dans les terres gelées de l’Himalaya. De lui, de tout le bataillon, et même de Myrkos, dépendent la fin du règne du Destructeur. » Proclama le Saint de l’Aigle qui fermait la marche.
« Ceci n’est pas, mon cher collègue rapace, une conversation ouverte à tous. Bon sang, vivement que nous arrivions à Blue Graad, je suis las de vous entendre. »
« Je ne suis pas aussi pressé que vous mon ami. Après douze ans d’enfermement, les Marinas ne nous accueilleront pas les bras grands ouverts. Loin s’en faut. »
« C’est bien pour cela que nous leur apportons le présent que nous pouvons voir transporté par la Sirène si devant. »
« A ce propos, comment ont-ils fait pour survivre en Atlantis sans eau et nourriture ? » Questionna Arion d'un air simplet.
« Je me disais bien que la senteur de la sottise s’était depuis trop longtemps dissipée. Pourquoi ne pas leur poser directement la question une fois arrivé? Quel meilleur sujet pour briser la glace que celui-ci : Mes bons amis ! Nous vous avons attiré dans un piège il y’a douze ans, enfermé dans votre propre forteresse et laissé pour morts. Mais hormis ce petit détail, je me soucie de votre santé. La réclusion n’a pas été trop rude j’espère ? ».
Sans prévenir une présence s’insinua au milieu du groupe, frappant chacun de ses membres d’une grande frayeur quand celle-ci se manifesta :
« Vos insipides discussions me lasse. Ayez l’obligeance de vous taire, sauf pour dire quelque chose de censé. »
Le Saint des Poissons sembla satisfait de son petit effet car nul dans l’assistance n’osait détourner son regard. Des regards totalement médusés.
« Seigneur Agathon, nous… nous…» Elabora péniblement le petit bronze.
« Vous vous demandiez comment ont bien pu survivre nos ennemis séculaires tout ce temps. A dire vrai, nous l’ignorons. Atlantis est située dans les profondeurs des abysses : il n’existe aucun moyen de s’en échapper autrement que par le portail dimensionnel situé dans ces terres oubliées. Tenter de remonter jusqu’à la surface est vain : si tant est que vous soyez capable de vous maintenir en apnée sur une très longue distance, et plusieurs milliers de mètres en est une conséquente, vous seriez broyé par la pression, protection ou pas. Certaines choses sont réservées aux dieux, et Atlantis en fait partie. Après tout, cette dernière est l’œuvre de Poséidon et de ses séides divins. »
« Vous n’appréhendez donc pas le sommet qui nous attends ? »
« Avons-nous le choix ? Le Garuda semble avoir rejoint le Destructeur et dans cette perspective, leurs forces conjointes surpassent les nôtres; nous annihiler ne leur posera aucune difficulté compte tenu de nos effectifs. Nous n’avons qu’une échappatoire : former une alliance avec les généraux survivants pour repousser et vaincre cet envahisseur. Il est évident que l’alliance tiendra tant que notre ennemi commun vivra. Une fois ce dernier enterré, nous reprendrons la guerre sainte interrompue il y’a plus d’une décennie. » Exposa l’ultime gardien.
« Si tant est qu’ils ne se jettent pas sur nous une fois le sceau brisé… » Nuança le Saint de l'Aigle.
« C’est une possibilité, d’où notre nombre réduit : si nous devions tomber, au moins le Sanctuaire ne perdrait que peu d’éléments. Nous sommes des sacrifices, vous en êtes tous conscients sinon jamais vous n’auriez accepté cette mission. Cela dit, le présent jouera en notre faveur. »
Ou renforcera leur volonté de nous écarteler.
Intériorisa Pholos, plus que circonspect quant au succès de leur entreprise.
