Il me semble qu'il y a moyen d'éviter l'évaporation, ou du moins de la réduire fortement, en recouvrant la surface de pleins de petites balles plastiques qui bloquent la lumière. Après tout c'est ce qui se fait sur des lacs alors pourquoi pas des piscines ? Ça doit sans doute garder l'eau fraîche, en plus.
Je ne comprends pas bien ce qu'il faut voir...
C'est ce dont on a parlé justement avec mes sœurs, une d'entre elle avait remarqué qu'il n'avait pas neigé cette année quand elle est montée en vacances à la montagne.
Sacré morceau.
Au cours du XX° siècle des carpes ont été introduites dans des bassins d'eaux usées aux USA afin de contenir la prolifération d'algues. Mais à cause des inondations elles ont fini par se répandre dans plusieurs fleuves américains, dont elles ne sont pas originaires, et y ont supplanté les espèces de poissons locales. Pour empêcher ces carpes invasives de rejoindre les Grands Lacs en passant par un canal servant au transport de marchandises par barges vers les Grands Lacs, une solution radicale fut mise en place. Spoiler (click to show/hide)
Sous le même cagnard, l'Irak suffoque, le Koweït au fraisCourrier internationalLe dérèglement climatique est vécu de manière inégale entre riches et pauvres. Les cas de Bassora, en Irak, et de la capitale du Koweït, à 130 kilomètres de distance, illustre parfaitement cette dystopie "terrifiante" raconte "The Times" dans un long reportage.Une goutte de sueur dans l'oeil fait cligner la paupière de Chama Mustafa, dans sa maison coiffée d'un toit de tôle à Bassora, à quelques centaines de mètres des flots du Chatt-el-Arab. Ses enfants sont assis par terre, luisants de sueur, les cheveux collés par paquets, la bouche ouverte. Il fait 52 °C, et voilà quinze jours que le courant est coupé. La famille est désarmée devant cette fournaise qui s'abat sur elle comme un fer à vapeur sur la ville irakienne.L'eau qui coule du robinet est chaude. Le sol sur lequel ils s'allongent pour se reposer est chaud. Les murs sont chauds, le toit est chaud. Ils ne peuvent pas dormir, hormis quelques heures grappillées çà et là quand l'air daigne fraîchir. S'ils sortent, ils risquent l'insolation. Les enfants ne peuvent pas aller à l'école, où - avec 40 élèves entassés dans la même pièce - il fait encore plus chaud qu'à la maison.À deux heures de route au sud, à Koweït, une autre famille est à table pour dîner. Dehors, il fait la même température qu'à Bassora. Dans le désert, des brumes de chaleur miroitent au-dessus des routes. Mais à l'intérieur, la climatisation est tellement forte qu'un invité frissonnant a dû s'enrouler dans une couverture.Ils sont allés au centre commercial aujourd'hui et se sont dégourdi les jambes dans les avenues vitrées [couvertes]. Le seul moment où ils sont sortis, c'était pour monter dans leur voiture climatisée ou pour en descendre.Une des régions les plus chaudes de la planèteLes deux villes situées au nord du golfe Arabo-Persique ne sont séparées que par 130 kilomètres. C'est une des régions les plus chaudes du globe, posée sur un gisement de pétrole si vaste qu'à Bassora il suinterait jusque dans les rues.Au Koweït, on ne manque pas d'électricité. Les Koweïtiens nagent dans des piscines à 18 °C et, le soir, vont se promener au parc dans la brume rafraîchissante pulvérisée par des rampes au-dessus de leurs têtes. Même les pauvres ont la climatisation dans leur voiture et chez eux.Dans les exploitations agricoles, les animaux boivent de l'eau fraîche. Les élevages de poulets sont climatisés à 22 °C. Les écuries et les centres équestres sont, eux aussi, maintenus au frais.À Bassora, la chaleur harassante ne baisse même pas la nuit, où la température peut rester au-dessus de 40 °C. Les enfants pleurent, les parents fatigués se mettent en colère. Le bétail meurt. Les cours d'eau s'assèchent, l'eau devient verte et nauséabonde.Tel est l'avenir que nous promet le dérèglement climatique : une dystopie terrifiante où les riches survivent, naviguant d'un îlot climatisé à un autre, et où les pauvres tirent la langue dans la fournaise, ou sont contraints de fuir.Il y a dix ans, "le désert était verdoyant"Après une semaine où la température a franchi pour la première fois la barre des 40 °C en Grande-Bretagne, c'est un avenir que beaucoup de gens - habitués à vivre dans des régions naguère fraîches - commencent à toucher du doigt, et à redouter.Pour les habitants de Koweït et de Bassora, cette dystopie n'est pas une idée abstraite mais une réalité qui se fait déjà sentir. On la voit aux palmiers moribonds, à la température de l'eau et au soleil accablant, implacable, qui semble taper chaque année un peu plus fort."Bien sûr, sans la climatisation, ce ne serait pas vivable ici, rit Adel Al-Yahya, avocat koweïtien, assis sur un banc dans un centre commercial climatisé. Ce ne serait pas tenable."Dehors, à Bassora comme à Koweït, la fournaise est partout. Selon le degré d'humidité, on a l'impression d'avoir de la soupe dans la bouche ou du piment dans le gosier. Dans le pire des cas, il faut placer la langue derrière les dents de devant, tant respirer fait mal. Vous avez les yeux qui picotent et qui sèchent.Ça n'a pas toujours été comme ça. Cette partie de la Mésopotamie méridionale, où le Tigre et l'Euphrate se jettent dans le golfe Arabo-Persique, était si fertile que certains chercheurs supposent qu'elle pourrait avoir accueilli le jardin d'Éden de la Bible.Il y a dix ans encore, tous les gens à qui nous parlions dans les deux villes convenaient que les étés étaient tenables. Les enfants pouvaient jouer dehors et les familles pique-niquer au bord de l'eau, à l'ombre des palmiers. En octobre, on enfilait même un pull. À Bassora comme à Koweït, des gens se souviennent de l'époque où le désert était verdoyant. Des plantes y poussaient : des arbustes, des arbres, des palmiers dattiers. Et même des tomates, à l'ombre."C'était verdoyant, ça poussait partout. Et ça maintenait la fraîcheur de l'air", se souvient Chabib Al-Ajmy, la quarantaine, agriculteur et homme d'affaires. Enfant, relate-t-il, il jouait dehors et gardait les moutons sous les arbres.Clim, Pepsi et téléphoneAujourd'hui, son fils de 10 ans passe le plus clair de son temps à l'intérieur, à boire du Pepsi et à jouer sur son téléphone. Le seul autre endroit où il peut aller, c'est la serre climatisée de la famille, où Chabib fait pousser des figues et des bananes et qui, à 30 °C, semblerait presque fraîche.[L'Irak et le Koweït] se situent dans l'une des régions désormais les plus chaudes. En 2016, on a mesuré 54 °C à [la station météo de] Mitribah, à 65 kilomètres de la capitale. Ailleurs dans le monde, il n'y a que dans certaines régions reculées de Californie ou de Tunisie que l'on a relevé des températures plus élevées.En soixante ans, révèle Hassan Al-Dashti, responsable de la climatologie au service de météorologie du Koweït, les températures du pays ont augmenté de 1,8 °C, soit nettement plus que la hausse moyenne à l'échelle mondiale. Et l'amplitude entre les extrêmes, notamment en été, s'est creusée encore plus.Conséquences désastreuses"Ça a des répercussions sur beaucoup de choses, sur l'évaporation, sur le sol, sur l'océan, sur les espèces marines, sur les plantations, sur tout, sur la santé des personnes exposées à ces températures, poursuit Hassan. Les hospitalisations dues à la chaleur se multiplient. Vous n'avez plus la même vie sociale."Au Koweït, mener la même vie que la génération de ses grands-parents - sans électricité, sous des tentes ou dans de petites maisons - serait tout bonnement impossible aujourd'hui avec ces températures.En Irak, beaucoup d'agriculteurs n'essaient même plus de travailler la terre. Des quartiers informels poussent comme des champignons à Bassora, à mesure qu'agriculteurs et