***
Sanctuaire, les douze maisons
Les douze maisons… jamais le Capricorne n’aurait pensé un jour les fouler. Et encore moins en devenir l’un des gardiens. Au début de la guerre, huit Saints d’Or arpentaient ces murs, sans compter son Altesse Skadi qui n’avait pas encore achevé la formation du seigneur Cioran ; ce dernier ne revêtant l’habit sacré qu’à la mort de son maitre. Tous furent vaincus au champ de bataille. Jamais le Sanctuaire n’avait connu une telle hécatombe. Et pour cause, la menace était conséquente : trois dieux s’étaient ligués contre la déesse de la sagesse, espérant que leur alliance leur permettrait de se débarrasser à jamais de cette garce aux yeux pers. Et leur dessein vint presque à s’accomplir lors la bataille d’Héraklion qui marqua l’apogée de leur puissance. Un coup de maitre orchestré par le favori de Poséidon, Katholon le Dragon des Mers qui emporta dans la tombe le Saint du Lion et plus de la moitié des effectifs du Sanctuaire. La destinée ne s’en remettant qu’à l’équilibre aura sans doute joué un rôle déterminant car peu après cette horrifique victoire, en Arès et Hadès se développa un effroi si grand qu’ils orchestrèrent l’assassinat de ce formidable guerrier en lançant à sa poursuite leur meilleur agent : Deimos, l’un des quatre généraux du dieu de la guerre. Tous deux connurent le trépas au cours de leur affrontement. Quand le dieu marin appris la nouvelle, il brisa le pacte et concentra ses efforts de guerre sur ses anciens compagnons. Chaque clan se confrontant l’un à l’autre dans un pur délire chaotique, la planète connut un délure de feu et de sang.
Et tout cela était sur le point de se répéter. Avec la mort inexpliquée du Cerbère, le conseil envisageait le pire. D’où la décision d’envoyer le Sagittaire requérir l’aide du Saint de la Vierge, exilé depuis plusieurs années, et les Poissons à Blue Graad dans le but de libérer les Marinas. Selinias était perplexe : quelle mission le conseil pouvait bien-t-il lui confier ? Il n’eut pas bien à attendre : il venait de franchir le seuil du palais du Pope.
« Vous voici enfin, pensiez-vous que notre missive était facultative pour justifier un tel retard ? »
Le vieillard qui l’apostrophait se tenait avec quatre autres de ses compères autour d’une table de bois, du chêne probablement, installée devant le trône de feu son Altesse Skadi.
« Pardonnez ce délai seigneur Anastasis. Les funérailles du Saint Edomon requéraient ma présence. En ces temps de crise, nous ne pouvons laisser le désespoir contaminer nos troupes. Avoir à leur côté un Saint du Zodiaque qui partage leur peine, qui se met à leur niveau, est un puissant symbole… »
« Un symbole que vous entachez depuis bien trop longtemps à notre goût. Mais ceci n’est point le sujet d’aujourd’hui. »
« En effet, vous n’êtes pas sans savoir que le Sanctuaire ne compte que trente-cinq Saints, dont quatorze éparpillés en deux groupes distincts aux quatre coins du globe. Ce qui nous laisse vingt-et-un guerrier, vous compris, soit une force dérisoire pour faire face à l’armée du Juge des Enfers qui en compte presque le double. » Rajouta un autre membre du conseil, le plus âgé de tous.
« Si nos doutes sont fondés et qu’Eaque a rejoint le Destructeur, nous serons balayés sans opposer l’ombre d’une résistance ».
« Si je puis me permettre, la quantité ne rejoint pas la qualité seigneur Elianos. Nous pouvons vaincre nombre de leurs troupes avec la stratégie adéquate. » Osa répliquer Selinias.
« Cette même stratégie que vous avez élaboré et qui nous a coûté une dizaine de Saints, vaincus sur nos propres terres par ce renégat de Cioran ?! Cessez donc d’émettre votre avis, nous n’en n’avons cure ! » Hurla Anastasis, enragé par le souvenir de leur défaite aux mains de l’un des leurs.
« Il suffit mon frère » Interrompit Elenos, troisième membre à prendre la parole « Comme nous le disions, nous ne savons si le Garuda a rompu l’armistice. Et nous ne pouvons attendre que lui et son nouvel acolyte unissent leurs forces pour nous envahir. Aussi, nous avons décidé unanimement… »
« … de vous envoyer sur le front. Vous prendrez avec vous nos troupes restantes et ravagerez les terres du Spectre. Il ne s’attendra pas à ce qu’on vienne le défier dans son domaine » Conclu Anastasis.