villageois se rapprochent de la ville, faisant peser un fardeau supplémentaire sur les infrastructures et accroissant le niveau de pauvreté.D'après les scientifiques, si la hausse des températures en Irak est imputable en partie au dérèglement climatique planétaire, elle est aussi aggravée par la situation sur place, en particulier une piètre gouvernance et des infrastructures défaillantes.Pollution et hausse des températuresLes compagnies pétrolières se sont vu autoriser à étendre leurs activités à leur guise autour de Bassora, empiétant sur les terres agricoles. La pollution et des démêlés au long cours avec la Turquie et l'Iran au sujet de l'approvisionnement en eau ont contribué à saliniser le Chatt-el-Arab, tuant plantes et animaux, et à assécher les marais voisins.Autant de facteurs conjugués qui concourent à la hausse des températures. Avec un approvisionnement digne de ce nom en électricité et en eau potable, la vie serait déjà à peine supportable. Or les pénuries de l'une comme de l'autre se multiplient depuis des années. Les habitants pointent du doigt la corruption qui sévit au sein du gouvernement irakien.Lire aussi Climat. L'Irak impuissant face aux tempêtes de poussière de sable à répétition"Sous Saddam, il y avait un voleur. Aujourd'hui, il y a des voleurs partout", déplore Ahmed Hameed Aziz, 42 ans, dont la maison n'a que quelques heures d'électricité par jour, et jamais suffisamment pour faire tourner un climatiseur.La colère engendrée par la dégradation des services publics a pris corps à plusieurs reprises ces dernières années à Bassora, sous forme de manifestations, dont certaines se sont terminées dans le sang, sous les balles des forces de l'ordre.L'avenir semble bien sombre. Dans son bureau en ville, Falah Hassan Alamiri, militant et chercheur dont la thèse est consacrée à l'approvisionnement en électricité de l'Irak, juge que Bassora sera bientôt inhabitable. "Dans dix ans, ce sera une ville d'usines et de compagnies pétrolières, prédit-il. Les gens n'y vivront plus."
Fuites sur le réseau, gaspillage, modèle agricole : face à la sécheresse, des pistes pour économiser l’eauMartine ValoAlors que les mesures de restriction touchent 93 départements, réflexions et actions se multiplient pour préserver et utiliser plus efficacement la précieuse ressource.La sécheresse qui touche la moitié de l’Europe « semble être la pire depuis cinq cents ans », avance le Centre commun de recherche de la Commission européenne. Pour confirmer cet accablant constat, il faudra attendre la fin de la saison, mais quelques pluies ne suffiront sans doute pas à remplir les rivières ni à rendre leur humidité aux sols avant l’automne.Or, selon ces observations rendues publiques mardi 23 août par l’organisme bruxellois, la France, qui a beaucoup souffert des incendies depuis le début de l’été, figure parmi les pays les plus touchés. Elle a reçu 33 % de précipitations de moins que la moyenne de janvier à juillet et le phénomène concerne tout le territoire métropolitain, ce qui est inédit.Les mesures de restriction d’eau touchent actuellement 93 départements, dont 78 sont « en crise », le niveau le plus élevé sur l’échelle des alertes sécheresse. A ce stade-là, il est interdit d’arroser potagers, espaces publics et golfs privés, de laver à grande eau sa voiture, sa terrasse, de remplir sa piscine, d’alimenter mares et fontaines, d’irriguer les cultures… à moins de bénéficier d’une dérogation sur décision préfectorale.Dès le printemps, des élus locaux, anticipant les difficultés de l’été, avaient réservé des camions-citernes et commandé quantité de bouteilles d’eau minérale. A l’heure actuelle, 117 communes – souvent des villages – sont privées d’eau potable et des « quantités d’autres » suscitent des inquiétudes pour les semaines à venir, a indiqué Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, lors d’un déplacement dans l’Aude le 23 août. Répondant à BFM-TV, il a mis en avant la question des fuites dans les réseaux. Le taux de perte est en effet de 20 % en moyenne en France, autrement dit 1 litre sur 5 n’atteint pas son but, soit 937 millions de mètres cubes par an.Usages inadaptésSelon l’Observatoire des services publics de l’eau et de l’assainissement, toutes les autorités locales n’ont pas une connaissance fine de leur patrimoine, qui peut dater des années 1950. Viser un rendement de 100 % serait néanmoins illusoire dans les 895 000 kilomètres de canalisations d’eau potable, et les 423 000 kilomètres de canalisations pour l’assainissement, scrutés par des drones flottants ou volants, des détecteurs acoustiques et des outils d’intelligence artificielle.Au demeurant, les performances françaises tiennent la comparaison avec celles des pays voisins. Elles sont variables selon les territoires, meilleures dans les grandes agglomérations, où elles peuvent atteindre plus de 90 %, comme à Paris, que dans les zones rurales, qui peinent à financer la réhabilitation de leurs infrastructures. Les taux de fuite grimpent aux alentours de 50 % dans les Antilles, à La Réunion, entre 50 % et 70 % dans les Alpes-de-Haute-Provence, la Meuse, le Cantal.Or, la problématique hydrique ne se résume pas à ces questions de tuyaux. La sécheresse survient avec la chaleur et le manque de précipitations, mais résulte aussi d’usages inadaptés. En France, l’industrie consomme en moyenne 34 % du total, l’agriculture 45 % – mais 80 % en plein été –, les particuliers 21 % – leur part reste globalement stable alors que la population augmente. Les mesures de restriction décrétées dans l’urgence ne suffisent pas : faire face aux risques de pénuries implique d’inventer une nouvelle sobriété, de réduire les gaspillages mais aussi de lutter contre les contaminations qui rendent la ressource indisponible. A cause de pollutions – nitrates et pesticides surtout –, il a fallu fermer définitivement 4 300 captages d’eau potable en France depuis 1980.« Plutôt qu’économiser l’eau, il faut considérer son efficience : il faut que chaque goutte soit efficace désormais », estime Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Cet établissement public veille sur un très vaste bassin hydrographique – il couvre la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie –, où la situation s’annonce tendue au moins jusqu’en septembre-octobre. Or l’alimentation de 60 % de la population y dépend pour moitié des cours d’eau.« Actuellement, 38 % des 120 000 kilomètres de nos rivières sont en difficulté ou bien à sec. C’est du jamais-vu, témoigne M. Choisy. Cela nous rend vulnérables au ralentissement des débits dans les vallées isolées, nous sommes donc amenés à approvisionner des stations d’eau potable en camion. En parallèle, nous avons consacré 80 millions d’euros pour réaliser des interconnexions de réseaux dans le Cantal, ainsi que sur les plateaux du Lot et de l’Aveyron à la suite de la sécheresse de 2019. » Selon le directeur général, en dix ans, le bassin Adour-Garonne a nettement réduit sa consommation : « Avec 1 million d’habitants supplémentaires, soit 15 % en plus, nous sommes passés de 700 000 millions de mètres cubes par an à 688 000 millions. »« Actions de résilience »Lors du conseil des ministres du mercredi 24 août, le gouvernement a rappelé qu’en avril, alors que la sécheresse s’annonçait, il a autorisé les six Agences de l’eau à engager 100 millions d’euros supplémentaires – sur un budget annuel d’environ 2,5 milliards –, « pour financer des actions de résilience ».Ce sont ces établissements qui sont chargés de la gestion et de la préservation de la ressource hydrique et des milieux aquatiques. Des gros chantiers pour créer des bassins de rétention de pluie ou des stockages pour les cultures – les bassines, une option très controversée –, aux chasses d’eau plus économes dans les