« Mes seigneurs ! Je partage et comprend votre crainte. Mais si aucune décision en ce sens n’a jamais été prise c’était pour une bonne raison : le domaine d’Eaque est lourdement gardé. Il décimerait nos troupes avant même que nous puissions y pénétrer. Et quand même on le pourrait, il n’est pas dit que j’arriverai jusqu’à lui. De plus, si une alliance a été scellée, il est probable qu’un renforcement des troupes ait eu lieu, rendant toute attaque vaine. En outre qui pourvoira aux défenses du Sanctuaire en cas d’attaques ? » Réfuta le Capricorne, plus qu’alarmé du caractère précipité de cette volonté.
« Le Saint de Persée suffira. Le bouclier de la gorgone figera quiconque tentera de pénétrer nos murs. Nous n’avons rien à craindre. »
« Si nous pouvions vaincre des légions entières avec un seul d’entre nous, ne pensez-vous pas que j’y aurai déjà songé ? Si on voulait être plus efficace, vous l’auriez incorporé à mes troupes. »
« Oseriez-vous remettre en doute notre jugement ? Nous étions les conseillers du Grand Pope, et en cela nous vous sommes supérieurs. Tenez votre rang et vos propos en notre présence ! » Invectiva non pas Anastasis, coutumier du fait, mais Zenobios, membre émérite et héros de guerre.
Conscient de la tournure de la discussion, Selinias préféra ne pas l'envenimer plus qu'elle ne l'était déjà.
« Pardonnez mon outrecuidance mes seigneurs, je me suis laissé gouverner par mes émotions » S’excusa platement le dixième protecteur zodiacal.
« Comme tous ceux de votre espèce. Mais dites-moi, puisque vous semblez douter du bien fondé de notre action, que proposeriez-vous à notre place ? » Questionna Anastasis, un sourire narquois parcourant son visage.
« Je renforcerai les défenses du Sanctuaire en attendant le retour des seigneurs Agathon et Andreia. » Proposa calmement le questionné.
« Le seigneur Agathon s’est engagé dans une mission suicidaire qui, si elle tourne mal, nous mettra dans une situation encore plus précaire avec un nouvel ennemi à combattre. Quant au seigneur Andreia, il lui faudra plusieurs semaines avant de regagner le bercail. Nous ne pouvons patienter aussi longtemps avec un ennemi prêt à frapper. » Précisa le dernier membre situé à la toute droite de la table.
« Vous partirez dans trois jours, le temps de réunir suffisamment de vivres et de préparer vos hommes. »
« Il en sera fait selon vos désirs. Même si je vous assure que vous prenez une mauvaise décision qui affectera la sécurité même des hommes et de la Terre. » Annonça dépité le Capricorne.
« Tout comme son Altesse Skadi en autorisant tous ces barbares à intégrer nos rangs. Voyez où cela nous a mené, voyez les ravages provoqués par le Verseau ! » Asséna Anastasis.
« Et cela est un bien moindre mal comparé à cette sordide mascarade d’autoriser des femelles à revêtir nos Cloths. » Rajouta Zenobios, dégoulinant de bave tel un chien enragé.
« Le Sanctuaire n’est plus ce qu’il était. Les femmes n’avaient pour but que d’enfanter de puissants guerriers, pas de les remplacer. »
« Sachez que si deux hommes pouvaient procréer, nous aurions imposé ceci en règle il y’a des siècles. »
« Vous n’avez pourtant pas attendu pour vous adonner à cette pratique à en croire vos disciples. »
La réplique eut l’effet d’une bombe. Anastasis se jeta hors de sa chaise et se plaça face à son agresseur.