écoles, des subventions pour des circuits fermés dans l’industrie aux réparations des canaux d’irrigation dans l’agriculture : on compte beaucoup sur elles. D’autant que l’évolution du climat impose d’imaginer des solutions nouvelles.Avec le feu vert ministériel du 24 août, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, par exemple, a ajouté 22 millions d’euros à son programme de dépenses. Elle qui annonçait en juin vouloir parvenir à des économies de 30 millions de mètres cubes par an a notamment décidé d’aider deux communautés de communes du Doubs à moderniser leurs réseaux de distribution. Elle a aussi choisi d’apporter le tiers des financements nécessaires pour permettre à deux importants groupements de producteurs du Vaucluse de changer de systèmes d’irrigation, en particulier pour le goutte-à-goutte, moins gourmand. Résultats : les volumes épargnés par l’Association syndicale du canal de Carpentras sont évalués à 113 600 mètres cubes par an, ceux du canal de Cabedan-neuf à 80 000 mètres cubes.Dans un registre moins classique, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse subventionne aussi la « désimperméabilisation » d’une surface de 130 hectares dans l’agglomération du Grand Lyon. Car éviter que les précipitations ne ruissellent brutalement sur le bitume permet, d’une part, de désengorger les réseaux d’assainissement – donc de lutter contre la pollution – et, d’autre part, de laisser la pluie s’infiltrer, contribuant ainsi à la recharge des nappes souterraines.Au total, l’agence déclare avoir attribué 67 millions d’euros d’aides à 353 projets depuis 2019, qui ont permis de générer 62 millions de mètres cubes de nouvelles économies d’eau. Ce bilan correspond à une réduction de 10,2 millions de mètres cubes grâce à une meilleure gestion de la ressource qui fournit l’eau potable, 5,7 millions gagnés du côté de process industriels et… 46 millions en modernisant les dispositifs d’irrigation agricoles.Réduire la consommation agricoleDans ce secteur-là, la marge de manœuvre apparaît encore importante. Aujourd’hui, l’usager paie 86 % de la redevance qui finance les actions en faveur de la préservation de la ressource : elle lui est facturée, selon les régions, deux à huit fois plus cher qu’à l’usager agricole. Voilà qui n’encourage pas les économies d’eau.Les Agences de l’eau multiplient donc les initiatives et les appels à projets en direction des agriculteurs : puiser et asperger sans compter devrait devenir de plus en plus difficile dans le contexte de restrictions générales.La chaire partenariale Eau, agriculture et changement climatique, montée à Montpellier par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), avec d’autres acteurs publics et privés, se penche notamment sur la problématique des eaux usées, auxquelles on a recours pour l’arrosage. « Il s’agit d’une piste intéressante, mais pas du gisement que certains espèrent, car elle est de portée limitée, estime Sami Bouarfa, chef adjoint du département Aqua à l’Inrae. Les stations d’épuration qui les produisent ont en effet déjà pour fonction de recharger les cours d’eau à l’étiage. Le recours aux eaux usées est envisageable pour l’agriculture périurbaine, mais ce serait trop coûteux de les transférer vers des parcelles rurales éloignées. »Selon le chercheur, des matériels d’irrigation plus performants, des capteurs pour mesurer les taux d’humidité dans les sols et d’autres technologies permettraient de réduire de 20 % à 30 % la consommation agricole. Une autre solution a trait à l’adaptation des cultures, comme troquer le maïs pour le sorgho, qui n’a pas besoin d’être arrosé au moment où toute la nature a soif, par exemple.Sami Bouarfa souligne enfin le rôle essentiel que peut jouer l’agroforesterie – ne pas laisser les sols à nu, leur fournir de l’ombre, les couper du vent par des haies, etc. – dans cette bataille pour économiser l’eau.
En Italie, la vétusté des canalisations responsable d'un gaspillage d'eau permanentPar Olivier Bonnel (Rome, correspondance)En mars, les écoles étaient restées fermées dans une vingtaine de communes de la province de Chieti, dans les Abruzzes (centre), la distribution d'eau ayant été interrompue en raison de travaux de réparation sur des canalisations. Une semaine plus tard, elle n'était plus disponible que par intermittence dans les foyers de la région. « J'ai cessé de publier les avis de coupure d'eau sur mon profil Facebook, car les gens m'ont répondu qu'il y avait de toute façon des interruptions toutes les nuits », confiait alors, dépité, Filippo Paolini, le maire de Lanciano, l'une des communes touchées. Cet épisode est révélateur du gaspillage d'eau en Italie, un mal qui n'est pas nouveau mais qui resurgit avec acuité alors que la Péninsule est frappée par une vague de sécheresse historique.« L'Italie est un pays qui a fait de l'eau un triste exemple de son incapacité à gérer intelligemment un bien crucial pour notre survie et notre bien-être », fustige l'organisation World Wide Fund for Nature (WWF), qui a, ces dernières semaines, tiré plusieurs fois la sonnette d'alarme face à la déperdition de l'eau. « Les Italiens consomment, mais il vaudrait peut-être mieux dire “gaspillent”, plus d'eau que tous les Européens, poursuit l'ONG, avec une consommation individuelle quotidienne moyenne d'environ 220 litres d'eau. »Selon les données de l'Institut national des statistiques italien, plus de 40 % de l'eau qui coule dans les canalisations italiennes se perd en cours d'acheminement. Dans un tiers des principales villes du pays, le taux de dispersion dépasse même les 45 %. La province de Chieti détient le triste record national avec 70 % de perte. Parmi les régions les plus touchées figurent également la Sicile ou la Basilicate (Italie méridionale).Course contre la montreLe principal problème réside avant tout dans la vétusté des installations : 60 % du réseau de canalisation italien a plus de trente ans, et 25 % de ces tuyaux ont été posés il y a plus de cinquante ans. La presse locale chronique régulièrement les ruptures de canalisations, transformant certaines rues en rivières, comme tout récemment encore à deux pas de la basilique Saint-Pierre, à Rome, où les poubelles ont été emportées par les eaux, sous les yeux médusés des touristes.Le chantier de mise aux normes s'avère titanesque, l'Italie possédant un réseau de plus de 500 000 kilomètres de canalisations, mais le gouvernement, fort de ses investissements, a pour ambition de réduire les pertes d'eau de 15 % d'ici à 2026. Le plan national de relance et de résilience (PNRR), qui fixe les objectifs jusqu'à cette date, prévoit une ligne budgétaire de près de 4 milliards d'euros pour protéger les ressources hydriques, dont 900 millions pour la maintenance des infrastructures.Dans la course contre la montre engagée pour lutter contre le gaspillage, Rome mise surtout sur les nouvelles technologies. Ainsi, de nombreuses entreprises de la Péninsule se sont lancées récemment dans des solutions innovantes. Créée début 2020 et spécialisée dans l'intelligence artificielle, la start-up Sensoworks a développé un système de capteurs sonores. Le jeu des vibrations, analysé par un algorithme, permet de localiser des fuites ou de futures ruptures de canalisations, sans avoir à creuser le sol. Un gain de temps précieux qui doit permettre de mieux organiser la maintenance des réseaux en ciblant prioritairement les structures les plus vétustes.Sensoworks travaille déjà dans le Latium (centre) et en Campanie (sud-ouest). « Il y a beaucoup de potentiel en raison des ressources du PNRR qui doivent être allouées au contrôle et à l'optimisation de l'utilisation des ressources en eau », se félicite Niccolo De Carlo, fondateur de la start-up, qui a signé trois autres contrats dans la Péninsule.Territoire au relief accidentéDans la province de Brescia (Lombardie, nord), une autre entreprise, PipeCare, s'est lancée sur le même créneau. En plus de « la surveillance virtuelle » des fuites et de la traque à distance des signes de corrosion des canalisations, elle propose un système pour colmater les fuites en injectant une résine organique révolutionnaire, qui « épouse la forme des tuyaux » sans être obligée de creuser des tranchées. PipeCare assure des réparations en deux semaines, là où un chantier classique peut durer plusieurs mois. Cet automne, ses interventions à Brescia, en association avec le fournisseur local d'énergie A2A, ont permis de réduire de près de 10 % les pertes d'eau, selon la municipalité.Dans la plupart des régions, comme en Campanie, des équipes ont été mises sur pied pour surveiller les baisses de pression d'eau dans les sous-sols. Mais la tâche est ardue dans un territoire au relief aussi accidenté et où certaines communes restent isolées. Le temps presse pourtant pour remporter cette bataille contre la dispersion hydrique. Triste constat dans un pays où, il y a plus de vingt siècles, le génie de l'Empire romain inventa les aqueducs.