« Sale chienne insolente, nous vous ferons mettre aux fers et exécuter en place publique une fois cette guerre terminée. Votre présence entache l’ordre glorieux des Saints d’Or. Que la Cloth vous ait choisi restera à jamais un mystère. Mais ne comptez pas sur cet artifice pour vous permettre de tels abus. Famille noble ou non, vous êtes et resterez une pestiférée, un humain amputé des attributs virils nécessaires ! Jamais votre père n’aurait toléré un tel sacrilège.» S'égosilla le vieil homme, crachant au visage du Saint d'Or, heureusement protégé par son masque. Ce à quoi ce dernier répondit :
« Mon seigneur, je vous mets en garde, cessez vos insultes immédiatement »
« Ou sinon quoi Sophia ! Esquissez-vous l’idée d’un coup d’Etat ? Votre attitude est une véritable insulte faite à votre illustre famille. Vous et Selinias êtes une déception totale, un déshonneur fait à Athéna. Au moins votre frère a eu la décence de mourir. »
Sans crier gare, une immense épée ravagea la table, lacérant chaque centimètre ; n’en subsista alors qu’un amas de copeaux fumants. Le Capricorne posta ensuite sa lame sous la gorge du conseiller pétrifié.
« La raison qui vous maintient tous en vie ce sont vos connaissances. Alors continuez donc de rédiger vos ouvrages, de sauvegarder notre histoire et nos techniques. Mais jamais plus n’osez-vous hausser le ton avec moi : en tant que l’une des douze, JE vous suis supérieure. Je ne réponds qu’au Grand Pope et à ma déesse. Tous deux étant morts, je ne reçois d’ordre de personne. Vous basez votre stratégie sur une crainte infondée qui causera notre perte. Aussi j’outrepasse vos ordres pathétiques et ne quitterai pas mon temple tant que rien ne confirmera vos suppositions…. »
Exceptés les spasmes et les couinements plaintifs des vieillards, rien ne vint perturber le calme relatif instauré en moins d’une minute. Rien de tel qu'une intimidation pour requérir l'unanimité.
« … Selinias était un grand guerrier et mon cadet. Je ne permettrai pas que vous salissiez son nom encore plus ; réaliser une tombe anonyme étant un affront suffisamment grand. Que vous me forciez à usurper son identité pour éviter une émeute est une concession que je puis accepter de faire. Mais faites à nouveau mention de sa personne ou de mon sexe en des termes négatifs, et Excalibur tranchera vos putains de têtes. »
Ejectant Anastasis au sol, Sophia rengaina son arme. A la sortie du palais, elle leur asséna une dernière phrase, résumant cet entretien :
« Ce fut un plaisir mes seigneurs. »
Et sur un bruit sourd, la colossale porte se referma sur les conseillers tétanisés.
Notes :
- Aède : artiste grec chantant des épopées
- Thrène : lamentation funèbre entonnée lors de funérailles
- Dismas : nom chrétien du compositeur baroque Jan Dismas Zelenka.
- Ololygai : rituel grec pratiqué pendant la Grèce Antique décrit dans le chapitre
- Edomon, Algernon : noms de Saints sur les tombes du Sanctuaire (manga original).
- Monseigneur Everger : Archevêque de Cologne de 985 à 999, remplacé par Monseigneur Héribert
- Odon III : Empereur du Saint Empire Romain Germanique, né en 980 et mort en 1002.
- Impératrice Théophano : Princesse Byzantine, mère d'Oton III.
- Adranos : Dieu du feu sicilien.
- Skadi : Déesse nordique associée à l'hiver.
- Alcméonides : famille noble qui disait descendre de Nélée, fils de Poséidon.
- Skotia : terme grec signifiant Ténèbres
- Gorgos : terme grec signifiant Effrayant
- Eutonos : terme grec signifiant Puissance
- Polemos : terme grec signifiant Guerre
- Nikaos : terme grec signifiant Conquérir
- Hedraios : terme grec signifiant Ferme/Déterminé/Inébranlable
- Nicandre, Selinias, Arrios : noms de martyrs chrétiens
- Agathon : un des fils de Priam, roi de Troie. Et également un poète tragique grec.
- Berossos : prêtre chaldéen et astronome qui a inventé une autre version du cadran solaire
- Philos : un centaure
- Arion : Poète grec sauvé des flots par un dauphin
- Mermeros : fils de Jason et Médée
- Yenisey, Nizhnyaya Tunguska , Kotuy : rivières sibériennes.
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Modifié: 13 juin 2013 à 18:00:23 par Abaddon
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Se déshonore quiconque meurt escorté des espoirs qui l'ont fait vivre - Emil Cioran... en parlant de la licence Saint Seiya
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